Éditorial du père Joseph Burgraff, pour le numéro de septembre 2022 de Joyeux dans l’Espérance, la revue trimestrielle de la communauté des pères spiritains installée au Mémorial Kongolo, à Gentinnes (UP de Chastre)

Pèlerins de l’Espérance

Le pape François a lancé, il y a un an déjà, un « processus synodal ». De quoi s’agit-il ? Est-ce que cela nous touche ?

C’est le pape Paul VI qui, à la fin du Concile, a remis en honneur les synodes, « le synode des évêques » qui se tient toujours sur un thème bien précis, à Rome, rassemblant des évêques du monde entier. Le nouveau Synode annoncé cumule pas mal de nouveautés.

D’abord, et pour la première fois, le synode implique directement tout le peuple de Dieu et pas seulement les évêques :  tous les baptisés, hommes et femmes, toutes les Églises dans le monde. Le synode devient un processus auquel nous pouvons, nous devons participer. Son projet est vaste, décrit en trois termes par le pape François : communion, participation et mission. Voilà le projet qui nous est confié.

Rien moins que ceci : questionner les Eglises du monde entier sur leur façon de faire Eglise. Avec le rêve d’une Eglise ouverte, accueillante, humble, fraternelle, joyeuse et miséricordieuse. Une Eglise qui rayonne l’Evangile dont elle se nourrit. Une Eglise qui découvre que c’est l’amitié qui évangélise (Charles de Foucauld).

Le synode s’étend sur trois années et à trois niveaux successifs (local ; continental ; et mondial) et nous questionne sur notre façon de vivre ensemble, sur nos priorités, sur la qualité et la pertinence de notre mission. On ne peut plus réfléchir à l’avenir de l’Eglise sans tenir compte de cela. Ainsi on en a parlé lors du dernier chapitre Général des spiritains, notre supérieur général développe ce thème pour l’ensemble de la congrégation, en citant un texte du Père Libermann, un texte qui a plus de 150 ans mais n’a pas pris une ride : vouloir se cramponner au vieux temps, et rester dans les habitudes et l’esprit  qui régnaient alors, c’est rendre nos efforts nuls, et l’ennemi se fortifiera dans l’ordre nouveau. Embrassons donc avec franchise et simplicité l’ordre nouveau et apportons-y l’esprit du saint Evangile, nous sanctifierons le monde et le monde s’attachera à nous ».

L’ordre nouveau est souvent conjugué aujourd’hui par le pape François : la Joie de l’Evangile, le respect de la création, le dialogue avec les autres religions, l’établissement d’une fraternité universelle.

Nous avons repris tous ces paramètres lors de notre récent chapitre provincial (fin juin 2022). Mais il ne suffit pas d’écrire de beaux textes… Sans une longue période de réflexion personnelle et de discussions communautaires, tout le travail d’un chapitre risque de rester lettre morte. La maison de Gentinnes, elle aussi, évalue son positionnement, et ses petits moyens.  Notre avenir est lié à celui de l’Unité Pastorale de Chastre, au Vicariat du Brabant Wallon, et aux Martyrs de Kongolo.

Nous sommes des Pèlerins de l’Espérance, faisant l’expérience de nos fragilités et du « lâcher prise ». Notre force, c’est de savoir que le Seigneur fait route avec nous, que notre projet, c’est le sien… Il marche avec nous, jour après jour. Et il nous donne tant d’amis et de bienfaiteurs qui portent le projet avec nous. C’est un partage de pauvres qui donnent le peu qu’ils ont. « Et tout le monde fut rassasié », nous dit l’Evangile.

Père Joseph BURGRAFF

Pour lire ce numéro de septembre 2022, cliquez ici