
On peut tenter de comparer la catéchèse d’initiation à la démarche d’immersion linguistique à l’école : on plonge dans un univers nouveau, souvent inconnu, et on acquiert la connaissance de cet univers en s’y mouvant, parfois en tâtonnant, plutôt par osmose que par apprentissage conscient.
En France, on aime parler en catéchèse du « bain ecclésial ». Cette expression imagée nous aide à garder en mémoire que la catéchèse est un plongeon et pour qu’il y ait plongeon, il faut de l’eau… Le milieu naturel de la catéchèse – son « eau » – c’est la communauté chrétienne. La vie de foi chrétienne a besoin d’autres croyants. Comme le dit le fameux dicton : « Un chrétien seul, c’est un chrétien en danger. » Et donc : un catéchiste seul, c’est un catéchiste en danger ; un enfant seul en catéchèse est en danger… Danger de quoi ? Comme un petit enfant, le croyant, à tout âge, a besoin d’être stimulé dans sa vie de foi par d’autres. Un nouveau-né qu’on ne touche pas, à qui on ne parle pas, ne va pas pouvoir se développer et grandir. De même, un croyant a besoin d’expérimenter sa foi avec d’autres, de se confronter à leur manière de vivre leur relation avec Dieu pour construire sa propre foi. D’autant plus que, comme chrétiens, nous croyons que Dieu nous parle aussi à travers les personnes que nous côtoyons.
L’ouverture à l’autre est souvent le premier pas vers l’ouverture à l’Autre. Et c’est souvent par là que Dieu passe pour attirer les personnes à Lui. Aujourd’hui, plus qu’avant, le visible a la vocation de montrer l’invisible. L’existence, la présence agissante de Dieu dans la vie de l’homme est loin d’être une évidence. Et c’est à travers les signes visibles d’accueil et de cordialité que les enfants et leurs parents peuvent se dire : « Tiens, là il y a quelque chose que je n’ai pas rencontré ailleurs. » Quelque chose qui peut devenir pour eux Quelqu’un. Ce « quelque chose », à moins d’être des saints, ne se communique pas seulement au contact des personnes individuelles, aussi charmantes soient elles. Dieu a besoin de la communauté des croyants pour se manifester : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom… » Bonne nouvelle pour nos assemblées parfois réduites en nombre : l’enjeu premier n’est pas la quantité des participants mais la qualité humaine et spirituelle de l’assemblée.
La vérité de la présence de Dieu invisible qui se manifeste, on ne sait comment, dans une assemblée de personnes bien concrètes n’est pas facile à concevoir. Nous restons parfois sur nos critères humains de vouloir bien faire les choses, mais il peut nous manquer le réflexe de nous dire que, au-delà de ce que nous faisons, compte surtout le critère spirituel : la qualité de notre présence à ce que nous faisons ou, autrement dit, le poids d’amour que nous y mettons. C’est un moyen sûr de témoigner de Dieu dans notre vie : notre amour, s’il prend sa source dans notre foi, ne peut que témoigner de l’Amour.
C’est particulièrement vrai dans tout ce qui concerne la catéchèse dont toute la communauté locale est responsable. Oui, il y a les catéchistes et le prêtre. Mais si l’on veut initier à une vie chrétienne par immersion – et c’est nécessaire vu l’éducation religieuse en famille qui faiblit – la catéchèse ne peut se passer de la communauté des croyants. Dans le principe de l’initiation, il y a cette idée d’apprendre en imitant. Tout ne passe pas – ou en tout cas pas toujours en premier lieu – par un apprentissage intellectuel conscient. Les choses se font naturellement en prenant exemple sur d’autres. La communauté locale est donc la première responsable de cette initiation-immersion parce que celle-ci se vit en son sein. Deux domaines principaux la concernent : la prière commune et les œuvres de solidarité. La liturgie et la solidarité sont deux « actions » des croyants qui rendent visible aux yeux des autres la foi invisible. Ce sont d’ailleurs deux critères de la bonne santé d’une communauté de foi. L’apôtre Jacques écrit : « La foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte » (Jc 2,17). Si nous désirons transmettre la foi aux enfants, il nous faut transmettre une foi vivante, une foi qui se traduit dans notre vie par des actes concrets.
Depuis la publication de l’encyclique La joie de l’Évangile, mûrit de plus en plus dans nos contrées la conscience du besoin d’une conversion missionnaire des communautés chrétiennes sans laquelle elles sont vouées à la disparition… Il s’agit ici d’un pronostic vital de nos communautés. En ce temps de Carême, où l’Église entière se met en mode « conversion », nous avons besoin de résolutions et de démarches non seulement individuelles, mais aussi communautaires pour que nos paroisses et unités pastorales soient fidèles au premier appel que Jésus nous lance après sarésurrection : « Allez donc et faites-moi des disciples » (Mt 28,19 traduction de La Bible des peuples).
Jola M.
Service de la catéchèse
Exergue 1 : « Dieu a besoin de la communauté des croyants pour se manifester »
Exergue 2 : « Toute la communauté locale est responsable de la catéchèse »
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