
Ce 25 mars, Mgr Hudsyn célébrait en direct sur 1RCF.
L’ange entra chez Marie, et lui dit : « Je te salue ». En grec, la langue utilisée par S. Luc, c’est : « Réjouis-toi » ! Quand Dieu se fait proche, il commence par dire « Réjouis-toi » !
Mais comment est-il possible d’être dans la joie en ces temps difficiles, d’isolement, d’incertitude, d’épreuve de toutes sortes ?
Ecoutons bien comment continue l’ange Gabriel : il dit « Je te salue » – « Réjouis-toi » mais il ajoute « tu es comblée de grâce » – « Le Seigneur est avec toi ».
D’abord une parole de bienveillance : « toi, Marie, tu es comblée de grâce » – l’ange s’émerveille devant Marie de la beauté de son cœur, la beauté de son être. Il s’émerveille devant celle qu’il vient visiter.
Et puis, il y a cette parole d’encouragement : « Le Seigneur est avec toi ».
Dans ces quelques mots nous trouvons ce qui peut être la source de cette joie que souhaite l’Ange Gabriel à Marie : il lui annonce – et il nous annonce à tous ce soir – cette bienveillance de Dieu. Il vient nous encourager par cette annonce par laquelle commence d’ailleurs toute messe : « Le Seigneur est avec toi ». Le Seigneur est avec nous.
Au fond, ces premiers mots de l’Ange expriment parfaitement qui est notre Dieu. Car cet envoyé de Dieu aurait pu commencer autrement : il aurait pu commencer par dire : « Je veux », ou « Il faut », ou « Tu dois », ou même « Voilà ce que j’exige »….
Non ses premiers mots c’est : « Réjouis-toi ». Suivi immédiatement par un émerveillement : « Comblée-de-grâce ». Et puis, un encouragement : « Le Seigneur est avec toi ». Et aussi : « Sois sans crainte ».
Voilà le ton avec lequel Dieu nous rencontre : ce ton de bienveillance, ce ton aimant, qui regarde l’autre avec amour et bonté.
C’est comme cela que Jésus s’y prenait en abordant ceux et celles qu’il croisait : avec ce ton divin ! Il ne commence pas par s’imposer, par faire des leçons !
Quand il rencontre la Samaritaine, Zachée, la femme adultère, – ou le paralysé dans l’évangile d’hier … Jésus fait ce que Paul VI demandait à l’Eglise : d’être « une Eglise qui se fait conversation ».
Aussi Jésus commence par s’inviter chez Zachée, il demande à boire à la Samaritaine, il s’émerveille de la foi du centurion, il entre en dialogue sur la route d’Emmaüs. Et c’est dans cette bienveillance qui se fait proche que ces hommes et ces femmes vont progressivement découvrir – et de l’intérieur – les exigences de la foi et de l’amour. Une conversion qui s’opère comme une réponse à ce si grand amour.
La joie évangélique c’est de croire, malgré le clair-obscur des événements, que dans tout ce que nous vivons, y compris dans nos épreuves, nos doutes, nos craintes, il y a ce Très Haut qui vient et qui nous dit tout bas : « sois sans crainte » – l’Esprit est là, et il te prend sous son ombre…
Le christianisme ce n’est pas une Idée, ce n’est même pas d’abord une morale : c’est d’abord Quelqu’un qui vient à notre rencontre et qui nous appelle tendrement par notre nom : « Réjouis-toi, Marie ».
Et c’est cela qui met en route, c’est cela qui convertit, c’est d’être aimé. Retenons-le quand nous pensons à notre vocation de disciples en mission : « Seul l’amour appelle l’amour », disait Ste Thérèse d’Avila (Vie 14). Seul l’amour entraîne l’amour, seul l’amour met l’amour en route.
C’est ce que Marie va bientôt faire : visitée par Dieu, elle va partir en visitation. En cette fête, Dieu nous envoie aussi son Ange. « Lui » qui est « entré » dans le monde » – comme dit la lettre aux Hébreux – il veut continuer à s’incarner en ces temps difficiles. Son Esprit nous pousse à dire comme Marie et comme son fils « Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté ». L’amour n’est pas confinable. Ne confinons pas notre bienveillance, nos encouragements, notre solidarité !
Soyons les uns pour les autres – à la maison, avec nos proches, avec ceux à qui nous pouvons faire signe – soyons comme Gabriel : comme des anges gardiens, comme des messagers divins, porteurs de cette proximité aimante et bienveillante de Dieu, porteurs d’espérance, d’encouragement les uns pour les autres.
Comme avec Marie, voilà que Dieu vient demeurer en nous : cette eucharistie nous le remet en mémoire ; cette communion de désir que nous pouvons vivre nous rapproche de lui. Elle nous comble de grâce ! « Soyons sans crainte ».