
Mgr Jean-Luc Hudsyn a présidé la célébration du mercredi des Cendres au monastère des Bénédictines à Rixensart. Voici son homélie.
« Revenez à moi ! » Nous l’avons entendu dans la 1ère lecture, en ce début de carême, c’est Dieu qui nous prie : « revenez à moi » et il ajoute « car je suis tendre et miséricordieux, je suis plein d’amour ».
Dans cette marche de 40 jours que nous entreprenons ensemble, voilà le cap : nous rediriger de tout notre être vers ce Dieu qui est tendre, miséricordieux, plein d’amour, qui nous espère, qui nous attend. Le but, c’est ce buisson ardent, chaleureux de l’amour de Dieu, qui brûle de nous voir revenir non seulement vers lui, mais en lui, par lui et avec lui, nous voir revenir vers nous-mêmes, et vers nos frères et sœurs.
Le pape fait remarquer dans sa lettre de carême que, dans sa description de l’enfer, Dante imagine le diable assis sur un trône… mais c’est un trône de glace ! Il habite dans le froid, dans la froidure mordante qui règne quand l’amour s’éteint, quand son feu n’est plus que cendre…
Nous allons poser durant cette célébration, deux gestes, deux démarches bien significatives et qui se répondent.
Nous allons d’abord humblement recevoir les cendres : signes de notre relation à Dieu et de notre charité qui parfois se refroidissent. Parfois le feu de cette charité en nous n’est plus que braise qui couve sous la cendre parce que trop d’autres avidités étouffent ce buisson ardent en nous.
Nous allons recevoir les cendres, signe de nos faiblesses. De tout ce qui mériterait d’être converti pour que se rallume en nous cette ressemblance avec Dieu qui est ce à quoi nous sommes appelés, ce qui nous rend humain et divin à la fois ! Rallumer en nous cette tendresse, cette miséricorde, ce trop-plein d’amour dont nous sommes aimés et avec lesquels nous sommes appelés à réchauffer nos proches, nos communautés et ce monde.
Puis nous allons poser un deuxième geste : nous allons venir communier ! Pour trouver en Christ la force d’être « ses ambassadeurs » comme dit Paul. Ambassadeurs de ce feu de Pâques en nous qui se fait communion avec les autres, solidarité avec les pauvres, tous ceux qui sont en manque de paix, de justice, de considération.
Un livre vient de paraître intitulé : Éthique de la considération. J’entendais l’auteure (Corinne Pelluchon) expliquer ce qu’elle mettait derrière ce mot. ‘Considérer’ vient du mot latin : con-siderare où intervient le mot sidus : « astre » – avoir de la considération pour quelqu’un, c’est le voir comme on regarde un astre, une étoile. Elle disait que regarder une étoile, cela demande du temps. Il faut s’y préparer : on attend le soir, on va dans un lieu propice, on doit chercher où se situe cette étoile, régler son télescope avec justesse. Il faut y mettre du soin. C’est pourquoi être astronome (même amateur) relève d’une certaine passion…
Pas de considération pour l’autre sans avoir pour lui de l’attention, sans être passionné de qui il est !…
Nous sommes partis pour, durant 40 jours, prier, partager, jeûner de l’inessentiel pour donner plus de considération à Dieu, à nos proches, aux peuples qui en ont tant besoin, à nos communautés d’appartenance… et aussi à nous-mêmes. Pour donner de la considération à ce que nous sommes vraiment : tous appelés à être brûlants de Pâques.