
A vous prêtres, diacres, animateurs pastoraux, chrétiens, amis qui portez le souci de notre Eglise en Brabant wallon
Chers amis,
Cette année, ce fut un été amer pour les amis de la paix. En particulier durant le mois de juillet, presque quotidiennement la violence et la haine attentaient à la vie d’innocents : depuis le massacre de Nice jusqu’à ce sentiment soudain que Tibhirine faisait irruption près de chez nous avec l’Abbé Jacques Hamel égorgé en pleine église. Pendant ce temps, bombardements, attentats-kamikaze, rapts et viols se poursuivaient au Moyen-Orient.
Les jeunes présents en Pologne aux JMJ n’étaient pas là-bas avec la tête ailleurs : jour après jour, nous avons porté dans notre prière la souffrance de tous ces drames. Nous avons vécu un face à face douloureux avec l’horreur et la cruauté des hommes quand, entre autre avec les groupes de nos paroisses, nous avons visité les camps de concentration et d’extermination de Majdanek et de Birkenau. Impossible de ne pas s’interroger sur le mal et ses engrenages mortifères : les mépris, les supériorités, les indifférences, les complicités progressives qui ont fini par semer la mort à une telle échelle… hier, et hélas, aujourd’hui encore.
Devant une telle complexité du mal, il n’y a évidemment pas de réponses simplistes. Peut-être des paraboles en acte qui indiquent un chemin, qui sèment de l’espérance. Je crois que les JMJ font partie de ces réalités collectives qui laissent une empreinte et changent les cœurs. C’est quand même inédit au plan mondial qu’une telle fraternité joyeuse entre jeunes venus de tant de pays ! Quel témoignage que cette rencontre des cultures et des générations que nous avons vécue au sein des paroisses et des familles d’accueil polonaises à l’hospitalité si généreuse ! Quelle profondeur aussi dans ce rassemblement – non sans exigences – fondé sur la foi et la quête de Dieu, unissant prière, catéchèse, partage dans un réel souci d’ouverture à l’autre. Le Pape François n’a pas manqué d’y insister : « Notre réponse à ce monde en guerre a un nom : elle s’appelle fraternité, elle s’appelle lien fraternel, elle s’appelle communion, elle s’appelle famille. Nous célébrons le fait de venir de diverses cultures et nous nous unissons pour prier… » (Veillée du samedi 30 août). Les médias et le monde entier qui voyaient cela me semblent avoir pressenti – particulièrement cette année-ci – qu’il y avait là comme une réelle promesse pour le vivre-ensemble et une espérance possible.
Avec cela, bien évidemment, tout n’est pas dit… mais quelque chose a été dit et expérimenté : la manière dont se sont vécues ces deux semaines de JMJ avec les groupes des diocèses – Cracovie n’en était que le bouquet final – a marqué les jeunes en profondeur. C’était comme une retraite d’un genre tout particulier qui portera en eux des fruits d’humanité et de foi. J’en profite pour remercier les prêtres, spécialement – et on le comprendra !… – ceux du Brabant wallon, les séminaristes, les religieuses et religieux qui ont accompagné les groupes issus de nos paroisses. Ils n’ont vraiment pas ménagé leurs énergies ! Sur ces jeunes, on pourra compter en particulier dans la vie des Pôles-Jeunes de notre Vicariat.
« L’année de la Miséricorde » se poursuit jusque fin novembre. La clôture de cette Année Sainte se déroulera pour le Brabant wallon en la Collégiale de Nivelles le dimanche 13 novembre à 15h30. Ce sera l’occasion de rendre grâce ensemble pour tous les beaux fruits que cette année sainte aura pu donner. Vraiment très nombreuses ont été les initiatives : des récollections – des conférences et des sessions – des pèlerinages de paroisses ou d’Unités pastorales vers une des églises jubilaires – des démarches diverses par groupes : visiteurs de malades, catéchistes, personnes précarisées, religieux, moines et moniales, et je retiens – particulièrement émouvante – ce moment de marche en silence des prêtres à travers champs entre Bois-Seigneur-Isaac et Nivelles.
Durant cette année pastorale, on ne va pas prendre de nouveau « thème » à approfondir ensemble au sein des divers diocèses : les évêques de Belgique sont d’accord pour observer une trêve à ce propos… laissant à chaque région pastorale d’approfondir ses propres priorités. Bien sûr, nous allons poursuivre les grands chantiers du Vicariat. Le risque c’est parfois de vouloir faire du neuf sans la continuité et la patience nécessaires pour les mises en œuvre qui demandent du temps et de la fidélité.
Je cite pour mémoire :
- Les Unités pastorales : la création de nouvelles Unités pastorales s’est poursuivie durant l’année 2015-2016. De 11 elles sont passées à 17. Le lancement de deux autres UP est imminent… Sur un total de 30 UP prévues pour l’ensemble du Brabant wallon, il en manque 11 à l’appel… On va continuer d’y travailler !
- Le renouveau catéchétique : ‘normalement’ cette année, toutes les paroisses devraient avoir commencé la nouvelle façon d’envisager les parcours de catéchèse. On peut dire qu’on y est …presque ! L’information sur les méthodes, les bilans en paroisse ou en UP, la formation des divers partenaires, tout cela va se poursuivre. En appui pour chacun, l’équipe du Service de la catéchèse ne ménagera pas sa présence et ses conseils.
- L’équipe responsable de la Pastorale des jeunes s’est partiellement renouvelée, plus décidée que jamais à soutenir les animateurs de jeunes au plan local. On a pu voir lors d’une rencontre en juin dernier combien ils sont nombreux et motivés !
En cette année de la Miséricorde, je voudrais souligner et encourager l’engagement des membres des diverses équipes d’aumôneries du Vicariat. Ils vont à la rencontre de ces hommes et de ces femmes qui avaient toute l’attention de Jésus lui-même. Je pense aux équipes d’aumônerie hospitalière que je rencontrerai durant cette année sur leur lieu de mission. Je pense aussi aux prêtres, diacres et laïcs qui assurent une présence combien importante dans les maisons de repos ou à domicile. Je pense aussi aux équipes d’aumônerie de prison dont je peux apprécier régulièrement l’engagement. Il y va de la crédibilité de l’Eglise que d’être ce signe qui dit la présence du Christ aujourd’hui auprès des malades, des personnes âgées, des détenus. « Quand l’Eglise écoute, guérit, réconcilie, elle devient ce qu’elle est au plus lumineux d’elle-même, une communion d’amour, de compassion, de consolation, limpide reflet du Christ ressuscité » disait Frère Roger de Taizé.
Je pense aussi à l’accueil des réfugiés. Les chrétiens du Brabant wallon ont répondu nombreux aux appels des évêques pour non seulement les accueillir mais aussi accompagner leur insertion. Plusieurs paroisses et communautés monastiques – malgré les difficultés, et parfois aussi, les réticences – ont œuvré en collaboration avec Caritas International pour offrir une hospitalité de qualité et dans la durée. J’ai d’ailleurs trouvé très touchant de voir que de jeunes réfugiés syriens aient pu nous accompagner pour les JMJ à Cracovie. On a bien senti là que leur présence – et en particulier leur présence croyante – était aussi une chance et un cadeau pour nous tous.
Un des grands points d’attention durant cette année pastorale sera l’Exhortation apostolique « Amoris Laetitia – La joie de l’amour » que le Pape François a publiée suite aux deux synodes consacrés à la famille. Le Service de la pastorale familiale avec à sa tête Madame Myriam Frys-Denis s’y attelle.
Nous allons travailler de façon concertée, en dialogue avec les évêques et les divers services diocésain de pastorale familiale. En ce qui concerne le Vicariat du Brabant wallon, une première rencontre se tiendra le 11 octobre avec les prêtres, diacres et animateurs pastoraux. Nous aurons l’occasion de faire un premier point sur les orientations que devraient prendre la pastorale familiale, la préparation au mariage, l’accompagnement pastoral des situations et des fragilités que les pasteurs rencontrent concrètement.
Mais nous insèrerons cette réflexion dans une perspective plus globale qu’on peut lire entre les lignes de cette Exhortation apostolique : notre approche pastorale des hommes et des femmes de ce temps, notre manière d’entrer en dialogue avec le monde, nos attitudes face aux personnes et à leur vécu, tout cela est-il assez imprégné par le regard et les attitudes du Christ ? Nous nous interrogerons aussi sur ce que demande le Pape en insistant tellement sur le discernement. Autant de questions qui seront travaillées avec les participants ce jour-là. Je suis convaincu que cette « révision de vie » à faire ensemble sur notre façon « d’entrer en conversation » (Paul VI) avec la culture, les autres convictions (religieuses ou non), les situations difficiles que vivent les personnes, peut donner à l’Eglise une nouvelle fraîcheur, une façon de partager et d’annoncer l’Evangile plus ajustée, plus joyeuse et, sans doute aussi plus crédible.
Au plan de la formation, comme annoncé l’an passé, nous avons mis en route des programmes de formation spécifiques aux prêtres. Les échos des sessions sur le Discernement de l’Esprit-Saint, sur la Démarche de Progrès, sont des plus encourageants. Comme – et c’est bon signe – de plus en plus de chrétiens demandent un accompagnement spirituel, nous avons voulu répondre à cet appel : une formation à l’accompagnement spirituel va commencer. Elle sera ouverte tant aux laïcs qu’aux ministres ordonnés dans la mesure où ils répondent aux critères demandés.
Nous allons aussi mettre en place une formation itinérante à la liturgie. Elle va s’adresser à tous ceux qui sont chargés du service de la liturgie au sein des Unités pastorales. Certains s’interrogent légitimement : s’occuper de liturgie, n’est-ce pas se recentrer sur nous-mêmes, sur l’entre-nous des paroisses à un moment où il nous est demandé de sortir de nos cercles, d’être plus missionnaires ? Je réponds à cela que la vie chrétienne est faite de cette alternance sans fin : l’eucharistie nous recentre sur l’essentiel de notre foi et elle nous envoie au monde, porteurs du Christ, de sa vie donnée et de sa Parole. Mais si nous allons au monde, c’est, en retour, pour le conduire au Christ, et en entraîner d’autres à se joindre à nous autour de cette « source » et de ce « sommet » de la foi qu’est l’eucharistie (Vatican II). Et quand notre manière d’être au monde pose question, la réponse qu’on trouve dans l’Evangile c’est de dire : « Venez et voyez »… Quand nous en invitons d’autres à nos assemblées eucharistiques, à des ‘Dimanche autrement’, à des moments liturgiques comme ceux qui jalonnent le nouveau parcours de la catéchèse, encore faut-il qu’il y ait quelque chose de convaincant et de cohérent à voir, à entendre, à célébrer… Les catéchumènes nous disent combien la foi naissante en eux les attire tout naturellement vers le rassemblement dominical, la prière communautaire. Ils attendent que la liturgie paroissiale soit de qualité, porteuse de sens et de beauté, habitée de l’intérieur. Voilà pourquoi mission et liturgie ne sont pas en opposition. C’est donc dans cette perspective missionnaire que nous penserons cette formation liturgique qui prolongera celle que la Faculté de théologie de l’UCL a offerte l’an passé à plusieurs d’entre nous.
Je termine ce tour d’horizon en revenant aux évènements difficiles et douloureux que nous vivons et qui concernent d’une façon ou d’une autre notre rapport à l’Islam. Vis-à-vis des communautés musulmanes qui se trouvent dans notre région, des chrétiens de chez nous n’ont pas voulu en rester sur une attitude défensive, ajoutant de la méfiance à la méfiance. Entre chrétiens et musulmans, ont commencé à naître quelques initiatives de dialogue, des invitations réciproques, des actions de solidarité menées en commun. Cela ne va pas non plus sans susciter parfois des incompréhensions ou des appréhensions.
Dans ce désir de rencontre et de partage, on ne peut se contenter de bons sentiments et d’échanges superficiels. Il faut réciproquement apprendre à se connaître, à oser partager ses peurs, à connaître la religion et la foi de l’autre. Les avancées réelles et durables du dialogue demandent de la bienveillance mais aussi de l’intelligence, du « discernement » sur les visées que nous pouvons partager mais aussi sur les points où nous divergeons. Nous allons donc voir cette année comment mettre en place un lieu-carrefour où les initiatives de dialogue islamo-chrétien prises par des paroisses et des communautés pourront se rencontrer de temps à autre avec divers partenaires – le Brabant wallon ne manque pas de personnes-ressources en ce domaine. Il ne s’agit pas de chapeauter quoique ce soit mais d’échanger et de réfléchir à tout ce qui peut favoriser une connaissance mutuelle, un endiguement de la haine, un refus des généralisations et des simplismes, et surtout une attitude – en ce qui nous concerne nous chrétiens -, une attitude de fond qui se laisse travailler par l’Esprit de Jésus-Christ. Je pense à celui qui savait ce qu’il en coûte de chercher les voies d’un tel dialogue, Christian de Chergé, prieur de Tibhirine : « Le monde serait moins désert si nous pouvions nous reconnaître une vocation commune, celle de multiplier au passage les fontaines de miséricorde ». (L’invincible espérance).
Après un mandat de cinq ans, le Conseil du Vicariat qui m’entoure va être quelque peu modifié. Il va mêler davantage responsables de la Pastorale territoriale et responsables de certains services vicariaux.
Il regroupera régulièrement autour de moi pour cinq nouvelles années :
- mes deux adjoints : le Chanoine Eric MATTHEEUWS et Madame Rebecca ALSBERGE
- Madame Marie LHOEST – responsable des Pastorales de la santé
- Madame Catherine CHEVALIER : responsable du Service de la formation
- Madame Myriam FRYS-DENIS : responsable du Service « Couples et familles »
- Madame Jola MROZOWSKA : responsable du Service de la catéchèse
- L’Abbé Jean-Louis LIENARD : doyen principal pour le Centre du Brabant wallon
- L’Abbé François KABUNDJI : doyen principal pour l’Est
- L’Abbé Alain de MAERE : doyen principal pour l’Ouest
En communion avec notre Archevêque, nous n’avons qu’un seul désir : servir notre Église en Brabant wallon pour qu’elle soit de plus en plus une Église « peuple de Dieu, en accord avec le grand projet d’amour du Père – ferment de Dieu au sein de l’humanité – lieu de la miséricorde gratuite, où tout le monde peut se sentir accueilli, aimé, pardonné et encouragé à vivre selon la bonne vie de l’Evangile » – Cf Evangelii Gaudium, n° 114.
Bonne rentrée à chacun !
Wavre, le 27 août 2016
+ Jean-Luc Hudsyn