Ce dimanche 20 juin à 15h, au nom du cardinal Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr Jean-Luc Hudsyn, évêque auxiliaire, a ordonné prêtre Antonio Luque Benitez, en la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule à Bruxelles.
Voici le texte de l’homélie qu’a prononcée Mgr Hudsyn.
Une vie entière ne pourrait suffire pour habiter ce don que va accomplir le Seigneur aujourd’hui en choisissant Antonio pour faire de lui son prêtre. Les lectures de ce dimanche n’épuisent pas non plus tout ce qu’on pourrait dire de ce mystère si grand : accueillons ce que nous en révèle la Parole ce jour.
Ce passage de l’Evangile de S. Marc nous parle d’une traversée où la barque – la barque de nos vies, celle du monde, celle de l’Eglise – n’est pas épargnée par les flots et les bourrasques. Comment ne pas penser aux bourrasques apportées par cette pandémie qui a d’ailleurs retardé cette ordination… De plus, nous le savons, la barque de Pierre comme la barque de plusieurs communautés sont aujourd’hui mises à l’épreuve. Et puis, il y a nos vies personnelles, avec ces moments où s’insinuent en nous la peur, le doute, parfois le découragement.
Cet Evangile cependant vient à notre secours. Il proclame que, dans ces moments où ces vagues risquent de nous faire vaciller, nous ne sommes pas abandonnés ! Même alors, le Christ est là debout, à nos côtés. Il sait ce que nous éprouvons, lui qui a traversé les ténèbres de sa passion. Au creux de ces turbulences, il nous dit qu’il est là pour ressusciter en nous un rejaillissement de confiance, le courage d’affronter les vents contraires pour maintenir – envers et contre tout – le cap sur cette autre rive : celle où il nous attend pour œuvrer à la venue de son Royaume, pour bâtir avec lui des communautés authentiquement évangéliques et un monde solidaire et fraternel.
Antonio, pas plus qu’à ses apôtres, le Seigneur ne te promet un ministère qui ne serait qu’un long fleuve tranquille. Comme ton Seigneur, tu connaîtras des moments plus tempêtueux où il te demandera d’y jouer pleinement ta mission de prêtre.
Quelle mission ? Dans une autre tempête racontée par S. Marc deux chapitres plus loin, le Christ dit à ses disciples effrayés : « Confiance, c’est moi n’ayez pas peur ». Dans la vie parfois tourmentée de tes frères et de tes sœurs, dans l’accompagnement des communautés, au cœur de ce monde aussi, le Seigneur t’envoie par cette ordination pour être cette personne qui soit sacrement de Celui qui continue de nous dire : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur »… Sois en parole et en acte le signe efficace de sa présence qui donne confiance, qui rassure, qui encourage avec bienveillance. Exorcise avec lui les peurs – et d’abord en sachant écouter longuement les craintes et les souffrances de tes frères. Rappelle la Parole de celui qui est toujours avec nous. Sois-en comme une parabole vivante. Avec eux, pour eux, célèbre les signes et les sacrements de la présence apaisante du Christ vivant.
Pour qu’un bateau s’avance au large, il faut former des équipages où chacun prend ses responsabilités. Fais donc cela : appelle, mobilise, responsabilise chacun… Pratique l’art de la « vocation » : aide chacun à découvrir ses charismes et sa mission. Et désigne à tous celui qui est finalement à la manœuvre : le Ressuscité agissant dans la vie de chacun et dans la vie des communautés. Aide chacun à oser croire à ce souffle de l’Esprit. Reconnais-le à l’œuvre dans la vie de ceux qu’on risque de mettre à distance parce qu’ils ne seraient pas de nos enclos…
Comme pasteur, sois bienveillant avec tous, encourage chacun … comme le Seigneur ! Cette bienveillance peut calmer bien des tempêtes. Elle est la meilleure boussole qui soit pour mettre sur le chemin de Dieu !
Par ailleurs, j’ai toujours été frappé par ce passage du livre de Job de ce dimanche : Dieu, qui se dressant devant le Mal, lui dit : « Tu n’iras pas plus loin ». Comme prêtre, Dieu te prend aussi avec lui pour endiguer le mal sous toutes ses formes et lui dire : « Arrête l’orgueil de tes flots : tu n’iras pas plus loin ! ». Endiguer le mal, bien sûr d’abord en toi. Avec la force du Seigneur, soutenu par la prière, soutenu par des frères et des sœurs sans complaisance mais fraternels, combats la tentation pour ne pas te laisser submerger par ce qui n’est pas l’amour véritable.
Comme dit le Livre de Job, impose des verrous au Mal, fais reculer son emprise quand il dé-crée l’humain ; quand il met à mal la dignité des pauvres, la justice, le respect de la création ; quand il attaque la communion dans l’Eglise. Mais ne vis pas cela tout seul. Dans son idéal et ses combats, je me demande si un certain Don Quichotte n’était pas peut-être un peu trop solitaire !! L’Evangile parlait de ces autres barques qui nous entourent : ne sois jamais, quels que soient tes projets, un prêtre solitaire. Puise aussi dans les autres et grâce à eux un nouveau courage. Puise-le bien sûr avec eux dans le Seigneur : dans la prière, les sacrements, l’Eucharistie et aussi dans ta mission pastorale avec les cadeaux qu’elle te fera !
Je me suis demandé si parfois le Christ ne nous renvoie pas l’interpellation de ses disciples : debout dans la barque de l’Eglise, avec beaucoup d’amour, le Seigneur qui nous dit : « N’aie crainte, je serai toujours à tes côtés pour tout traverser avec toi ! … Est-ce que cela ne te fait rien ? … »
+ Jean-Luc Hudsyn,
Evêque auxiliaire chargé du Brabant wallon
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Voici le texte du communiqué de presse relatif à cette ordination
Antonio Luque Benitez est né à Cordoue (Espagne). Il a 36 ans. Marqué à l’adolescence par le décès de sa mère, il chemine depuis lors dans une communauté du Chemin néo-catéchuménal dans sa ville natale. C’est dans cette communauté qu’il découvre progressivement son appel à devenir prêtre.
Après avoir exercé le métier d’instituteur pendant 4 ans, il donne sa disponibilité au Chemin pour être formé dans un séminaire Redemptoris Mater, qui lui sera attribué par tirage au sort. C’est ainsi qu’en octobre 2010 il arrive dans le diocèse de Malines-Bruxelles, pour faire partie du noyau fondateur d’un nouveau séminaire, qui se trouve maintenant à Limelette.
Il commence par apprendre le français et, comme tous les autres séminaristes francophones, il suit les études de philosophie et de théologie au Studium Notre-Dame de Namur. Il réalise ensuite différents temps de mission à Anvers (où il apprend le néerlandais), puis aux Pays-Bas et, enfin, au Canada. Ordonné diacre le 27 juin 2020 par Mgr Jean Kockerols à Saint Gilles, il y termine actuellement son stage diaconal.
Ce dimanche 20 juin à 15h, à la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles, il sera ordonné prêtre pour l’archidiocèse par Mgr Jean-Luc Hudsyn, au nom de l’archevêque, le cardinal Jozef De Kesel, toujours empêché pour raisons médicales.
En raison de la limite de 100 personnes imposée en ce temps de pandémie, vous êtes invités à vous unir à la célébration par YouTube : https://youtu.be/pn2BkfWFbn8 et par la prière.
Photos de la célébration : © Filippo Bramé