
Mgr Jean-Luc Hudsyn a présidé la Vigile pascale en l’église Saint-Nicolas à La Hulpe. Comme dans tant d’autres églises en Brabant wallon et ailleurs, des adultes ont été baptisés. C’est ainsi que Mgr Jean-Luc Hudsyn a baptisé et confirmé Elise et Madeleine en cette nuit pascale, nuit qui célèbre notre renaissance. Voici l’homélie que Mgr Jean-Luc Hudsyn a prononcée lors de cette célébration.
Dans cette douce lumière prise au Cierge pascal, nous avons ouvert le livre des Ecritures. Et que nous a dit la Parole de Dieu en cette nuit de Pâques ?
D’abord que Dieu est créateur. Et qu’il continue de l’être. Depuis le commencement, il lutte contre le chaos et les ténèbres pour que jaillisse la beauté de la lumière et de la vie. Aujourd’hui encore, il nous appelle à vivre à sa ressemblance : être créateur de vie avec lui, telle est notre vocation d’hommes et de femmes. Son Esprit créateur continue de reposer sur nous : la confirmation d’Elise et de Madeleine nous le rappellera tout à l’heure.
Dans le récit du passage de la Mer Rouge, nous voyons Dieu qui entend les cris de son peuple écrasé, meurtri. Aujourd’hui encore, pour tous ceux qui souffrent, il veut ouvrir des passages inespérés. Il nous appelle à être, comme Moïse, des artisans de justice, de délivrance. Il nous invite avec empressement à nous libérer de tout ce qui aliène l’homme, de tout ce qui nous met en esclavage ; de tout ce qui empêche d’aimer vraiment et d’être solidaire.
Nos cœurs sont en quête de vérité et de sens. Isaïe nous a invités à ne pas nous dépenser vainement, à ne pas courir derrière ce qui ne rassasie pas. Soucie-toi de cette vraie sagesse dont parlait Baruch. Soucie-toi de ce qui peut te rendre fécond : ce cœur nouveau, ce cœur de chair que promet Ezéchiel à ceux qui se laissent laver par l’eau dans laquelle nous allons baptiser Madeleine et Elise.
C’est ce qu’évoquait saint Paul. En grec, « être baptisé », cela veut dire littéralement « être plongé » : plongé dans l’amour de ce Dieu qui est créateur de vie, qui vient nous tirer de nos impasses, qui comble notre soif, qui fait bonifier notre cœur. Invitation, dit Paul, à devenir des « vivants » : « vivants pour Dieu en Jésus-Christ ». Nous allons renouveler tous ensemble l’engagement de notre baptême : devenir des « vivants pour Dieu en Jésus-Christ ».
Puis, nous avons entendu proclamer l’Évangile de la Résurrection.
Tout ce parcours… cela a pris un certain temps… et je voudrais méditer justement sur cela. La création, le combat contre le chaos originaire a pris 7 jours. Cette histoire sainte d’un Dieu qui se révèle pas à pas, que son peuple comprend avec des hauts et des bas… cela a pris des siècles. Depuis la mort de Jésus au Golgotha jusqu’à la révélation de sa résurrection, cela a pris trois jours. Pour Elise et Madeleine, demander le baptême… cela aussi a pris du temps.
Je voudrais souligner cela : le mystère de la résurrection, ce n’est pas un conte de fée ! Où tout se passe ou devrait se passer comme avec un coup de baguette magique… Ça, ce serait effectivement de la magie… Le long silence du samedi saint vient nous dire que la victoire de Dieu sur la mort et sur le mal, pour nous les hommes, cela demande du temps. Du temps pour se frayer un chemin dans l’histoire, dans nos histoires de vie, en nous. Ce Dieu qui s’est fait chair, doit faire avec le temps, avec l’épaisseur de l’humain, avec les lenteurs de notre cœur, avec les détours que nous avons l’art de prendre, avec nos résistances. Il faut du temps pour que nous comprenions ce Dieu, plus fort que la mort, plus fort que la haine. Pour le laisser faire œuvre de résurrection en nous, et en chacun, cela demande de longues germinations sous-terraines.
Ce semeur avisé qu’est le Christ sait bien qu’avec nous, il ne fait pas des semis à pousse rapide ! Que la foi n’habite pas nos cœurs, comme on pose, pour aller vite, des rouleaux de pelouse toute faite !
Bien sûr, fêter Pâques c’est croire que la résurrection est acquise. Qu’elle l’emportera.
C’est croire que cette résurrection nous attend et ceux qui nous ont quitté. Et c’est croire aussi qu’elle est déjà en route. Mais -cet évangile nous le dit bien- cette promesse, cette annonce ne se fait pas en plein midi, en plein soleil, mais dans les premières lueurs de l’aube. Pâques, c’est un passage, une transformation de notre regard, de notre foi, dont il ne faut pas s’étonner que cela prend du temps. Croire au Ressuscité, c’est apprendre à croire que Dieu ne nous abandonne pas, qu’il nous tire du côté de la vie, qu’il nous dit qu’un relèvement est toujours possible, qu’un chemin est ouvert… mais cela prend du temps pour s’éclairer en nous. Il nous est seulement donné de lui faire foi, de miser avec confiance que du neuf est toujours possible et qu’au bout du chemin la lumière peut resurgir, la pierre être roulée.
La résurrection c’est donc aussi pour nous une mission : être, avec lui, source de vie, d’espérance, de remise en route pour ceux qui nous entourent et pour ce monde. Faire l’expérience du Ressuscité demande d’aller en Galilée : là où les apôtres avaient leur famille, leur métier, leur quotidien… Et là, mettre cet amour qui ressuscite, du courage, de la joie de vivre… Alors, si nous avons des yeux qui voient et un cœur qui cherche, vous verrez que, oui, comme il l’a dit, le Christ est vivant et agissant !
31 mars 2018