
A vous prêtres, diacres, animateurs pastoraux, chrétiens qui portez le souci de notre Eglise en Brabant wallon
Chers amis,
Comme chaque année, à l’occasion de la rentrée pastorale, je voudrais m’adresser à vous tous qui m’avez été confiés comme évêque auxiliaire en charge du Brabant wallon.
Par définition, un évêque auxiliaire collabore avec l’évêque responsable de l’ensemble du diocèse. Au moment où la mission de Mgr André-Joseph Léonard comme archevêque de Malines-Bruxelles touche à sa fin, je voudrais le remercier pour la manière dont il s’est mêlé à la vie de notre Vicariat. Avant de présider la messe chrismale du mercredi-saint à Nivelles, il participait volontiers à la marche des jeunes de la catéchèse. En début de Carême, il animait la récollection des prêtres. Il a fait connaissance des paroisses par la célébration de la confirmation ou des soirées de conférences. Ses visites pastorales récentes dans chacun des doyennés du Brabant wallon se sont révélées, malgré certaines réticences, comme un moment bénéfique pour nos communautés. Par ses célébrations et ses prédications, son attention envers chacun, son souci des personnes malades, des réfugiés, des prisonniers, il soulignait la mission de chacun dans l’Eglise et dans le monde qui nous entoure. L’organisation de ces visites ont permis de rassembler avec bonheur des paroisses qui parfois s’ignoraient. Elles ont souvent fait découvrir même aux pasteurs des aspects méconnus ou trop peu pris en compte de la réalité locale – tant ecclésiale que sociale.
Durant ces visites, il a toujours manifesté qu’il était partie prenante des grandes orientations pastorales du Vicariat du Brabant wallon, et en particulier celles visant le renouveau de la catéchèse et la création des Unités pastorales. Merci à Mgr Léonard pour ces années de pastorat pas toujours faciles. Puisse-t-il maintenant exaucer par d’autres chemins cette prière finale de l’Apocalypse qui lui tient à cœur et dont il a fait sa devise : « Viens, Seigneur Jésus ! »
Je vous invite à prier l’Esprit-Saint pour qu’il inspire le discernement en cours en vue du choix de son successeur. La nomination du nouvel archevêque donnera une couleur particulière à notre année pastorale puisque nous aurons l’occasion d’apprendre à connaître ce nouveau pasteur qui nous sera donné, de l’accueillir et de créer avec lui des liens de collaboration et de communion.
UNE ANNEE SOUS LE SIGNE DE LA MISERICORDE
Le 8 décembre prochain, il y aura cinquante ans que se clôturait le Concile Vatican II. Le Pape François a décidé de célébrer ce jubilé en invitant toute l’Eglise à vivre du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016 – fête du Christ Roi de l’univers – une « Année sainte ». Cette tradition qui remonte au XIVème siècle, mais qui a ses sources dans l’Ancien Testament, met toute l’Eglise en état d’approfondissement de sa foi, de sa prière, de son engagement, pour renouveler la vitalité de son témoignage. Le Pape a mis cette Année sainte sous le signe de la « miséricorde » : un thème qui revient souvent dans son discours, un mot qui est central dans la Bible pour parler de Dieu et difficile à traduire en français. Il vise cette caractéristique de notre Dieu qui ne peut qu’être pris aux entrailles devant la détresse de l’homme et qui, comme le bon samaritain, le bon pasteur, le père qui pardonne, fait tout pour nous guérir et nous relever.
Avec le recul, on voit combien le Concile Vatican II a permis à l’Eglise d’opérer un profond travail de (re)conversion et de ressourcement sur son mystère, sa vocation, sa mission. Pour ces 50 ans d’aggiornamento, le Pape a manifesté le désir de voir l’Eglise entrer dans la contemplation plus intense de la miséricorde de Dieu pour que toute l’Eglise devienne toujours davantage la parabole vivante, le ‘sacrement’ de cette miséricorde de Dieu au cœur de ce monde : « Il y a des moments – dit le Pape – où nous sommes appelés de façon encore plus pressante à fixer notre regard sur la miséricorde, afin de devenir nous aussi signe efficace de l’agir du Père. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu ce Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde, comme un temps favorable pour l’Eglise, afin que le témoignage rendu par les croyants soit plus fort et plus efficace » (Misericordiae Vultus, 3).
Des propositions, un agenda, des outils de mise en œuvre vous parviendront bientôt. D’ores et déjà, j’invite toutes les communautés et paroisses, toutes les composantes de la pastorale locale et vicariale à participer à ce temps de « retraite ecclésiale ». Cette question de la miséricorde de Dieu – bien comprise, bien ancrée dans l’Ecriture, actualisée en profondeur et sans simplisme – touche à toutes les dimensions de la vie en Eglise et de la vie en société. L’enjeu est à la fois spirituel, pastoral, missionnaire, diaconal et sociétal.
UNE ENCYCLIQUE QUI FAIT REFLECHIR… ET AGIR !
Décidément, le Pape ne cesse de nous bousculer ! Il l’a fait récemment en publiant une encyclique qui n’a pas fini de faire parler d’elle. Intitulée « Laudato Si’ » – les premiers mots du Cantique de la création de Saint François d’Assise – elle nous invite dans un style très accessible à réfléchir à notre responsabilité pour « la sauvegarde de notre maison commune », cette terre qui est à la fois « notre sœur » et « notre mère ».Le Pape ne veut pas faire un texte moralisant qui se contenterait d’énumérer une série de devoirs éthiques. Ce texte, certes, appelle notre engagement mais le Pape le fait en venant d’abord toucher en nous ce qui peut vraiment, comme croyants, nous « convertir » de l’intérieur, nous éveiller spirituellement à cette « écologie intégrale » comme il l’appelle. Aussi le chapitre II consacré à une relecture de l’Ecriture et à ce qu’il appelle « l’Evangile de la création » contient des pages particulièrement belles et profondes. Ainsi quand il dit que face au Christ ressuscité, « les créatures de ce monde ne se présentent plus à nous comme une réalité purement naturelle, parce que le Ressuscité les enveloppe mystérieusement et les oriente vers un dessein de plénitude. Même les fleurs des champs et les oiseaux qu’émerveillé [Jésus] a contemplé de ses yeux humain, sont maintenant remplis de sa présence lumineuse » (n° 100). Ou encore quand il souligne que dans le Pain eucharistique « la création est tendue vers la divinisation » et que donc l’Eucharistie est elle-même « source de lumière et de motivation pour nos préoccupations concernant l’environnement » (n° 236).
Ce qui frappe – et on le souligne peu – c’est que jamais une encyclique n’a autant cité des déclarations d’évêques des cinq continents sans compter la parole donnée longuement au Patriarche Bartholomée de Constantinople. En quelque sorte, cette encyclique n’est pas que celle du Pape François : il reprend, confirme et encourage nombre de prises de parole, tant de ses frères évêques que de groupes divers et de ses prédécesseurs.
La fin de cette année verra se réunir la Conférence de Paris sur les changements climatiques. Cette encyclique a clairement toute son actualité. Elle mérite une lecture personnelle mais j’invite vivement communautés, paroisses et mouvements à favoriser une lecture en groupe, en équipe durant toute cette année pour donner chair et prolongement à cette « réflexion, à la fois joyeuse et dramatique (…) pour que, nous chrétiens, nous sachions assumer les engagements que nous propose l’Evangile de Jésus, en faveur de la création » (n° 246).
LE SECOND SYNODE SUR LA FAMILLE ET SES SUITES
Du 4 au 25 octobre se tiendra à Rome le second Synode sur la famille. De nombreuses réponses ont été envoyées au Secrétariat des évêques par des personnes ou des groupes du Brabant wallon qui ont répondu aux questions préparatoires à ce second Synode. Ces contributions aideront Mgr Johan Bonny, évêque délégué pour la Belgique, durant ces trois semaines d’assemblée synodale. Le rapport de synthèse des réponses se trouve sur notre site [http://www.bwcatho.be/synode-sur-la-famille.html].
Le Synode ne se terminera pas fin octobre puisque le Pape devra encore publier les conclusions qu’il tirera des travaux de ces deux synodes. Ce prochain Synode a comme titre : « La vocation et la mission de la famille dans l’Église et dans le monde contemporain ». Nul doute, au vu de toutes les rencontres formelles et moins formelles qui se sont tenues cet été, que la pastorale du couples et de la famille va trouver un nouvel élan et sera pour longtemps à l’ordre du jour à tous les niveaux de l’Eglise. Nous allons porter ce Synode dans la prière et confier dès à présent au Seigneur l’après-synode. L’Esprit-Saint aura certainement à nous enseigner à tous comment être plus attentifs à tous ceux qui ne se sentent pas assez reconnus, accueillis, accompagnés dans leur histoire personnelle ; une histoire parfois si complexe, marquée de brisures douloureuses et qui n’a pas pour autant éteint en eux une quête sincère de Dieu et un désir d’appartenir à son Eglise. L’Esprit aura à nous rendre créatifs pour faire témoigner de façon fidèle mais parfois plus affinée du message libérateur du Christ sur la sexualité, la fécondité, le mariage et la famille.
L’équipe qui portait le Service de « Couples et familles » du Vicariat a terminé son mandat avec un bilan positif et j’ai eu l’occasion de lui exprimer toute ma reconnaissance. Une nouvelle responsable est nommée : il s’agit de Madame Myriam Frys-Denis. Mariée et mère de famille, conseillère conjugale, formatrice issue du CLER (à Paris), elle a collaboré de très nombreuses années avec son mari à la pastorale familiale diocésaine au Cambodge. Merci à elle d’avoir accepté ce défi. L’équipe qui l’entourera est en voie de constitution. La mission du Service « Couples et familles » est d’être ‘au service’ des paroisses et, surtout maintenant, des Unités pastorales pour les aider à soutenir au plan local la vocation et la mission des couples et des familles dans leur diversité. Avec comme priorités bientôt, les orientations qui se dégageront du Synode et qui seront promulguées par le Pape.
LES GRANDS CHANTIERS PASTORAUX DU VICARIAT
Nous n’allons pas ouvrir cette année de nouveaux chantiers pastoraux ! Il nous faut maintenant prendre le temps d’assurer les fondations et les murs porteurs de ces trois orientations pastorales définies il y a deux ans et où beaucoup d’entre vous ont investi générosité et enthousiasme : le renouveau de la catéchèse, la création des Pôles jeunes, la mise en route d’Unités pastorales.
Le renouveau de la catéchèse : ma communication pastorale de l’an passé en a précisé les objectifs et les modalités nouvelles [à lire ici]. Merci à tous ceux qui n’ont pas attendu cette rentrée pastorale-ci pour se lancer dans l’aventure : cela fait quand même 44% des paroisses du Brabant wallon ! C’est en effet en septembre de cette année que tous devraient commencer l’Année d’Eveil pour les enfants qui sont en 2ème primaire. Les échos des paroisses qui ont déjà expérimenté cette année sont plus qu’encourageants : un plus grand travail en commun des catéchistes, une adhésion significative des parents qui découvrent une communauté accueillante, des gestes liturgiques porteurs, une expérience de fraternité. Cela interpelle ceux d’entre eux qui étaient à distance de nos paroisses, et c’est bien un des grands objectifs de ce renouveau catéchétique : rendre la paroisse plus missionnaire en invitant régulièrement les parents et la famille de ces enfants à (re)découvrir la Bonne Nouvelle du Christ en particulier à travers la communauté paroissiale et des temps symboliques de célébration.
Des questions reviennent régulièrement à propos de la Première Communion. Redisons qu’elle peut être célébrée dès la fête de Pâques de la 1ère année de catéchèse (l’année qui suit l’année d’éveil de la foi : les enfants sont à ce moment en 3ème primaire). Il y a cependant des enfants qui depuis très jeunes vont régulièrement à la messe en famille et dont le cheminement spirituel fait naître en eux le désir de pouvoir communier plus tôt. Au regard de la foi de cet enfant, et moyennant une préparation adaptée, les parents peuvent demander au prêtre responsable de la catéchèse d’anticiper cette première communion qui sera célébrée lors d’une messe dominicale en paroisse.
Les Pôles Jeunes : il s’agit d’espaces inter-paroissiaux où sont invités les jeunes après la confirmation dans des cheminements différenciés suivant les âges. C’est assez clair… : il n’est pas responsable de la part de nos paroisses d’offrir aux 7- 11 ans un chemin d’initiation à la vie chrétienne de qualité, et puis de les laisser livrés à eux-mêmes pour continuer à grandir dans la foi ! Dans plusieurs Unités pastorales existent de tels lieux de convivialité et d’accompagnement pour les jeunes. Voilà des initiatives que nous devons absolument multiplier. Je lance un appel pressant pour que des laïcs adultes et des grands jeunes dont ce serait le charisme présentent leur service : le Seigneur a besoin d’eux pour évangéliser la recherche de sens des jeunes et nourrir leurs attentes spirituelles.
Les Unités pastorales : nous comptons déjà 11 Unités pastorales. Nous allons bientôt célébrer l’envoi de 6 nouvelles U.P. Plus que 13 à créer… et le compte devrait y être !! Merci à la petite équipe qui accompagne maintenant la création des nouvelles U.P. Le bilan de cette nouvelle façon de faire paroisse ensemble en révèle toute la fécondité : les paroisses entrent vraiment dans une dynamique plus missionnaire et font une réelle expérience de coresponsabilité.
LA FORMATION PERMANENTE DES PRETRES
Une question retient spécialement notre attention : la formation permanente des prêtres. Déjà, il y a plusieurs mois, nous avons lancé une formation dont l’objectif est d’aider les prêtres à mieux discerner l’Esprit-Saint présent dans leur vie et dans la vie de leur communauté. Ce parcours de plusieurs semaines réunit chaque fois 10 prêtres, des animatrices pastorales et des diacres. Jusqu’à présent, 3 groupes ont vécu cette expérience et tous les participants disent que cela a été profondément marquant pour eux.
Dès la rentrée, nous allons expérimenter une démarche spécifique entre prêtres : leur permettre d’avoir des repères pour leur agir, de se fixer des priorités, de s’évaluer régulièrement. Il est beaucoup demandé aux prêtres. Notre désir c’est de contribuer ainsi à nourrir leur ministère et faire croître leurs compétences au service de tous.
On le voit, les projets ne manquent pas… Mais la pastorale est vaine sans le Souffle en nous du Maître de la moisson. Sainte Thérèse d’Avila dont on clôture le 500ème anniversaire nous donnait ce bon conseil : ‘Le meilleur qu’on puisse faire c’est de reconnaître… qu’on ne peut rien par soi-même !’
Vu l’actualité récente, je voudrais terminer en manifestant tout mon soutien à celles de nos paroisses qui ont décidé de prendre en charge et d’accompagner des demandeurs d’asile. Une belle façon de faire écho à l’appel du Pape et des évêques de Belgique à ouvrir ses portes à l’autre.
Je vous souhaite à tous une belle et féconde année pastorale !
Wavre, le 26 août 2015
+ Jean-Luc Hudsyn
Vous pouvez télécharger et imprimer cette lettre pastorale en ouvrant le document lié.
Voir l’interview de Mgr Hudsyn sur ce sujet – Cathobel (sept 2015)