Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

Église catholique en Brabant wallon

 

Un pas de côté – La pépite du mois

Nous voilà dans l’Avent. Cette période peut être synonyme d’attente, de nouveau départ, de discernement. Pour nous y aider, je ne vous propose pas un périple dans le désert ou jusqu’à un haut lieu de pèlerinage, non, juste un pas de côté dans une petite communauté perdue en Lozère du nom de La Viale. C’est là, tout simplement, qu’un homme nous partage le fruit de ses réflexions que nous pouvons faire nôtres…

De la vie intérieure

« Jamais je ne m’étais interrogé sur ma « vie intérieure » avant de vivre à la Viale. J’ai d’ailleurs mis un temps à comprendre ce que cela signifiait. […]

Donner la possibilité à sa vie intérieure de se développer suppose de cesser tout activisme frénétique. Chose qui m’est presque impossible ; non que je coure les magasins, pratique un loisir accaparant ou prise des conversations sans fin, mais parce que, dès que j’ai un instant, je me jette sur un livre, je prends des notes, je pars explorer la montagne ou je cherche la compagnie de ma famille. En somme, tout sauf rester faire quelque chose en silence.

Dans nos vies, les sollicitations externes sont permanentes et puissantes : nous répondons à une sorte d’injonction sociale de faire, poussés en ce sens par la publicité et l’incitation à consommer. Nécessité de rompre avec le rythme de notre société. Les sollicitations internes ne sont pas moins pressantes : penser à ce que l’on doit faire demain, imaginer le futur… Car il ne faut pas se tromper, le « petit vélo » intérieur qui pédale en boucle dans ma tête n’est pas ma vie intérieure ; il n’en est que l’avatar dégénéré et vain.

Méditer, ne rien faire, si ce n’est observer et admirer, j’en ai donc été largement incapable pendant les premiers mois ! Permettre l’éveil de soi, habiter sa solitude, voilà une quête que je trouve bien difficile, même si je suis aidé par la prière et par notre immersion dans le dénuement et le grand silence de la montagne hivernale. […]

Aller à la rencontre de sa vie intérieure nous offre la capacité de choisir librement, en vérité, selon nos convictions profondes, nos finalités de vie, et non plus de nous laisser balloter par les événements ou par nos désirs inconstants et superficiels. […]

La spiritualité disparaît progressivement de notre monde, car nous sommes encombrés de trop de choses : « trop plein », que ce soit dans notre tête, dans notre vie, notre maison, nos souvenirs, notre agenda, nos projets… Nulle part il n’y a de place pour Dieu. […]

Dans nos vies, face à ce trop-plein, le plus difficile est de discerner ce que l’on désire vraiment. Une multitude de désirs nous assaillent et nous désorientent en effet, stimulés par la publicité, la comparaison, la jalousie, d’autant qu’ils sont, dans notre société d’abondance, rendus largement accessibles, à la fois financièrement et en temps continu, 24h/24.

Notre grand problème, c’est donc la dispersion. Nous sommes sur-sollicités, on veut tout faire, tout voir. Il suffit de constater comment on envisage nos voyages. Il s’agit de « faire » l’Espagne, la Corse ou la Birmanie, en cochant les attractions touristiques, « incontournables », au pas de course.

Rechercher l’unité. Cela passe d’abord par une démarche d’introspection : qu’est-ce que j’aime vraiment ? Puis faire de la place à Dieu et à l’autre. Pour y arriver, essayer de « faire le vide » en soi : donner, jeûner, faire silence, aller au désert, méditer prier. Et trouver, dans ce chemin, les désirs qui nous conduisent vers la lumière : désir d’être vivant, d’être libre, d’être conscient et d’aimer.

C’est terrible, quand on y pense, d’être à ce point « attaché » que l’on doive se libérer en apprenant le détachement. Et pourtant, nous sommes tous esclaves – de notre travail, de notre mode de vie, de nos habitudes alimentaires, de nos petits plaisirs… Les temps de l’Avent et du Carême sont l’occasion de nous faire prendre conscience de ces addictions et de nous aider à nous en libérer, fût-ce un tout petit peu. »

♠♠♠♠♠

Cet extrait est tiré du livre Un pas de côté : les quatre saisons d’un énarque en communauté avec les plus démunis de Stéphane Roux (Ed. Fidélité, Bruxelles, 2022, pp.145-150).

Qui est l’auteur ?

Stéphane Roux est un haut fonctionnaire français. Il décide de vivre à La Viale une année entière, accompagné de sa femme et de ses trois enfants. Il nous raconte cette expérience de vie en communauté, où le retour à la nature et la vie de prière seront les points forts.

Je vous invite à découvrir cet écrin dans la montagne lors de vos prochaines vacances ou, à défaut, en lisant ce très beau livre, disponible à la Bibliothèque du Vicariat, comme il se doit !

Belle fête de Noël à tous et toutes !

Véronique Van De Walle,
Bibliothèque du Vicariat