
A l’occasion du Vendredi saint, voici l’homélie prononcée par Mgr Hudsyn lors de l’office de la Passion à Notre-Dame de Basse-Wavre.
Jésus est déposé au tombeau. Sur la croix, Il a été jusqu’au bout de lui-même : il a été condamné pour avoir annoncé un Dieu qui aime sans mesure, sans condition, et surtout sans frontière.
Il ne s’est pas renié lui-même : il a été jusqu’au bout de l’amour, jusqu’au bout du don, jusqu’au bout du pardon. Alors « inclinant la tête, il remit l’esprit » nous a dit S. Jean. L’Evangéliste choisit ses mots. Il ne dit pas que Jésus expira. Il dit : « Inclinant la tête, il remit l’esprit ».
Inclinant la tête, l’inclinant vers nous, l’inclinant vers moi, il me remet son esprit, il me le confie, il m’en fait le don. A la confirmation ce sont les paroles qu’on nous dit : « Sois marqué de l’Esprit-Saint, le don de Dieu », le don que Dieu te fait.
A la mort de Jésus, pour saint Jean, la résurrection et la Pentecôte sont en marche ! L’Esprit-Saint prend le relais pour nous faire entrer, de l’intérieur, dans ce don que le Christ a fait de sa vie, dans cet amour infini du Père qu’il était venu annoncer à tous, en parole et en acte.
Il nous remet ce souffle qui, sur la croix, ne l’avait, en fait, jamais abandonné :
Il nous remet son Esprit de pardon qui lui a fait s’écrier : « Père, pardonne-leur » – et cela il continue de le dire : « Père, pardonne-leur – Père », pardonne lui… il ne sait pas, elle ne sait toujours ce qu’ils font… Il nous fait porteur de pardon, de compassion, de réconciliation.
Il nous remet son esprit d’unité, d’amitié, de communion quand il confie sa mère et son disciple bien-aimé, l’un à l’autre ; il fonde ainsi l’Eglise. Et il continue de nous la confier. Il nous confie les uns aux autres pour que nous soyons en ce monde signe de fraternité, signe de communion
Il nous remet son Esprit qui est désir, désir de Dieu, désir de nous, de chacun de nous. Cet Esprit qui lui fait dire : « J’ai soif ! ». Soif de Dieu et de son amour. Soif de nous et de notre amitié comme quand il dit à la Samaritaine : « Donne-moi à boire ».
Laissons-le-nous remettre son Esprit pour que nos cœurs si souvent dispersés gardent en eux cette soif, ce souci de Dieu. De ce cœur ouvert, jaillit ce que tous nous cherchons tant et de tout côté : cet amour qui manque tant à nos vies et à ce monde.
Laissons-le-nous remettre son Esprit pour que nous gardions toujours le souci de nos frères. Il nous confie les uns aux autres pour qu’en Lui, par cet amour reçu de lui, cet amour qui aime sans mesure, sans condition et sans frontière, nos chemins de croix deviennent chemins de Vie.
+ Jean-Luc Hudsyn