Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

Église catholique en Brabant wallon

 

Exauçons les vœux que Dieu nous fait…

Homélie de Mgr Jean-Luc Hudsyn pour le 1er janvier 2022
Basilique de Basse-Wavre

Comment demander au Seigneur que cette année soit bonne ?

Et si nous lui demandions ce que dit cette prière du livre des Nombres : Seigneur, fais briller sur nous ton visage. Mais quelle est cette lumière qui rayonne sur le visage de Dieu ?

C’est celle que nous pouvons contempler sur le visage du Christ : ce visage que décrivent à longueur de pages les Evangiles. J’ai été revoir le Musée des Beaux-Arts à Bruxelles et je vois combien ce visage du Christ a inspiré tant de peintres. L’enfant de la crèche souriant aux bergers comme il sourira plus tard aux humbles et aux petits qui s’avanceront vers lui. Le Christ au regard attentionné envers les souffrants, penché sur les malades. Le Christ accueillant, appelant, pardonnant. Le Christ joyeux de retrouver la brebis égarée… autant de visages de Dieu, autant de manières dont le Seigneur fait luire sur nous son visage. Avec cet amour qui ne se lasse de nous reprendre par la main, il recommence sans cesse à faire pour nous toutes choses nouvelles. Non pas de façon magique, mais en venant nous changer de l’intérieur, comme la chaleur du soleil vient pénétrer la terre et fait germer les semences de vie qui parfois sommeillent en nous.

Pour que cette année nous la vivions avec bonheur, laissons au Seigneur la possibilité de pénétrer en nos cœurs. Tournons, nous aussi, notre écoute intérieure vers sa Parole, laissons-nous toucher par elle, laissons sa lumière éclairer ce qui doit l’être en nous pour que change un peu plus notre façon de voir, d’entendre, de décider en résonnance avec ce que Dieu désire que nous soyons, avec ce que Dieu désire que nous fassions. Faire comme Marie qui retenait tout ce qu’elle vivait et prenait le temps de méditer cela dans son cœur.

Que le Seigneur t’apporte la paix, dit aussi cette prière, la paix qui vient de se savoir ainsi regardé par Dieu : aimés jusque dans nos doutes sur nous-mêmes, jusque dans nos inconséquences et nos manques de foi, d’espérance et de charité.

Pour que cette année soit bonne et heureuse pour nous et pour tous ceux qui nous entourent, soyons des artisans de paix. Répandons cette paix reçue du Seigneur – une paix qu’on garderait pour soi, dans le repli sur nous, une paix qui nous vient nous donner de l’énergie, qui nous pousse à commencer cette nouvelle année avec courage, avec espérance même si, et pour la seconde fois, nous vivons un Jour de l’an qui nous laisse incertains face à cette pandémie.

On voit bien autour de nous une lassitude bien compréhensible. Les discours et les mesures contradictoires fatiguent. Les esprits s’échauffent pour un rien. Ce n’est pas pour rien qu’on relevait les sujets dont il valait mieux ne pas parler au réveillon ! … Plus que jamais, même si on n’est pas d’accord en toute chose, veillons à mettre de la paix : dans nos familles, dans nos relations, dans nos milieux de vie et de travail. L’important c’est de faire face ensemble. En faisant la paix entre nous.

Le pape fait remarquer que la paix est à la fois un chantier complexe, qui se joue dans les rapports sociaux, culturels, politiques où il n’y a pas de paix sans justice, sans une juste répartition des biens et des ressources. Comme il dit c’est un travail d’architecture. Mais la paix, dit-il, c’est en même temps un travail d’artisanat, à la portée de chacun, qui se vit dans la vie de tous les jours. L’outil précieux de cet artisanat est sans doute la pratique du dialogue : se parler, s’écouter, partager, chercher à s’enrichir du point de vue de l’autre : en couple, entre générations, entre voisins et collègues, en Eglise… avec cet objectif que nous donne le pape : être une Eglise – comme on dit – plus synodale, où on fait route ensemble, comme les disciples d’Emmaüs qui débattent ensemble en reconnaissant que dans ces dialogues, le Seigneur est là au milieu de nous, et, ensemble, l’écouter lui aussi. Oui ! Que le Seigneur fasse de nous des artisans de paix.

Enfin S. Paul nous rappelle que reconnaitre Dieu comme un Père très aimant, c’est ne pas oublier ce que nous a dit notre baptême : que nous sommes les fils et les filles de Dieu. Non pas des esclaves qui auraient peur de lui, mais des fils et des filles sûrs de l’amour de ce Père. Dynamisés par sa confiance ; qui nous invite à vivre notre vie dans la créativité, dans l’assurance que, même si nous faisons des erreurs, rien n’est jamais perdu avec un tel Père.

En même temps, c’est reconnaître que ce Père nous confie les uns aux autres comme des frères et des sœurs. Donnons donc à cette année une tonalité de fraternité : dans nos paroisses, dans nos lieux de vie, dans une solidarité et une hospitalité ouvertes à tous.

Tous frères et sœurs. Tous artisans de paix. Tous désireux de laisser le visage de Dieu briller en nous. Et exaucer ainsi les vœux que Dieu nous fait !

+ Jean-Luc Hudsyn


Illustration : Pixabay