En début de carême, je vous proposais un livre sur la consolation (d’Anne-Dauphine Julliand). Et nous voilà maintenant à l’aube de Pâques ! Et si la consolation n’avait pas dit son dernier mot ? Ecoutons cette lettre ouverte…
« Le visage de la consolation »
« Je t’ai annoncé la couleur au début de ma lettre : j’ai simplement aperçu un visage, aussi, puisque je ne sais pas peindre, j’essaie de le raconter. C’est le visage de la consolation.
Quelquefois, il a dû t’arriver comme à moi de prier et d’avoir le sentiment que Dieu n’a pas entendu, pas répondu. As-tu déjà perçu sa présence ? As-tu senti, invisible sur ton âme, la caresse de sa consolation ?
Je me souviens d’un jour sombre de ma vie. Pourtant, c’était le jour de Pâques. J’avais tant espéré un bébé. Nous l’attendions depuis quatre ans. On m’avait prévenue que ce ne serait pas facile, impossible même, qui sait. Et puis ce bébé vint. Je me figurais ses petits pieds ronds et doux, et son visage que je connaîtrais. Je chassai cette pensée bien vite, trop tôt, trop fragile encore. En réalité, le cœur ne battait pas. Fini, déjà.
C’était Pâques ; je vomissais, mais pour un bébé dont j’ignorais les traits, qui ne ramasserait pas les œufs dans le jardin de son petit pas branlant. Je me sentais comme un tombeau qui transportait partout un embryon sans vie. Souffrance tellement commune, de tant et tant de femmes de par le monde…
C’était Pâques. J’entrai dans une église ouverte sur un petit parc joyeux. Le Christ dans l’Eucharistie, l’hostie sainte de la messe, était exposé, phare pour les naufragés. Je m’assis, comme un sac qu’on pose, mon corps nauséeux et épuisé affaissé par terre, sans rien attendre, sans rien dire, me tenant simplement près du Ressuscité.
Et me voilà sotte pour te décrire la suite. Il est si difficile d’exprimer l’ineffable consolation de Dieu… un souffle qui ravive des cendres, une paix discrète du cœur, un silence épais qui enveloppe et adoucit, et une joie tellement inattendue soudain, qui dissipait mon abattement, déchirait la tristesse, joie qui ne résolvait rien apparemment, mais j’étais debout, j’étais fortifiée, j’étais restaurée. Le Royaume de Dieu s’était approché, me touchant de son doigt. »
Cet extrait est tiré du livre Lettre à ceux qui attendent la consolation de Bénédicte Delelis (Ed. Mame, Paris, 2023, pp.84-85).
Bénédicte Delelis est enseignante en théologie à Paris mais c’est ici avec une merveilleuse simplicité qu’elle écrit. Cette Lettre à ceux qui attendent la consolation s’adresse à chacun de nous car nous serons tous un jour touchés par la souffrance et confrontés aux grandes questions existentielles telle « Où est Dieu dans toute cette souffrance ? ». L’auteur nous partage de belles expériences de foi qu’elle a vécu personnellement ou qu’elle retrouve dans la vie de personnalités d’hier et d’aujourd’hui : le cardinal Van Thuân, Zélie Martin, maman de Ste Thérèse, …
« Il est des visages de Dieu que l’on n’aperçoit que dans la nuit. C’est à cette expérience que nous convie cette lettre bouleversante de beauté ». Puissions-nous dans nos nuits garder vivant le visage de la consolation, le visage du Christ ressuscité !
Belle fête de Pâques à chacun et chacune !
Véronique,
responsable de la bibliothèque du vicariat du Brabant wallon