
22 septembre – église St-Jean-Baptiste à Wavre
Jésus est au milieu de la foule. C’est là qu’il aime être. Et dans l’évangile de Luc, c’est en vue de ces foules qu’il appelle des disciples. Il vient de dire à Pierre : désormais ce sont des hommes que tu prendras : tu les ramèneras à l’air libre, tu les feras respirer !
Si le Seigneur nous appelle à faire Eglise, s’il nous confie des aumôneries, des paroisses, des services pastoraux : c’est donc pour cette foule ! C’est pour être envoyé au monde qui nous entoure pour le faire respirer, pour l’irriguer dit le Livre des proverbes. Si nous nous rassemblons régulièrement en Eglise – comme ce matin – c’est bien sûr pour remettre le Christ au centre de nos vies, de nos projets, de notre action de grâce. Mais en en même temps c’est pour être, comme lui, ré-envoyés à la foule, porteurs de cette bonne nouvelle, de ce secret qui nous habite : nous croyons que toute humanité est habitée par une bienveillance qui nous dépasse, qui nous porte, qui nous cherche et que le Christ appelait « son Père et notre Père ».
Pour que cette Bonne nouvelle ne s’éteigne pas, ne se dilue pas, Jésus a appelé des disciples. Si nous sommes ici ce matin, prêtres, diacres, animateurs ou animatrices pastorales, membres d’équipe d’aumônerie, collaborateurs au sein du Centre pastoral, c’est pour renouveler notre désir d’être de ses disciples. Nous voulons du meilleur de nous-mêmes écouter la Parole de Dieu et la mettre en pratique puisque c’est fondamentalement cela être disciple.
L’évangile de ce jour ajoute une couleur particulière à ce terme de disciple. Il nous fait comprendre qu’aux yeux de Jésus, être de ses disciples, c’est entrer dans sa famille. Autrement dit, ce qui rassemble ses disciples, le lien qui nous réunit et nous unit, ce n’est pas une sorte de cordialité associative ; ce n’est pas une confraternité professionnelle. Ce n’est pas non plus une identité qu’il faudrait défendre contre un environnement hostile. Ce n’est pas non plus un lien idéalisé, de type affectivo-fusionnel entre personnes qui sentent ou pensent la même chose… Ce qui nous unit c’est le Christ. C’est le Christ vivant qui nous redit ce matin que ce qui nous unit c’est que lui nous considère comme ses frères et ses sœurs. Le Christ qui nous dit que nous sommes tous avec lui, enfants d’un même Père. Quels que soient nos faiblesses, nos tiédeurs, nos caractères, tous il nous a adoptés !
Cela a quelque chose de bouleversant quand on y pense, mais c’est assez dépouillant quand même : dépouillant car il n’y a pas dans cette famille-là des fils favoris, des filles préférées, de petits ou de grands chouchous. Tous aimés gratuitement, qu’on soit de la première ou de la dernière heure, qu’on se sente ou pas à la hauteur !…
Au risque de me répéter (pour certains !), si Jésus considère que nous sommes sa famille, que nous sommes ses sœurs et ses frères, alors cela veut dire, oui, que nous avons le même… ADN ! Le même ADN que lui ! Si nous venons communier à lui, c’est pour que le sien s’infiltre dans le nôtre ; nous transforme afin de voir comme lui, d’entendre comme lui, de goûter les choses comme lui, de sentir comme lui, d’être touché et de toucher comme lui.
Pour que cette sorte de transfusion se passe, nous sommes renvoyés à sa Parole : apprendre d’elle ce qu’implique cette fraternité. Re-découvrir, en cette rentrée, à nous entraider de façon fraternelle dans nos équipes et nos conseils divers. Ne pas seulement nous réunir pour de l’organisationnel avec des projets pleins la table – si importants soient-ils – mais garder des espaces pour aller ensemble à la source de cette fraternité. Venir nous aussi trouver Jésus gratuitement. Ecouter ce que l’Ecriture confie à notre sagesse comme ces proverbes de ce matin : laisse le Seigneur disposer de notre cœur – accomplis ce qui est juste – ne regarde pas les autres de haut – ne sois pas tout le temps dans la précipitation – entends la clameur des faibles…
Je remarque enfin, que si je comprends bien cet Evangile, cette famille du Christ, c’est une famille au sens large. N’y retrouve-t-on pas aussi de façon mystérieuse tous ceux qui – même sans trop connaitre Dieu – l’écoutent en écoutant la voix de leur conscience et la mette en pratique. Puisque – comme le rappellent Vatican II et Amoris laetitia – que la conscience est « ce sanctuaire de l’homme, où il est seul avec Dieu, et où résonne sa voix ». Sachons le rejoindre, collaborons avec eux, et apprenons aussi d’eux cet art de la fraternité !
Ces derniers mois ont mis en évidence combien attention mutuelle et solidarité sont essentiels – le pape va nous le rappeler bientôt dans une encyclique sur la fraternité. Demandons ce matin à l’Esprit-Saint son courage et sa force pour redémarrer cette année avec cet esprit de famille et de fraternité solidaire qu’il espère de nous.
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