
C’est au cours d’une célébration à laquelle a pris part une assemblée particulièrement nombreuse et assidue que Mgr Hudsyn a installé François Kabundji, le nouveau doyen de Grez-Beauvechain. L’évêque a centré son homélie sur la vocation, la joie d’être appelé, en écho, François a témoigné devant tous de sa volonté d’être fidèle à la mission nouvellement confiée par l’évêque. Il a tenu à le remercier ainsi que son prédécesseur, mais aussi toutes les personnes qui croisent sa route pour leur soutien et leur collaboration. Un doyen soucieux d’établir des ponts entre toutes les brebis et leur pasteur… Lire l’homélie de Mgr Hudsyn ci-dessous
Texte de l’homélie de Mgr Hudsyn
Le petit Samuel entend une voix qui l’appelle par son nom… Il découvre que tous nous pouvons vivre notre vie comme une « vocation ». La vocation – et elle n’est pas le monopole de certains – la vocation vient de ce mot latin qui veut dire : être appelé ! Nous avons vu dimanche dernier que Jésus à son baptême entend cette voix qui l’appelle et qui lui dit qu’il est aimé du Père, et que le Père met sa joie en lui. A notre baptême c’est cela qui a été célébré pour chacun et chacune de nous. Mais c’est chaque matin que le Seigneur nous appelle par notre nom. Il nous appelle pour nous redire que nous sommes infiniment aimés de lui. Il nous appelle pour nous confier la journée que nous allons vivre, pour nous confier les frères et soeurs que nous allons rencontrer. Il nous appelle pour nous inviter à tout vivre à sa manière.
Cela change tout que de vivre sa vie comme une vocation, de vivre ces journées comme une vocation. Notre vie est alors orientée par Quelqu’un, elle reçoit une direction, un but qui unifie tout ce que nous allons vivre… Cela change tout parce que cela veut dire que nous ne sommes seuls, abandonnés à nous même. Mais que notre vie, nos journées sont comme un don qui nous est fait, qu’une confiance nous est faite. Et que là, dans cet amour, dans cette confiance, là est le sens de notre vie.
François, cette mission de doyen, c’est le Seigneur qui t’y appelle. Vis-là comme une vocation nouvelle. Comme une confiance qu’Il te fait et que l’Eglise te fait. Reste à l’écoute de cet appel que le Seigneur te renouvèlera à chaque matin.
Cela demande de toi, mais aussi de chacun de nous de rester un écoutant. De faire en sorte que nos vies ne soient pas encombrées de bruit ; de messages en tous sens ; d’injonctions médiatiques qui nous dictent nos comportements, les émotions que nous devons avoir, les achats que nous devons faire, les avis politiquement corrects que nous devoir avoir, qui nous dit que la liberté d’expression c’est de dire ceci et pas cela !…
Comme le recommande le prêtre Eli, gardons ces espaces de silence, ces espaces d’écoute, ces espaces de liberté où nous disons : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». Nous ne croyons pas qu’être humain, c’est de n’écouter que notre moi. C’est aussi écouter cette autre voix, celle de Celui qui nous a fait et qui nous connaît mieux que nous-mêmes. Et savoir se recueillir en disant : « Me voici, Seigneur ». Me voici pour t’écouter toi, car – et c’est cela notre foi – nous croyons que toi qui es l’amour, toi tu as les paroles de la vie, tu es le chemin, la vérité et la vie. L’écouter dans sa Parole, l’écouter dans les appels de ce monde et dans ce que l’Esprit nous dit au meilleur de nous-mêmes. Et discerner ainsi peu à peu, jour après jour, comment vivre ma vie comme une vocation.
L’Evangile nous dit que les apôtres l’ont fait en demeurant auprès de Jésus. C’est comme cela qu’ils sont devenus des disciples du Christ et des témoins de lui. C’est aussi ta mission, François, c’est de veiller à ce que tous – prêtres, diacres et laïcs – tous nous n’oubliions pas de toujours devenir chrétiens en demeurant auprès du Christ.
Etre chrétien ce n’est pas d’abord croire une série de choses, ce n’est pas d’abord avoir un certain nombre d’idées sur Dieu, sur l’homme, sur le monde… Ce n’est pas d’abord avoir des valeurs, comme on dit trop facilement. Etre chrétien, c’est devenir les disciples de Quelqu’un dont la façon d’aimer, de pardonner, de se donner nous fait dire : avec lui j’ai trouvé ce que mon cœur cherche, celui qui donne sens à ma vie. C’est ce que dit André à son frère Simon avec ses mots à lui il dit : « J’ai trouvé le Messie ».
Cela demande de fréquenter le Christ, de nous attacher à lui, de le célébrer, de l’écouter, de le prier, de faire communauté autour de lui… Et aussi de se laisser convertir par lui, de se laisser changer par lui. Apprendre de lui, ce que veut dire aimer vraiment, vouloir la paix vraiment. Apprendre du Christ ce que veut dire croire en lui, même quand il fait nuit, même dans les épreuves et que mon cœur défaille…
Devenir disciple c’est y engager tout son être, et S. Paul nous le rappelle aujourd’hui : devenir disciple c’est y engager tout son corps. Quoiqu’on dise parfois, S. Paul parle magnifiquement du corps : « Faire de notre corps un sanctuaire qui rayonne de l’Esprit-Saint ».
Et nous le pouvons. Je voyais jeudi une des responsables d’un Centre d’accueil de femmes demandeuses d’asile et qui fait un travail extraordinaire : son visage, ses yeux rayonnaient de lumière, d’amitié… C’est le message de Noël, avec Jésus, nous pouvons incarner l’amour de Dieu. Faire de nos communautés, des lieux très incarnés de l’amour de Dieu, de la fraternité qu’il veut donner au monde. Les adultes qui se convertissent et demandent le baptême, me le disent souvent : ce qui nous a mis en route c’est d’avoir découvert des chrétiens fraternels, amicaux, accueillants, à la fois humbles et engagés. C’est ta mission, François, et c’est la nôtre : veiller à une foi incarnée, fraternelle, chaleureuse : pour – comme a dit Jésus – pour que le monde croie !
+Jean-Luc Hudsyn