Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

Église catholique en Brabant wallon

 

Devenir des vivants qui vivent pour Dieu en Jésus-Christ

Veillée pascale et baptême – Eglise S. Jean-Baptiste à Wavre

3 avril 2021

Sœurs et frères,

Ne sommes-nous pas un peu ce soir dans le même état d’esprit que ces femmes dont nous parle cet Evangile : Marie-Madeleine, Marie et Salomé. Pour ceux qui sont dans cette église – nous aussi, nous avons quitté nos maisons. Peut-être y avait-il dans nos cœurs – et c’est vrai aussi pour vous qui êtes chez vous – quelque chose de ce que vivaient ces femmes : questionnements, inquiétudes, surtout en ces temps si particuliers. Comme autant de pierres bloquant le passage à la joie, à la paix du cœur ? Quelle espérance possible face à un horizon si incertain ?

En arrivant ici, une flamme brillait au milieu de la nef. Telle ce messager vêtu de lumière, elle était pour nous aussi messagère du Christ Ressuscité !

Quelle bonne nouvelle ! Le voilà donc au milieu de nous, éclairant nos obscurités. Il vient rouler la pierre de nos confinements intérieurs. Il vient dégager l’entrée de notre cœur. Alors, nous avons suivi cette flamme. Elle s’est répandue parmi nous, illuminant nos visages. Un moment si beau. Plein de sens.

Nous avons chanté notre joie : « Nous te louons Jésus-Christ, splendeur du Père ! »

Puis, ouvrant le livre des Ecritures, nous en avons écouté des pages qui sont aux racines de notre foi.

Ce récit du passage de la Mer Rouge. Un Dieu qui entend les cris de son peuple – Beaucoup sont dans l’épreuve aujourd’hui. Le Seigneur nous redit qu’il nous entend. S’il nous envoie le Christ, c’est pour nous ouvrir des passages, pour traverser nos épreuves. Il nous appelle à être comme Moïse, des artisans de délivrance, ouvrir des chemins vers une vie plus fraternelle, plus solidaire, plus croyante aussi.

Plus que jamais, nos cœurs sont en quête de vérité et de sens. Isaïe nous a invités à ne pas courir derrière ce qui ne rassasie pas. En nous envoyant le Christ, en le ressuscitant, Dieu vient combler nos soifs les plus profondes : celle d’être aimés, pardonnés, relevés. Ne courrons plus vers ce qui ne comble pas vraiment. Et Ezéchiel ajoutait : laisse-toi sans cesse replonger dans l’eau pure de mon amour pour toi. Laisse mon Esprit mettre en toi un cœur de chair.

Aussi S. Paul nous a parlé alors de notre baptême. « Être baptisé » en grec cela veut dire « être plongé ». Être baptisé c’est être plongé dans l’amour de ce Dieu dont toute l’Ecriture nous parle.

C’est ce qui va arriver à G. qui va être baptisé ce soir. Son chemin a mystérieusement croisé celui du Christ ressuscité. Il a été progressivement attiré par Lui et ce soir il le choisit ou plutôt, il se laisse choisir par lui. Merci G. car ton choix ravive notre baptême à chacun. Ce soir, le Seigneur nous relance à tous son appel : il nous redit son grand désir de faire de chacun de nous un disciple – et plus encore : un ami !

Si G. a pu avancer sur le chemin du baptême, c’est parce que sur sa route, comme les femmes au tombeau, il a rencontré des messagers de Dieu. Être baptisé, et puis confirmé, c’est devenir nous aussi des messagers de résurrection.

Même si c’est toujours au creux de nos faiblesses, nous voilà appelés à nous soutenir les uns pour les autres pour nous aider à devenir de plus en plus des croyants ; devenir – comme disait S. Paul – des « vivants qui vivent pour Dieu en Jésus-Christ ». Mais aussi nous soutenir être tous des disciples en mission, contagieux du Christ là où la vie nous envoie. Ce messager qui attend les femmes au tombeau : s’empresse de les faire sortir de là puisqu’il leur dit : « Il vous précède en Galilée, et c’est là que vous le verrez ». La Galilée c’était la terre natale des apôtres. C’est là qu’ils avaient leur famille, c’est là qu’ils avaient leur vie de quartier, c’est là qu’ils avaient leur métier. C’est là que le Christ ressuscité les attend, c’est là qu’ils pourront le rencontrer : dans le quotidien, la vie de tous les jours.

C’est là qu’il nous attend nous aussi : c’est là que nous pourrons le voir à l’œuvre en nous, et autour de nous si nous avons le regard suffisamment aiguisé pour reconnaitre sa résurrection en train de travailler les cœurs. Quand des cœurs se laissent toucher par la question de Dieu ; quand des cœurs se laissent rejoindre par l’Evangile ; quand des cœurs s’engagent pour un monde plus fraternel, plus solidaire, plus respectueux de la terre, notre maison commune.

Croire en la résurrection, c’est croire que si Dieu est amour, il ne pouvait pas abandonner le Christ, et qu’il ne nous abandonnera pas non plus. Croire en la résurrection, c’est croire que le Christ nous prend par la main, pour ne pas abandonner : n’abandonner ni Dieu, ni son Eglise. N’abandonner ni nos frères, ni la création. Et être ainsi des baptisés heureux de l’être, heureux de tout vivre par Lui, avec Lui et en Lui.

Joyeuses Pâques à tous !

+ Jean-Luc Hudsyn


Illustration : © Ph. Staudt