Le 24 septembre dernier, c’était la journée mondiale du migrant et du réfugié. A Louvain-la-Neuve, à la suite de l’ouverture du Café-Monde, Anne-Catherine de Nève est venue témoigner à plusieurs messes. Régine, de la paroisse de Blocry, nous partage son témoignage.
Le témoignage d’Anne-Catherine
« Pendant la messe, Anne-Catherine a plongé l’assistance dans la réalité des migrants qui arrivent en Belgique en racontant l’histoire d’Aïssa reprise ci-dessous, » relate Régine.
« Elle a expliqué ensuite la peur de l’autre, et ce que l’on peut gagner en s’en affranchissant : plus de joie, de dignité et d’amitié.
Anne-Catherine nous a aussi partagé le sentiment d’impuissance qu’elle ressent chaque jour, et sa colère devant l’illégalité dans laquelle s’enfonce de plus en plus notre état de droit. Elle a salué les personnes qui accueillent, hébergent, nourrissent les migrants de passage. »
« À la fin de la célébration elle nous a parlé brièvement du fonctionnement du Café monde avec des migrants à la cuisine et des migrants et des autochtones pour papoter manger ou boire un thé. Un bel espace de rencontre dont elle rêvait depuis longtemps. »
Qu’est-ce que le Café-Monde
Le Café Monde est une toute jeune initiative à Louvain-la-Neuve. Il a ouvert en mode pilote tout récemment et s’ouvre au grand public le 15 octobre 2023 à Louvain-la-Neuve. Ce café a pour but de créer du lien entre migrants et les habitants de la ville universitaire.
Vous pouvez en savoir plus sur ce projet dans notre podcast.
La rencontre d’Aïssa et Anne-Catherine
« Elle est belle sous son châle marron. Le dos droit, le visage comme lissé par le chagrin qu’on ne veut pas montrer par peur d’importuner.
Elle arrive au Le Café Monde – by BELRefugees en plein coup de feu alors que je réponds aux mille questions de l’équipe occupée à cuisiner un deuxième service à la hâte pour faire face à la trop belle affluence.
Fatiguée, concentrée sur ces mille questions et les mille autres qui m’assaillent quand je vais me coucher, je n’ai pas la tête à la recevoir et à écouter l’appel à l’aide que je la sais d’instinct venir m’adresser.
Je la vois rentrer, je me détourne rapidement pour ne pas croiser son regard mais Abdu le benjamin de l’équipe qui l’a vue aussi, la salue et la dirige vers moi.
On s’assied. Elle me raconte à petits mots concis sa fuite du Niger, où elle occupe des fonctions publiques. Elle est arrivée hier et a été accueillie par une connaissance.
Elle n’a besoin de rien pour elle, elle cherche de l’aide pour sa sœur, son neveu et sa nièce qui arrivent en Belgique et qui n’ont nulle part où aller.
Je l’interromps. Je lui dis que tout est difficile en Belgique. Que je n’ai pas de solution. Que des centaines de personnes sont dans la même situation. Qu’elles dorment dehors. Même avec des enfants. Que je suis désolée.
En réalité, Je n’ai pas envie de l’écouter. Je suis fatiguée. Épuisée d’écouter ces appels à l’aide. De chercher des solutions. De ne pas en trouver. Tout en lui parlant, je cherche dans ma tête comment mettre fin à la discussion. Comment m’endormir ce soir en sachant que je n’ai pas été capable de l’écouter.
C’est ce moment qu’ Abdu choisit pour nous apporter une tasse de thé et un morceau de basbossa. Nous le mangeons en silence, elle et moi, assises sur ce canapé. Je lui demande son nom. Aïssa. On échange un regard au-dessus de nos basbossa.
Aïssa et Anne Catherine, deux femmes, assises côte à côte sur un canapé.
Je la vois.
Je la prends dans mes bras. Et c’est à petit coups de sanglots étouffés dans le creux de mon épaule qu’elle me dit le plus terrible, le plus dur, ce qu’elle cachait derrière son visage si lisse qu’il en avait l’air serein.
Abdu, qui nous veillait de loin du haut de ses 17 printemps, me tend une serviette en papier.
Les sanglots s’apaisent. On se redresse. On boit une gorgée de thé. Aïssa et Anne Catherine, deux femmes, deux mères, assises côte à côte sur un canapé.
Une claque, encore. »
Et dans d’autres UP
Plusieurs unités pastorales ont mis en exergue la Journée mondiale du migrant et du réfugié.
Dans l’UP de Walhain par exemple, toutes les paroisses étaient invitées à rendre cette journée présente via un mot d’accueil, un feuillet pour les paroissiens reprenant le message du pape et sa prière et grâce à des intentions en relation avec le sujet.
Une manière de faire unité et d’être tous et toutes en communion de prière pour les migrant·e·s et les réfugié·e·s qui sont accueillis activement et volontiers dans l’UP.
Pour aller plus loin
- Le service des Solidarités du Vicariat du Brabant wallon
- À propos de la 109ème journée mondiale du migrant et du réfugié
- La page facebook du Café-Monde