
Sœurs et frères,
Hier soir, dans cette église et partout dans le monde, des feux ont brillé : en pleine nuit, des chrétiens se sont rassemblés pour célébrer la résurrection du Christ, lumière du monde, lumière pour notre vie. Et nous joignant à cette bonne nouvelle, nous voici nous aussi rassemblés pour célébrer en fait une double victoire.
La première, c’est cette promesse de Jésus qui se réalise : la mort n’aura pas le dernier mot. C’est la confiance que nous faisons au Christ : la mort sous toutes ses formes n’aura pas le dernier mot.
La deuxième victoire du Christ que nous célébrons à Pâques, c’est l’annonce que l’amour qu’il a vécu, a été plus fort que la haine. Que c’est l’amour qui triomphera et non le mal. Dans le contexte de ces jours de violence que nous avons connus, en ces jours où proches de chez nous tant d’hommes, de femmes et d’enfants ont été meurtris dans leur corps et dans leur cœur, cette annonce de Pâques prend un relief particulier. Et aussi une gravité certaine.
Pour entrer dans la bonne nouvelle de la résurrection, les femmes parties au tombeau ont dû rencontrer ces mystérieux messagers qui leur disent : « Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était avec vous en Galilée ».
Alors oui, rappelons-nous : qui est celui que Dieu a ressuscité de la mort, qui est-il celui qui est vainqueur de la mort ? C’est celui qui nous a surtout parlé d’un Dieu bon, miséricordieux, un Dieu qui ne cesse de nous ouvrir les bras. Les paraboles qu’il racontait en étaient imprégnées : rappelez-vous ce bon pasteur qui ouvre ses bras pour sa brebis perdue ; ce bon samaritain qui ouvre ses bras au blessé abandonné ; ce père du fils prodigue qui court vers lui pour le prendre et le serrer dans ses bras…
Et Jésus ne faisait pas que dire cela : il l’a vécu intensément, accueillant chacun, même ceux qu’on trouvait infréquentables ; se faisant proche de tous, pardonnant ; appelant à croire qu’avec lui on peut toujours renaître, recommencer, repartir. Certains ont trouvé que ce n’était pas une bonne nouvelle, parce qu’ils préféraient qu’il y ait clairement les bons d’un côté et les mauvais de l’autre ; trouvant qu’on est mieux entouré de murs plutôt que d’abaisser des ponts. Trouvant que ce Dieu-là est trop hospitalier à tous ! Or, même sur la croix, Jésus a gardé les bras grands ouverts : pardonnant à des gens qui étaient pourtant sans pardon, promettant le ciel au larron qui se tourne vers lui. Avec ce cœur transpercé mais dans lequel saint Jean a vu jaillir l’amour débordant de Dieu qui, face au mal et à la haine, va irriguer la terre entière pour apporter la vie.
C’est ce Jésus-là, que Dieu a fait vainqueur de la mort sous toutes ses formes. Cette mort, nous la vivons tous d’une façon ou d’une autre : un être cher qui disparaît… le malheur qui vous tombe dessus… une erreur de parcours… Pâques vient nous dire que ce n’est pas comme un tombeau qui se referme et qui supprime toute espérance. Pâques c’est le Christ qui vient nous prendre par la main pour un nouveau départ toujours possible. Bien sûr, Pâques ne nous dit pas que les choses, magiquement, seront comme avant. La Résurrection n’a pas fait revivre Jésus comme avant ! Pâques, c’est une porte qu’il nous ouvre sur un chemin nouveau, sur une nouvelle vie possible.
C’est cela l’espérance que nous célébrons : le Christ est cette présence réelle de Dieu – y compris en nous – qui nous pousse toujours vers le commencement de quelque chose de neuf. Il est en nous comme une semence d’espoir, une confiance qui peut recommencer : retrouver une confiance en soi, retrouver une confiance dans les autres, retrouver une confiance en Dieu.
Cette foi, elle se vit en communauté, avec d’autres : pour se soutenir, pour s’encourager, comme les femmes qui vont trouver les apôtres. Eloïse-Marie qui va être baptisée – Charlotte , Louise et Laetitia qui vont faire leur première communion, auront besoin elles aussi d’être entourées, accompagnées pour découvrir ce trésor qu’est notre foi, pour apprendre à reconnaître que Jésus est vivant et agissant dans leur vie et à quels signes le reconnaître.
Nous aussi nous avons besoin de cela. Quand les femmes ont parlé du Christ ressuscité… il y en a eu pour dire que c’était du délire ! Il y en a aussi pour dire autour de nous que notre foi est d’un autre temps ; beaucoup est fait pour que nous laissions la question de Dieu de côté. Tant de choses inessentielles veulent nous distraire de l’essentiel.
Le baptême d’Eloïse-Marie nous remet devant notre baptême : laissons-nous re-baptiser, c.-à-d. ’replongés’ dans l’amour de notre Dieu. Avec Charlotte, Louise et Laetitia, re-communions avec intensité au Christ : il est ce Vivant qui fait route avec nous. Il est ce levain en nous qui nous invite avec lui à être semeurs de ce qui ne mourra pas : la bonté, l’amour vrai, la miséricorde. En ce monde qui en tant besoin, soyons ainsi avec le Christ des semeurs d’espérance et de résurrection !
+ Jean-Luc Hudsyn