
C’est ce dimanche 17 mars 2019 que l’Unité pastorale de Dion a été envoyée en mission par Mgr Jean-Luc Hudsyn. Voici le texte de l’homélie que Mgr a prononcée lors de la messe de lancement.
Les lectures de ce dimanche étincellent de lumière : torche enflammée qui traverse le campement d’Abraham ! Corps glorieux évoqués par S. Paul ! Eclat du Christ transfiguré sur la montagne !…
Toute cette lumière pour rallumer en nous ce matin, ce lien, cette amitié, cette alliance entre Dieu et l’humanité, entre Dieu et chacun d’entre nous que le Christ est venu nous révéler. C’est ce que le carême vient raviver en nous : nous inviter à vivre notre vie comme une alliance : une alliance avec Dieu, une alliance entre nous. Ceux et celles qui portent ici une alliance (dont moi !) nous comprenons ce qu’il y a dans ce mot « alliance »… L’étymologie du mot le dit : « alligare » – être lié, être relié. Nous sommes souvent comme Abraham qui dort : oublieux de cette reliance dont le baptême est le signe, le sacrement : nous avons été comme plongés dans cette relation d’amour avec Dieu qui désire faire de nous des alliés, des partenaires, dans une relation d’appartenance mutuelle, dans un lien intime fait d’affection et de tendresse. Parfois, cette relation, cette alliance couve en nous sous la cendre ! Le carême vient justement pour relancer ce feu !
Il nous rappelle aussi qu’avec Dieu, cette relation d’alliance a des couleurs tout-à-fait particulières. Dans la 1ère lecture, le livre de la Genèse nous parle d’un rite d’alliance qui remonte à la nuit des temps. Quand deux clans voulaient conclure un pacte d’alliance, les deux chefs de clans passaient ensemble en procession entre deux rangées d’animaux coupés en deux. Cela fait, l’alliance entre eux était conclue ! Ici dans ce récit, Dieu veut faire alliance avec Abraham… Mais Dieu ne va pas respecter le protocole en usage ! Il passe tout seul sans attendre Abraham qui comme par hasard est ailleurs, dans les bras de Morphée ! Cela veut dire quoi ? Que dans son alliance avec nous, Dieu n’attend pas qu’on s’y engage avec lui, il y va ! Il nous promet son soutien, son amitié, sans poser de condition. Il ne dit pas si tu m’aimes je t’aimerai ! Son amour est inconditionnel. Il est toujours celui qui fait le premier pas !
Ce dimanche vient éclairer cette bonne nouvelle : être croyant, à la suite du Christ, c’est se reconnaître précédé par un amour infini. Etre fils et fille de ce Dieu-là, c’est s’émerveiller qu’il s’est lié à notre humanité, sans même se retourner pour voir si Abraham le suivrait. Dieu nous a adopté chacun, chacune ici, par pur amour, sans préalable, gratuitement !…
Dans sa prière, c’est cela que Jésus allait faire : se replonger dans cet amour de son Père qui inspirait tout ce qu’il disait, qui animait tout ce qu’il faisait. C’était son secret. S’il se retirait sur la montagne, c’était pour rejoindre ce buisson ardent qui brûlait en lui. C’était pour rejoindre cette Alliance qui était sa vie-même. Prier pour se rendre écoutant et s’entendre dire et redire : Toi aussi, tu es mon fils, tu es ma fille que j’ai choisi d’aimer sans retour. – Crois cela !
Le carême vient nous inviter à être éveillé à cette alliance, et à ce que cela peut changer en nous. Ce qui change c’est que notre vie – avec ses joies et ses peines – nous les vivons accompagnés, avec Dieu comme allié. Pas en solitaire. Comme pour Jésus, une présence nous accompagne, nous soutient, nous illumine de l’intérieur, même si c’est dans le clair-obscur du quotidien. « Je la connais cette source en moi, disait Jean de la Croix, je la connais et je l’entends, même si c’est dans la nuit »…
L’alliance avec Dieu ne supprime pas le réel : mais elle peut le transfigurer. Nous savons combien une parole d’alliance, – un je t’aime – un je te fais confiance – un je te pardonne – même un silence mais qui écoute, combien cela peut transfigurer un visage, rallumer un regard. Combien des gestes d’alliance, de partage, de solidarité, peuvent ranimer l’espérance, la confiance, redonner une dignité… St Paul nous dit même que l’amour de Dieu ira jusqu’à transfigurer tout notre être, nos pauvres corps – comme il dit – avec leurs blessures, leurs faiblesses. Et cela dès maintenant d’ailleurs. Nos gestes d’amitié, nos alliances les plus humbles… peuvent transfigurer notre vie et celle des autres, peuvent éclairer nos visages.
Dans une Unité pastorale, le but n’est pas de tout faire ensemble. Chaque paroisse garde sa mission. Mais on crée des alliances. On s’allie dans certains domaines pour mieux annoncer l’Évangile, pour mieux vivre votre mission dans le domaine de la catéchèse, des jeunes, la solidarité et le ressourcement, l’attention aux malades et aux aînés, la communication qui favorise la communion. Pour reprendre S. Paul, le but c’est de faire du corps de l’Église ici dans vos villages un corps vivant, qui reflète davantage encore ce grand amour de Dieu qui veut se donner à tous et sans condition.