Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

Église catholique en Brabant wallon

 

Vigile pascale 2015 à Limelette

Dieu peut ouvrir des « passages », des « pâques » inespérées en nous, avec nous

Sœurs et frères,
Comme Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques et Salomé, vous avez quitté vos maisons – mais pour nous la nuit commençait seulement à s’installer.
Peut-être y avait-il – pour une part, dans nos cœurs – quelque chose de ce qu’elles vivaient : questionnements, inquiétudes, comme des pierres qui empêchent l’espérance, la joie, la paix d’entrer en nous ?
Venant ici, qu’avons-nous aperçu ? Voici qu’un grand feu nous attendait. Nous y avons reconnu la présence du Christ Ressuscité : il vient éclairer nos nuits, il vient rouler la pierre et dégager l’entrée de notre cœur.

Alors, nous avons suivi cette flamme. Peu à peu sa lumière s’est propagée, illuminant nos visages. Un moment si beau. Plein de sens. Puis un chant de louange s’est élevé pour célébrer le Christ, lumière du monde et lumière pour nos pas.

Nous avons ouvert le livre des Ecritures et nous en avons écouté quelques grandes pages. Que nous a dit la Parole de Dieu en cette nuit de Pâques ?
D’abord que Dieu est créateur. Et qu’il continue de l’être. Depuis le commencement, il lutte contre le chaos et les ténèbres pour que jaillisse la beauté de la lumière et de la vie. Aujourd’hui encore, sa création continue. Il continue, si nous le voulons bien, de nous faire naître à cette ressemblance avec Dieu qui est notre vocation d’hommes et de femmes. Cela ne se vit pas sans combat ; c’est comme un accouchement ; jamais terminé. Avec cette grâce que le Seigneur nous fait, malgré nos faiblesses : en mettant en nous son Esprit, Dieu nous fait avec lui créateurs de vie.

Dans le récit du passage de la Mer Rouge, nous voyons Dieu qui entend les cris de son peuple écrasé, meurtri. Aujourd’hui encore, pour tous ceux qui souffrent il veut ouvrir des passages inespérés. Il nous appelle à être comme Moïse, des artisans de justice, de délivrance. Il nous tire de tout ce qui aliène l’homme, de tout ce qui nous met en esclavage ; de tout ce qui empêche en nous la liberté de l’amour !

Nos cœurs sont en quête de vérité et de sens. Isaïe nous a invités à ne pas courir derrière ce qui ne rassasie pas. Ce soir Dieu vient pour combler nos soifs les plus profondes : celle d’être aimé, celle d’être pardonné. Il nous demande, comme le disait un mystique du moyen âge : « Mais où cours-tu donc ? Après quoi cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? »

Avant d’entendre enfin le récit de la résurrection en S. Marc, nous avons lu un passage de S. Paul qui nous a parlé alors de notre baptême. « Etre baptisé » en grec cela veut dire littéralement « être plongé ». Etre baptisé c’est être plongé dans l’amour de ce Dieu dont l’Ecriture nous a parlé : un Dieu créateur de vie, qui vient nous tirer de nos impasses, qui comble notre soif, qui fait bonifier notre cœur. S. Paul nous a invités à prendre notre baptême au sérieux afin de devenir, comme il le dit, des « vivants pour Dieu en Jésus-Christ ». Nous les baptisés de longue date parfois, un peu habitués, nous ne devrions pas oublier cela : nous sommes baptisés pour être des « vivants pour Dieu en Jésus-Christ »

C’est ce choix-là qu’ont fait ces deux catéchumènes qui sont au milieu de nous : Sophie et Arnaud. Cela fait bien deux ans qu’ils sont en route : leur chemin a croisé celui du Christ ressuscité. Ils ont entendu de l’intérieur son appel à le suivre. Ils ont approfondi sa Parole, ils ont noué des liens avec la communauté de l’Eglise, et les voici en demande des sacrements de baptême, de confirmation et l’eucharistie.

Quand les femmes sont allées au tombeau, elles ont rencontré un mystérieux envoyés de Dieu qui les a envoyées pour porter la Bonne Nouvelle. Sophie et Arnaud ont aussi rencontré des messagers de Dieu. Ils ont rencontré des chrétiens, des chrétiennes (à commencer par leurs enfants…). Ils les entourent et seront leur parrain et marraines.
Il y a eux deux, mais il y a 17 autres adultes au Brabant wallon qui seront aussi baptisés cette nuit. L’une d’elle me disait mercredi : qu’elle attendait cette nuit avec une telle impatience ! Ils sont un peu devenus vos amis et nous pensons aussi à eux tous ce soir.

Ces baptêmes, ce désir qui est le nôtre ce soir de célébrer le Christ Ressuscité et d’en vivre, n’est-ce pas le signe que le Christ ressuscité est Vivant ? Qu’il est agissant dans ce monde dont on dit un peu rapidement qu’il est indifférent à la question de Dieu. Qu’il continue de parler au cœur d’hommes et de femmes qui s’éveillent à sa présence, qui reconnaissent en lui le Témoin de cet amour si grand de Dieu qui vient rejoindre ce que secrètement nous cherchons, nous espérons, nous désirons.

La foi n’est pas d’abord une grande idée sur l’homme et sur Dieu, elle ne se réduit pas à vivre des valeurs, comme on dit souvent. La foi c’est vivre de la rencontre avec la Personne du Christ venu nous manifester que Dieu nous a aimés le premier.

Ce soir, Dieu nous dit que, ressuscité, le Christ a vaincu la mort sous toutes ses formes. Avec lui, en lui, la vie l’emportera. En ressuscitant Jésus, Dieu nous dit que l’amour vaincra la haine, que le mal non plus n’aura pas le dernier mot : avec Lui, l’amour l’emportera.

L’ange envoie les femmes en Galilée. C’était la terre où les disciples avaient leur famille, leur travail, leur vie de tous les jours. C’est là que nous pourrons Le reconnaître, Le voir à l’œuvre en nous, autour de nous. Là, dans la vie ordinaire, il fait de nous des baptisés, des témoins de ce que Dieu est : amour, bonté, pardon, vérité, justice. Là, Il nous attend, dans nos Galilée à chacun pour, avec nous, au quotidien, susciter la vie, re-susciter la joie.

Là il veut et il peut ouvrir des ‘passages’, des ‘pâques’ inespérées – en nous et avec nous.

Comment ne pas dire…. « Alleluia », vive Dieu ?!

+ Jean-Luc Hudsyn – 04 avril 2015 – Vigile pascale à Limelette