Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

Église catholique en Brabant wallon

 

Veillée pascale à Saint-Etienne, Braine-l’Alleud

Ce samedi 19 avril Mgr Hudsyn a présidé la Vigile pascale à la paroisse Saint-Etienne de Braine-l’Alleud au cours de laquelle cinq adultes, des femmes, ont reçu le baptême. Dans son homélie qui fait advenir la lueur de Pâques l’évêque les considère comme des véritables témoins du Christ, « elles sont nos messagères de Pâques ».

Ce soir, dans la pénombre, nous avons pris notre route à la suite du cierge pascal. Sa lumière s’est répandue dans cette église. Elle est venue éclairer peu à peu tous nos visages… La Parole de Dieu est venue elle aussi éclairer notre destinée. Depuis le chaos primitif où Dieu est venu semer la vie, jusqu’à ce passage, cette Pâque incessante que le Christ nous propose à notre baptême : il nous invite à saisir la main qu’il nous tend pour, avec lui, en lui, par lui, passer de la mort, sous toutes ces formes, à cette vie toujours nouvelle dont Pâques nous dit qu’elle aura toujours le dernier mot si on y met de la foi, de l’espérance et de l’amour.

Dans cet Evangile de Pâques selon S. Matthieu que nous venons d’entendre, le récit commence à la fin du sabbat, c’est-à-dire pour les juifs, le samedi soir. Marie-Madeleine et l’autre Marie se mettent en route, alors qu’il fait encore nuit… Cette obscurité n’est sans doute pas étrangère à nos vies que l’épreuve vient parfois obscurcir. Cette obscurité bien des peuples la connaissent ce soir, guettant avidement la moindre lueur de paix, de justice…

Marie-Madeleine et l’autre Marie se mettent en route. Elles vont réfléchir, méditer mais sur quelque chose de terminé. Sur le passé… le Jésus d’hier, qui leur a laissé un idéal, des valeurs… C’est déjà ça… Mais… la foi chrétienne ce n’est pas se souvenir d’une figure du passé, ce n’est pas vivre d’un idéal émis par un sage d’il y a 2000 ans. La foi, ce n’est pas simplement, comme on dit si souvent, vivre des valeurs, avoir une morale – même très belle.

Ces femmes vont connaître – et St Matthieu sait ce qu’il dit, il pèse ses mots, il choisit dans l’arsenal des effets spéciaux de l’Ancien Testament les images qui en disent long… – il dit que ces femmes vont connaître un « grand tremblement de terre ». « Et voilà qu’il y eut comme un grand tremblement de terre… » La foi c’est cela : un vrai séisme pour nos évidences. La foi, ce n’est pas ce qui arrive au bout d’une réflexion logique et rationnelle. La foi ça nous vient par une Parole qui n’est pas de nous. C’est toujours d’autres d’abord qui en témoignent. La foi cela demande alors d’être réfléchi, cela demande de l’intelligence mais la foi naît d’un parole qui nous prend à revers : « Jésus le crucifié… il n’est pas ici, dans un tombeau, il est ressuscité », c’est désormais un Vivant… Et l’Evangile de Matthieu ajoute : si vous voulez le rencontrer, c’est en Galilée que vous pourrez reconnaître sa présence. Ces deux femmes savent bien ce que représente la Galilée. La Galilée c’est le lieu de leur vie quotidienne, c’est de là qu’elles sont. Comme les apôtres. C’est le lieu où se trouvent leur famille, leur village, leur travail, leurs occupations, les puits où elles vont puiser l’eau, là où on rencontre les autres, et Dieu sait la Galilée était réputée par le fait qu’on y croisait de tout, des romains, des grecs, des païens. Ailleurs dans l’Evangile : on dit de la Galilée que c’est le carrefour des païens… Bref la Galilée, c’est notre vie quotidienne à nous, dans une société de plus en plus métissée, où l’on est d’une certaine façon toujours le minoritaire de quelqu’un !

Et il nous est dit ce soir : c’est là que nous pourrons rencontrer le Ressuscité, c’est là – c’est donc ici ! – que nous pourrons reconnaître les signes de ce que l’Ange a révélé : le Christ est Celui qui fait rouler la pierre de toutes les sortes de tombeaux qui veulent emprisonner la vie – et la mort pour commencer. Les gardiens qui étaient là pour empêcher la vie, c’est eux qui sont morts : « ils devinrent comme morts », nous dit Matthieu. Ces gardiens sont toujours là… Ils sont aussi en nous : quand on nous enferme, ou quand nous nous enfermons nous-mêmes, dans nos peurs, dans nos échecs, dans nos doutes, dans nos manques de confiance. Et aussi dans nos refus d’aller vers Dieu, d’aller vers les autres pour nous renfermer sur nous-mêmes. Mais voilà que le Christ vient à notre rencontre pour nous dire de sortir de toute crainte, pour nous envoyer annoncer que c’est la vie qui vaincra, que c’est toujours l’amour qui aura le dernier mot. Et ce Ressuscité, ce Vivant, c’est en Galilée, c’est dans votre vie de tous les jours que vous le verrez à l’œuvre, en vous, autour de vous.

Sœurs et frères, si ce soir vous ne croyez pas Marie-Madeleine et l’autre Marie, alors… croyez ces cinq autres femmes qui sont parmi nous et qui ont toutes demandé le baptême. A mes yeux, Thérèse, Lilith, Ellody, Julianah, Ange, sont ce soir les témoins vivantes que le Christ est rencontrable en Galilée ! Dans cette société qu’on dit parfois étrangère à Dieu, éloignée du Christ, dans cette Galilée des païens, elles cherchaient cette eau pure dont parlait Ezéchiel ; elles désiraient secrètement Celui dont les pensées ne sont pas les pensées du monde, Celui dont les chemins ne sont pas nos chemins, formatés, raisonnables, à ras de terre. Nous sommes peut-être passés à côté d’elles sans les voir, sans deviner leur quête, ni celle de tant d’autres… Mais voilà que pourtant, dans leur Galilée à elles, elles ont rencontré des disciples du Christ et pour elles aussi voilà que c’est produit un ‘tremblement de terre’. Peu à peu, une lumière s’est faite, des pierres ont roulé… et les voici. Elles sont nos messagères de Pâques !

Elles viennent relancer notre foi, ressusciter notre espérance : oui le Christ est Vivant, aujourd’hui. Oui, il continue chez nous, dans nos rues, d’appeler à lui des disciples. Oui, des hommes, des femmes, des jeunes et des moins jeunes entendent sa voix, entendent la voix de ses anges et… de ses disciples. Car le Ressuscité travaille avec des disciples. C’est sa façon de travailler…Il lui faut des disciples qui soient parlants, qui aiment, qui fassent signes. Et c’est le cas : la preuve c’est que lorsque j’ai rencontré les 18 catéchumènes adultes de cette année, quand je leur ai demandé ce qui les avaient les plus surpris depuis qu’ils s’étaient mis en route vers le baptême, ma joie a été grande de les entendre me répondre : ce qui nous a le plus surpris, c’est qu’on a reçu aussi une autre famille, une communauté chrétienne, aimante, fraternelle, soutenante.

Dans nos Galilée mondialisées, sécularisées le Christ vient relancer, relever, nos communautés et nos paroisses : si elles sont vraiment croyantes et si elles sont en même temps fraternelles, accueillantes, missionnaires, c.-à-d., si elles sortent et vont vers tous… alors elles peuvent être, et vous l’êtes déjà, signes que le Ressuscité est à l’œuvre ! Oui, le Christ est vraiment ressuscité ! Alléluia !

+ Jean-Luc Hudsyn