Famille Amoris laetitia » et la famille Martin – Chapitre 5
Ce 17 juin 2021, Léonie Martin, troisième enfant de Louis et Zélie, aura rejoint le Ciel depuis 80 ans. L’examen de sa cause en vue d’une béatification devrait bientôt aboutir.
Mais qui est cette « pauvre Léonie », souvent qualifiée comme telle de son vivant ? Dominique Menvielle, spécialiste de la famille Martin, nous la fait découvrir dans le livre Sacrée Léonie, cancre sur le banc des saints (Ed. Emmanuel, 2017).
Dès sa naissance, le 3 juin 1863, Léonie n’est pas épargnée par la maladie : entre autres maux, un eczéma purulent dont elle est soulagée à force d’intercessions à Ste Marguerite-Marie (visitandine de Paray-le-Monial, à qui Léonie gardera une dévotion toute particulière) et qui la retardera dans sa croissance et l’accompagnera toute sa vie. Aussi, le décès prématuré de quatre de ses petits frères et sœurs rend encore plus délicate la place du milieu que Léonie occupe au sein de la fratrie. On ne s’étonne pas dès lors qu’à 14 ans, Léonie est une adolescente difficile. Elle semble n’avoir aucun des dons qu’on retrouve chez ses sœurs. C’est alors que Marie, l’aînée des filles Martin, découvre l’emprise malsaine que la bonne exerçait sur sa jeune sœur depuis neuf ans ! C’est au même âge que Léonie déclare vouloir devenir religieuse, quelques mois seulement avant la mort de sa mère. Et pourtant, toutes ses sœurs entreront dans la vie consacrée avant elle qui devra attendre ses 36 ans et vivre trois tentatives inabouties avant d’entrer définitivement chez les Visitandines de Caen, en 1899. Elle y deviendra Sœur Françoise-Thérèse, sous le double patronage de Saint François de Sales (fondateur de l’Ordre de la Visitation) et de sa jeune sœur, Sainte Thérèse de Lisieux.
Un an avant, en 1898, paraissait l’Histoire d’une âme. A sa lecture, Léonie deviendra le premier disciple de sa sœur cadette, qu’elle affectionne tout particulièrement. Elle écrit à ses sœurs carmélites : « Grandir et rester petite tout à la fois. Voilà ma seule ambition : me cacher comme l’humble violette sous les feuilles de la parfaite soumission ». Ce qui fera dire à l’auteur du livre : « Si Thérèse était la rose, Léonie est la petite violette cachée sous les feuilles du rosier » (p.13). Ce raisonnement, Dominique Menvielle l’étaye au fil des pages : « Plus sœur Françoise-Thérèse voit sa sœur élevée en gloire, plus elle ressent le besoin de s’abaisser elle-même » (p.155). Toute sa vie de religieuse, Léonie sera subalterne, on ne lui confiera jamais un poste de responsabilité. Elle parviendra cependant à transformer son sentiment d’infériorité qui perdure depuis l’enfance en sainte humilité. Cette discipline de toute une vie consiste d’une part à accepter ses limites et à les offrir à Dieu et d’autre part à rendre grâce à Dieu pour les dons reçus et à les faire fructifier.
À Dominique Menvielle de conclure : « Quelle famille n’a pas son « petit canard boiteux » qui désarçonne, surprend, fatigue, impatiente ? […] L’enfant différent […] est aussi l’indication d’une autre route possible pour parvenir au même but. » (p.243) Thérèse a parcouru sa « petite voie » à pas de géant, Léonie l’a fait vaillamment en 78 ans…
Jusqu’à la fin de sa vie, et comme le prévoit la règle de l’Ordre de la Visitation, Léonie effectue chaque année une retraite de dix jours en silence, à l’écart de la communauté. Elle formule ensuite ses résolutions pour l’année. À l’aide du livre Prier 15 jours avec Léonie Martin par sœur Chantal-Marie Rondeau et Solène Mahé (Ed. Nouvelle Cité, 2016), je vous propose d’entrer également dans une démarche de récollection et de bonnes résolutions, bienvenue en cette fin d’année scolaire.
Il y a deux semaines, Joël Pralong nous aidait à surmonter nos échecs et guérir de la dépression grâce à la petite voie thérésienne. Aujourd’hui, vivons au rythme de Léonie, « chantre de l’espérance pour tant de jeunes en difficultés, et pour tous ceux qui sont accablés par l’échec ou l’épreuve » (p.16). Osons, à sa suite, viser la sainteté ! Elle est à portée de tous, comme nous le rappellent les auteurs du livre : « La sainteté serait-elle incompatible avec nos fragilités, nos chutes et nos limites ? Très tôt, Léonie […] comprend que sainteté ne rime pas avec perfection. C’est Dieu seul qui peut accomplir en elle la sainteté qu’elle désire tant. » (p.49)
Léonie, de par son nom de religieuse, réunit deux grands docteurs de l’Église : François de Sales et Thérèse de l’Enfant-Jésus. « Près de trois siècles séparent [c]es deux docteurs de l’Amour […] [mais] leurs enseignements respectifs sont fondés sur des vertus intiment harmonisées : humilité, confiance, abandon, esprit d’enfance, sanctification amoureuse des petites choses. » (p.58) N’attendez plus pour venir vos ressourcer à ces valeurs qui ont guidé la vie de Léonie Martin, en empruntant les ouvrages que je viens de vous présenter et qui sont disponibles au Service de Documentation, et bien d’autres…