Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

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Noël 2018 – Homélie de Mgr Jean-Luc Hudsyn

Mgr Jean-Luc Hudsyn a présidé la messe de Noël ce 25 décembre 2018 à Limal. Voici le texte de son homelie.

Tout au long de cette nuit, les messes de Noël ont fait leur ronde autour de la terre. Cette nuit les bergers ont vu se lever une grande lumière : dans l’enfant de la crèche, ils ont vu le Seigneur notre Dieu faire son entrée dans le monde. Maintenant que le jour s’est levé, ce n’est pas pour autant que dans notre cœur, il n’y a pas des zones d’ombre et de tristesse. Ce n’est pas pour autant que malgré les guirlandes illuminées de Noël, nous ne sentons pas combien de choses sombres affligent la vie autour de nous : comme ceux qui nous rappellent en jaune que la vie est rude pouor trop de gens ; ceux qui dans le monde fuient violences ou misères ; ceux que les flots ont emportés ou qui y disparaissent en Méditerranée…

Si Dieu vient se glisser parmi nous à Noël, c’est pour nous manifester ceci : il est celui qui nous rejoint pour tout partager avec nous. Cet enfant qui nait à Bethléem, est bien sûr attendrissant. Peu à peu, il connaîtra tout ce que l’humanité et nous-mêmes pouvons connaitre dans notre chair : joies, fêtes, émerveillements… Mais il connaîtra aussi le tragique qui peut s’abattre sur nos vies : nos épreuves, nos deuils, et jusqu’à cette violence qui s’acharnera un jour contre lui, et qui le conduira sur une croix.

Pourtant, dès les premiers mots de cet Evangile que nous venons d’entendre, S. Jean nous dit que Jésus – lui qu’il appelle le Verbe de Dieu car il vient nous parler de Dieu, lui qui va être comme une extraordinaire parabole vivante de Dieu – Jésus est cette vraie lumière qui brille dans les ténèbres. Qui brille malgré les ténèbres ! Et il ajoute : les ténèbres ne l’ont pas arrêté. Ce que nous fêtons ce matin, c’est donc cette lumière, plus forte que nos ténèbres. Cette lumière que le Christ à Noël vient mettre dans nos vies.
Quelle lumière ? Une lumière jetée d’abord sur qui est notre Dieu. Dieu, personne ne l’a jamais vu, vient de nous dire S. Jean. Comment le connaître alors ? Comment ne pas projeter sur lui nos rêveries ou nos peurs ? Comment ne pas le créer à notre image ?
La 2ème lecture nous l’a dit : depuis les temps anciens et de bien des manières les prophètes avaient parlé de Dieu. Mais cette fois, Dieu va plus loin : il vient lui-même se faire connaître. Et pas seulement en parole, mais aussi en acte. Il vient à notre rencontre à travers la vie de Jésus, par ses façons d’être, ses façons de faire, ses regards, ses gestes. Tout en lui parle de l’étonnante tendresse de Dieu, de sa bienveillance sans limite, de ses appels à sortir de nous-mêmes, à ne pas nous contenter d’une vie tiède, égocentrée. Il nous le demande, parfois avec insistance mais sans qu’il renonce jamais à sa miséricorde et à son pardon. Voilà pourquoi Noël reste envers et contre tout cette fête qui fascine, qui parle d’amour et de paix même à ceux qui ne partagent pas notre foi.

A Noël, se révèle aussi que notre Dieu vient à notre rencontre sans jamais s’imposer, sans exiger. Il vient comme cet enfant qui nous tend les bras. Mais Noël n’est pas une réalité du passé. Noël continue ! Ce que chantaient les anges continue aujourd’hui : qui que nous soyons, où que nous en soyons, nous faisons partie de ces hommes et de ces femmes que Dieu aime. Pour lui, chacun en vaut la peine. Pour Dieu, chacun, chacune ici lui est précieux, quelle que soit son histoire, ses détours et même ses égarements… Il ne nous le dit pas de loin, depuis le balcon du ciel. Il vient dans notre chair. Il est ce Dieu proche, si proche que nous pouvons le tutoyer. Noël n’est pas seulement une fête fraternelle. Elle nous parle – de façon audacieuse – de la fraternité de Dieu : son Fils se fait notre frère ! Si Dieu s’est fait chair un jour, c’était pour continuer de faire lever sur chacun de nous la lumière de sa bonté, la lumière de son amour infini. Un amour si grand que parfois nous n’osons y croire. Aussi, il nous envoie ce petit, cet enfant pour nous apprivoiser… Pour nous donner confiance, pour nous donner de l’espérance et mettre ainsi de la paix dans notre cœur. Avec cette promesse : que son amour pour nous sera plus fort que la mort et que toute haine. Que nos nuits déboucheront un jour dans la lumière de son amour pour une plénitude qui totalement nous dépasse.

Mais une rencontre cela se vit à deux. Noël ne sera vraiment une fête de la rencontre entre Dieu et notre humanité à chacun si nous prenons nous aussi notre part dans cette rencontre. Cet enfant qui nous tend les bras a besoin qu’on le prenne dans nos bras, dans notre cœur. Il faut donc qu’on s’occupe de lui ; qu’on accepte, comme dit S. Jean, de devenir enfants de Dieu. Et de vivre en enfants de Dieu.

A nous donc de faire comme les bergers qui sont partis à la recherche de Jésus. Où le trouver ? Il est ce Verbe qui habite le livre de sa Parole. Sa crèche c’est aussi la Bible, ce sont les Evangiles. Il peut naître et habiter en nous par la prière. Il vient renaître en nous à chaque eucharistie. En même temps, aller à la recherche de Jésus c’est aller à la rencontre des autres. Prendre soin de ceux qui nous entourent, de ceux qui nous sont confiés. Etre sensible aux plus pauvres, c’est prendre soin de lui. C’est continuer avec le Seigneur d’incarner l’amour de Dieu. Quelle extraordinaire lumière jetée sur le sens de notre vie !

Mettre l’amour au monde, et donc mettre Dieu au monde… y a-t-il plus belle et plus noble mission ?

+ Jean-Luc Hudsyn