Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

Église catholique en Brabant wallon

 

Articuler liturgie et synodalité : un chemin essentiel à prendre

Le mardi 15 novembre dernier, le vicariat du Brabant wallon a vécu sa journée de formation. En présence de Mgr Jean-Luc Hudsyn, évêque auxiliaire pour le Brabant wallon, prêtres, diacres, animateurs pastoraux ont planché sur la liturgie comme lieu de synodalité et de mise en œuvre d’une vraie spiritualité. Avec les deux conférenciers de la matinée, Patrick Willocq et Gilles Drouin, les ateliers proposés l’après-midi, la journée a tenu toutes ses promesses.

Intervenant en premier, l’abbé Patrick Willocq a proposé un aperçu étymologique des mots « synode » et « liturgie » qui a débouché sur une compréhension de la liturgie comme œuvre ou action d’un peuple qui est à la fois acteur et récepteur dans sa relation avec le Seigneur. C’est là une affirmation formulée par Vatican II dans sa Constitution sur la liturgie : « … la liturgie est considérée comme l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus-Christ (…) dans lequel le culte est exercé par le Corps mystique de Jésus-Christ, c’est-à-dire par le Chef et par ses membres… » (Sacrosanctum Concilium, 2). C’est dans cette même perspective que le conférencier a situé le mot synode qui signifie fondamentalement faire route ensemble et qui renvoie à l’Eglise qui chemine avec le Seigneur.

Un certain malentendu

La Bible donne des fondements de la liturgie. Les Pères de l’Église ont esquissé sa mise en œuvre. Pour Patrick Willocq, un malentendu peut consister à penser la liturgie comme une œuvre ou action statique ou éternelle, dans sa compréhension comme dans sa traduction. Or aucune liturgie n’est possible si elle n’épouse pas le contexte et les circonstances pour « rendre contemporains les évènements éternels du Salut ». À ce titre, c’est tout le Peuple de Dieu qui, dans sa diversité, est convoqué dans la liturgie. Dépoussiérant quelques égarements dans la perception du ministère sacerdotal, l’orateur a martelé que, dans la liturgie, c’est tout le Peuple qui est à l’œuvre à partir du déploiement du sacerdoce commun des baptisés. Comme tel, ce même Peuple est appelé à consacrer le monde à Dieu, à être « concélébrant ». Les quelques différences à noter au sein de ce Peuple relèvent davantage de la diversité des services à remplir.

« Synoder » ensemble

Ces fondements posés appellent des conséquences. Vivre ou célébrer la liturgie invite alors à contempler notre Dieu qui est Trinité et à imiter la vie qui se déploie au sein des trois personnes de cette Trinité : communion, harmonie, coresponsabilité, … En ce moment-là, célébrer consiste à « rendre présent ce que les trois personnes de la Trinité ont accompli pour chaque personne », membre de l’assemblée. Il s’agit, en outre, de se situer dans un rapport « prêtres-fidèles » qui se calque sur le rapport du Christ avec la communauté de l’Église.

Une spiritualité liturgique adaptée

À partir de ce rapport, la deuxième intervention, celle du Père Gilles Drouin, a constitué un bel enchaînement. Une spiritualité liturgique au temps de la synodalité ne peut que prendre conscience, de manière renouvelée, que « la vie est une source, un lieu vital, une force d’union » entre les membres du Peuple acteur de la liturgie et Dieu, auteur et source de cette même liturgie. Et dans notre monde « euratlantique », a poursuivi Gilles Drouin, marqué par une quête de spiritualité, il s’agit de rester attentif aux frustrations et aux tensions, aux attentes et au langage liturgique à utiliser pour rejoindre un grand nombre de membres du Peuple de Dieu. Pour ce deuxième orateur, la lettre apostolique Desiderio desideravi du pape François, sur la formation liturgique, est une source de stimulation importante, en ce qu’elle insiste sur « l’émerveillement », le « faire corps », le « corps à former ». Concrètement, dans la liturgie, il s’agit d’éviter une théologie « hors-sol » et des systématisations qui ne tiennent pas compte de la complexité de la vie de façon générale. Il s’agit de rejoindre le concret de la vie, en faisant place au silence, mais aussi en se laissant guider par l’Esprit saint, sans céder non plus aux satisfactions faciles.

Alfred Malanda

Une après-midi studieuse, créative et joyeuse

Les participants se sont répartis dans 8 ateliers :

  • Pour le bon usage du missel dans sa diversité
  • L’homélie qui convainc et qui touche : comment perfectionner l’art de la prononcer
  • « Le service de l’autel, un service gagnant »
  • Espace liturgique : partir de l’assemblée
  • Quand l’assemblée ne participe pas…
  • Equilibre entre créativité et balises, célébrations non-eucharistiques
  • Une homélie nourrie par la lectio divina partagée
  • La Liturgie des heures en paroisse

Pendant une heure et demi, à l’écoute d’un intervenant, puis en travail personnel ou en petit groupe, les participants se sont penchés sur une thématique afin de se l’approprier, de se laisser déplacer, d’inventer des manières d’être renouvelées en liturgie.

Une journée, conclue en beauté par un message d’envoi de notre évêque qui nous a invités à relire nos pratiques liturgiques et à les rendre toujours plus signifiantes pour qu’elles soient source de vie, qu’elles donnent corps à des communautés vivantes, priantes, ouvertes au monde et à ses souffrances. Une liturgie d’où chacun reparte dans l’action de grâce, réconforté, ressourcé et nourri, afin d’être à son tour porteur de vie au monde.

Rebecca Alsberge