Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

Église catholique en Brabant wallon

 

Mercredi des Cendres 2017 – Homélie

Voici l’homélie que Mgr Jean-Luc Hudsyn a prononcée en ce jour de début de carême.

Nous prenons notre départ pour monter ensemble vers Pâques. Les lectures de ce jour sont comme une feuille de route qui nous donnent les bonnes consignes pour arriver là où nous allons : nous allons vers Pâques, pour vivre plus pleinement avec le Christ, pour vivre plus pleinement toute chose par lui et en lui, le ressuscité, le Vivant, la pierre angulaire de nos vies.

C’est pourquoi à Pâques, nous allons renouveler nos engagements de baptême – d’autres (jeunes et moins jeunes) vont se faire baptiser. Nous allons avec eux nous « replonger » dans l’amour de Dieu notre Père ; nous replongés dans le Christ et sa Parole ; nous laisser re-plongés dans son Esprit : lui qui nous attire vers Dieu et vers notre prochain.

Pour vivre ce carême comme un temps de renouvellement de notre foi, comme une sorte de retraite de 40 jours vécue ensemble avec nos frères et sœurs chrétiens de par le monde entier, l’Evangile nous énonce trois bonnes façons de faire que Jésus a lui-même pratiqué : l’aumône, la prière et le jeûne.

Il me semble que ces trois appels de l’Evangile rejoignent ce que l’Ecriture attend de nous : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain, et tu l’aimeras comme toi-même » !

Durant ce carême nous allons donc raviver notre amour de Dieu. La voie royale – mais pas unique – pour aimer Dieu, c’est la prière. Jésus la pratiquait avec intensité, tout l’Evangile en témoigne.

En ce monde sécularisé qui est le nôtre, Dieu est facilement relégué à la périphérie de nos préoccupations, de nos choix, de nos urgences. Alors quand nous sommes invités – et à juste titre – à sortir vers les périphéries de l’existence… n’oublions pas non plus que celui qui est parfois à la périphérie de nos vies… c’est le Seigneur !

Le prophète Joël nous a fait entendre la voix de Dieu qui nous dit : « Revenez à moi de tout votre cœur » ! Nous allons donc remettre de la fraîcheur dans notre amitié avec Dieu. Comme on le fait dans toute amitié vraie : en amitié, aimer c’est écouter l’autre, chercher à le connaître, s’émerveiller de lui, discerner ses désirs profonds. Nous allons le faire à avec le Seigneur à l’aide de sa Parole, de la prière, des sacrements. Le carême c’est prendre du temps pour prendre soin de Dieu et l’aimer davantage

Mais prendre soin de lui, nous dit le Christ, c’est aussi prendre soin de notre prochain. C’est ce que vise la pratique de l’aumône : vivre le partage, vivre un amour de l’autre et des autres qui soit généreux, bienveillant. Vivre le carême, c’est donc laisser Dieu nous dire aussi : « Revenez vers vos frères et de tout votre cœur ».

Nous allons prendre le temps de regarder les autres – proches ou lointains – comme Dieu les voit : tous ils sont ses enfants ! Il nous invite à voir en eux des frères et des sœurs qu’il nous donne, qu’il nous confie : chacun avec son visage, avec son histoire, avec ses besoins. Cela ne se fait pas sans renoncement à soi-même ; cela demande une conversion : entrer dans cette hospitalité, cette miséricorde qui ne vient pas de nous mais que seul l’Esprit-Saint peut mettre en nous. Cela se travaille de l’intérieur, cela demande de s’y exercer… Le carême est fait pour cela : c’est un temps pour prendre soin de son prochain. A chacun de le discerner : vers qui le Seigneur me demande de me faire plus proche ? Etre – comme dit S. Paul – des « ambassadeurs du Christ » auprès de nos frères proches ou lointains.

Mais nous ne serions pas de bons serviteurs de l’amour, de bons ambassadeurs de fraternité si nous vivons par rapport à nous-mêmes de la honte, du mépris, si nous sommes découragés de nous et dans la mésestime de nous-mêmes. Le carême c’est apprendre à aimer Dieu et les autres sans modération mais cela demande aussi de nous aimer nous-mêmes avec justesse : nous réconcilier avec nous-mêmes. Croire que malgré nos faiblesses et notre péché, nous sommes aimables aux yeux de Dieu ; qu’il nous fait confiance, qu’il ose espérer en nous. Cette réconciliation dont parle Paul cela passe par l’accueil du pardon de Dieu. Cela passe aussi par le jeûne : par un désencombrement de nous-mêmes ! Jeûner par rapport à ces assuétudes de toutes sortes qui parfois nous abêtissent, nous abîment ou nous asservissent.
Jeûner de ce qui nous empêche d’être vraiment nous-même dans le meilleur de ce que nous sommes. A chacun de voir comment s’alléger, comment tester sa liberté par rapport à ces attachements qui nous empêche finalement de vivre disponibles pour cet essentiel : aimer Dieu et notre prochain comme nous-mêmes ! Le carême pour retrouver le goût et la joie d’être des vivants dont la source est le Christ ressuscité !

+ Jean-Luc Hudsyn

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