Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

Église catholique en Brabant wallon

 

Pèlerinage du Vicariat du Brabant wallon à Banneux – 24 sept 2016

26ème dimanche temps ordinaire – Extraits de l’homélie de Mgr Jean-Luc Hudsyn

Jésus veut nous garder en éveil sur ceci : l’argent et tout ce qui tourne autour de lui, risque si l’on n’y prend garde de nous séparer les uns des autres, de creuser un fossé entre les hommes. On voit hélas cela parfois dans les familles quand vient l’heure de l’héritage, mais c’est si évident aussi entre les pays du Nord et ceux du Sud ; on voit cela au plan social, culturel, relationnel, même dans l’Eglise… l’argent risque toujours de diviser. Il risque aussi de rendre celui qui possède insensible à la misère des pauvres.
C’est là que notre humanité est en péril, c’est là que nous risquons de nous déshumaniser, de nous « désévangéliser » : l’avoir, sous toutes ses formes, risque de nous rendre indifférents à celui qui souffre ; il nous pousse à nous protéger du pauvre, à détourner notre regard de ses souffrances, de sa détresse

La richesse au sens biblique, c’est le contraire de ce que les Béatitudes appellent, la pauvreté du cœur, la pauvreté en esprit. Cette richesse qui sépare, n’est pas qu’une affaire économique, une affaire d’argent : c’est vrai aussi dans notre façon d’être riche de nous-mêmes, de la haute estime que nous avons de nous-mêmes, de la place que nous voulons occuper – un peu au-dessus des autres…. Jésus nous invite donc aussi à rester humbles et pauvres de cœur dans les relations que nous avons avec notre entourage… Dans un lieu comme Banneux, on sent bien que si il y a du bonheur à être ici, s’il y a ici un goût de fraternité c’est parce que spontanément nous nous sentons appelés à une certaine désappropriation de nous-même, et par là-même, à une attention à l’autre, une attention et de l’amour pour le Seigneur.

Alors, décentrés de nous-mêmes, voilà que règne entre nous de l’écoute véritable, des échanges en vérité, de la communion dans l’accueil des différences. De la prière, des demandes de pardon, une foi dans la force que peut nous donner le Seigneur, pour nous relever, pour avancer, pour refaire confiance.

Cela nous fait expérimenter que sans « désencombrement » de soi, comment rejoindre l’autre ? comment lui être hospitalier ? Comment me laisser surprendre par lui, si j’arrive à lui riche de ce que je suis, de ce que je crois savoir sur lui ; riche même de ce que je crois devoir lui dire et des bons conseils à lui donner ?
Tout cela est vrai aussi en ce qui concerne notre écoute de Dieu et notre relation à lui, le Tout Autre, « lui qui habite la lumière inaccessible et que personne n’a jamais vu et que personne ne peut voir » comme dit S. Paul. Ne croyons pas que si nous écoutons mal les autres (et nous serons toujours novices en ce domaine), ne croyons pas que si nous refusons d’essayer de les aimer, et ne fut-ce que d’essayer de leur pardonner, ne croyons pas que ce fossé que nous creusons avec les autres n’est pas aussi un fossé que nous creusons entre nous et Dieu…

En même temps, avec Dieu, il y a cette espérance extraordinaire : même les fossés, mêmes les abîmes que nous mettrions entre les autres et nous, et entre lui et nous, Dieu, notre Dieu va toujours les franchir, il va toujours tout faire pour nous rejoindre…

Je termine avec cette si belle expression que S. Paul dit à Timothée : « Mène le bon combat et empare-toi de la vie éternelle ! ». La vie éternelle, ce sera de vivre sans abîme entre nous, sans creuser de fossés qui séparent. La vie éternelle ce sera de vivre en frères et enfants de Dieu. Et bien, nourris par cette eucharistie, emparons-nous de cette vie à laquelle nous sommes appelés et demandons au Seigneur de pouvoir en vivre dès maintenant, peu à peu, pas à pas. Assez pauvres de cœur, que pour vivre davantage en frères et sœurs du Christ, en frères et sœurs les uns avec les autres !

+ Jean-Luc Hudsyn

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