Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

Église catholique en Brabant wallon

 

Une après-midi avec Hilde Kieboom

Devant une salle comble au Palais de la Gouverneure à Wavre, la fondatrice de Sant’Egidio pour la Belgique a montré que cette communauté a plus d’un atout. Celui d’apprendre à changer le regard que l’on porte sur les pauvres n’est pas le moindre. En présentant le mouvement par ses trois « P » comme Prière, Pauvreté et Paix, la conférencière invitée par la Pastorale des Aînés aura conquis un public plutôt enclin à s’engager généreusement.

On ne présente plus Hilde Kieboom dont le nom évoque spontanément la Communauté de Sant’Egidio. Celle qui, lors d’un séjour à Rome fut séduite par des jeunes gens de son âge qui étaient joyeux et fiers d’être chrétiens, décida de planter dans sa ville, à Anvers, les ferments d’amitié envers les pauvres avec l’Evangile comme moteur d’Espérance. Pour expliquer son engagement, la conférencière remonte à la rencontre qu’elle fait avec des laïcs chrétiens se mettant au service des pauvres de leur ville, et véritablement « motorisés » par la prière. C’est le déclic, même si Anvers n’est pas Rome, la découverte de la richesse de l’Evangile dans l’accompagnement des pauvres séduit la jeune fille.

Sant’Egidio essaime dans le monde : 70.000 membres sur tous les continents, dans les villes surtout ; chez nous, à Anvers, Liège, Bruxelles, Louvain-la-Neuve… De petites communautés mues par l’engagement aux côtés des pauvres, qui se ressourcent dans la prière du soir, à la source de l’Evangile. Le mouvement agit là où il y a la pauvreté. Elle est partout, et avec elles les guerres, qui sont les « mères de la pauvreté », là les pauvres sont de plus en plus pauvres rendant le développement impossible. Un terrain dont Sant’Egidio a l’expertise, puisque de nombreux pays font appel au mouvement qui collabore avec les diplomaties, ayant acquis depuis l’accord de paix mettant fin à la guerre civile au Mozambique en 1992, une bonne crédibilité au plan international.

Mais qui sont les pauvres ?

En évoquant les restaurants « Kaminiano », en souvenir de saint Damien, Hilde Kieboom parle des nouveaux lépreux que sont les sans-abri, les clochards, les s.d.f….Mais la pauvreté est de plus en plus complexe : il y a ceux qui se laissent piéger par les modèles de bonheur imposés par la société, ceux qui basculent dans la précarité parce qu’ils ont perdu tout lien familial ou social : personnes âgées, divorcées, malades ou handicapées. La culture de permissivité, du chacun pour soi, font le lit de la pauvreté qui augmente.

Des personnes de plus en plus âgées : où est le problème ?

Nous vivons de plus en plus vieux grâce aux progrès de la médecine. Cette longévité accrue ne fait pas nécessairement le bonheur de tous. D’où reviennent souvent des réflexions peu amènes telles que : leur nombre pose problème, il n’y a pas suffisamment de maisons de repos pour les accueillir, elles constituent un poids pour les jeunes qui vont devoir payer leur pension… ça, « c’est un déficit culturel et spirituel », dénonce l’oratrice, il faut trouver des catégories qui valorisent les personnes âgées.
L’action de Sant’Egidio permet aux personnes âgées de rester chez elles en les accueillant comme une famille. « Les chrétiens ont à recréer des liens de solidarité par le soutien à ces personnes fragilisées. Pour cela il s’agit de porter sur elles un regard positif. Elles ont d’ailleurs bien plus de ressources que leur apparence ne le laisse croire !  »
Dans le projet intergénérationnel « Siméon et Anna » qui met en lien des jeunes issus de l’immigration avec des personnes âgées, les jeunes découvrent la joie de vivre et le bonheur de personnes même confuses. Ils perçoivent la valeur et la chance du vieillissement, car les anciens ont un message à donner : l’amour de la vie. C’est une chance pour ces jeunes qui à leur contact acquièrent du sens à donner à leur vie.

Et les émigrés ?

De même que l’on peut changer son regard sur les « vieux  », celui que l’on porte sur la migration peut changer tout autant. Les émigrés ne sont pas un problème mais une chance par le potentiel humain d’amitié qu’ils représentent : ressources pour nos communautés vieillissantes, vitalité de nos églises fatiguées d’Europe ou d’Amérique (du Nord). Il faut les voir avec un regard d’espérance car ils apportent un supplément d’humanité et de sens à nos vies. C’est en bâtissant tous ensemble la cohésion de notre société que celle-ci devient plus humaine. L’affirmation de l’identité, de l’appartenance religieuse ou culturelle n’empêchent pas le dialogue. Comme on l’a vu lors de la récente rencontre à Anvers, beaucoup ont envie de sortir de l’individualisme, beaucoup proposent l’Evangile de l’Espérance. Voilà de quoi poser un regard optimiste sur notre monde, semblait conclure l’oratrice.


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Pour des raisons techniques indépendantes de notre volonté, la conférence n’a pas pu être enregistrée. Nous en sommes désolés !


Bernadette Lennerts