Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

Église catholique en Brabant wallon

 

Pèlerinage des malades à Banneux – septembre 2015

Ce mystère de ce Dieu qui ne cesse de venir habiter au plus près de nous il se joue dans chaque eucharistie. Rien ne peut l’arrêter : ni nos faiblesses, ni même notre péché. Il vient inlassablement frapper à notre porte… durant ce triduum, durant cette journée de pèlerinage.

Lectures du samedi de la 25ème semaine : Za 2,5-9,14-15 -Lc 9,43-45

Frères et Sœurs,

Le prophète Zacharie voit un arpenteur qui va prendre les mesures de Jérusalem.
Quand on doit déménager, on va ainsi souvent prendre des mesures de la maison ou de l’appartement qu’on va venir habiter. Avec son mètre, on essaye de voir si ce buffet auquel on tient tant pourra bien tenir dans cette nouvelle salle à manger, si on parviendra à caser dans la cuisine l’ancien frigo… Et c’est à la fois un peu inquiétant et excitant : changer d’habitat c’est comme une aventure parfois heureuse, parfois plus douloureuse quand on doit quitter un chez soi familier pour aller vers l’inconnu.

Ce que Zacharie annonce ici, c’est que c’est Dieu qui déménage. Il va faire prendre les mesures de Jérusalem parce qu’il a décidé de quitter le ciel pour aller demeurer dans la ville sainte, au milieu de son peuple !

C’est une habitude chez Dieu, se faire le plus proche possible de nous. Il va nous envoyer son Fils pour prendre notre chair. Il va quitter le sein de la Vierge Marie pour naître dans une crèche. Il va quitter Nazareth pour parcourir villes et villages. Il va prendre des risques : celui de ne pas être reçu, de voir des cœurs se fermer, d’être rejeté et de finir sur une croix. Mais même de son tombeau, il va rouler la pierre et venir nous rejoindre dans sa résurrection.

Ce mystère de ce Dieu qui ne cesse de venir habiter au plus près de nous il se joue dans chaque eucharistie. Rien ne peut l’arrêter : ni nos faiblesses, ni même notre péché. Il vient inlassablement frapper à notre porte… durant ce triduum, durant cette journée de pèlerinage, et maintenant en ce repas où il nous appelle. Il n’est jamais trop tard pour lui ouvrir nos cœurs. Lui, depuis Bethléem, il a l’habitude ! Un peu de place lui suffit, un peu de foi, même si, à l’intérieur de nous, tout n’est pas très lumineux, et qu’il y a des recoins empoussiérés.

Et que vient-il faire s’il vient demeurer chez nous ? C’est vrai que c’est un hôte un peu particulier qui sait ce qu’il veut – même s’il ne nous forcera à rien : il vient se « livrer » à nous, disait Jésus dans l’Evangile. Il se livre entre nos mains – c’est le contraire de quelqu’un qui vient s’imposer. N’empêche… il a des désirs : Le prophète Zacharie disait que ce que Dieu désire pour Jérusalem, c’est une ville ouverte ! Le contraire d’une ville barricadée sur elle-même… Le Seigneur aime les maisons où il y a des fenêtres et des portes, où on est ouvert aux autres, où on n’est pas replié sur soi, entre semblables. Cet après-midi, le Seigneur nous envoie aussi un ange pour que nos cœurs soient ouvert : et Dieu merci, c’est ce qu’on vit dans un triduum, dans une journée comme celle-ci : une amitié, une fraternité, une attention aux autres dans la diversité de nos appartenances, des situations de vie et de santé ici rassemblées. Dans une même communion, une même foi. En même temps, cette ouverture, cette capacité d’aller vers l’autre, il nous faut toujours demander au Seigneur de la nourrir en nous ; de mettre son Esprit en nous pour toujours ouvrir la porte de nos cœurs, ce qui n’est pas tous les jours facile, quand les épreuves, la maladie, le grand âge, tentent parfois de refermer notre cœur, d’éteindre notre foi, de miner notre espérance.

C’est pourquoi il nous est dit que le Seigneur entoure sa ville d’une muraille de feu : et nous ici à Banneux, il nous entoure aussi, du grand feu de son Saint-Esprit. Il nous entoure de son feu à lui, qui réchauffe sans rien dévorer. Il nous entoure du feu de l’amour fraternel, du feu de notre fidélité au Christ, du feu de sa Parole et de ses sacrements et de la chaude présence de Marie auprès de nous.

Un triduum, un pèlerinage, une eucharistie c’est fait pour cela : pour réchauffer nos cœurs, pour nous garder ouverts au Seigneur, aux autres et à la terre entière que nous pouvons tous porter, ne fut-ce que dans notre prière.

Et ce monde a bien besoin de cœurs ouverts. Nous voyons tous les jours ces enfants, ces femmes, ces hommes fuyant la guerre, le terrorisme, la persécution pour certains… Cela n’est pas facile à gérer comme situation. Et en même temps, on voit que l’ange du Seigneur veille à ce que les cœurs, les villes, les paroisses restent accueillant avec beaucoup de générosité. Nous ne pouvons pas tous y contribuer de la même manière, mais nous pouvons tous créer en nous et autour de nous un esprit d’accueil… La Vierge Marie peut nous y aider… Elle en a fait l’expérience, elle, quand – fuyant la violence du roi Hérode – elle a dû partir sur les routes de l’exil, avec un enfant dans les bras…

L’ange dit : « Cours, et va dire que ma ville doit rester une ville ouverte ! » (Za 2,8).

+ Jean-Luc Hudsyn – 26 septembre 2015