
Pour entrer dans cette célébration, nous avons commencé par allumer le deuxième cierge de l’Avent. Allumer un cierge, c’est poser un geste de foi, un geste d’espérance. Jean-Baptiste est venu nous secouer – c’est sa mission ! On dirait qu’il fait preuve d’une certaine impatience. C’est vrai ! Il y va même un peu fort ! Mais il traduit une autre impatience… l’impatience de Dieu. Un Dieu qui désire tellement naître au cœur de ce monde. Un Dieu qui désire tellement faire en chacun de nous sa demeure ! Un Dieu qui désire nous entourer de son amour ; qui désire mettre en ce monde cette justice, qui est comme la ceinture de ses hanches – comme dit Isaïe ; faire régner cette paix qui permettrait au léopard de se coucher près du chevreau, comme il dit ; engendrer cette réconciliation qui verrait le loup habiter avec l’agneau ; voir grandir cette connaissance du Seigneur qui remplirait le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer.
C’est cela ce qu’on appelle la nouvelle évangélisation, ce nouvel élan missionnaire : une Eglise, des paroisses, des chrétiens porteurs de cet amour, de cette justice, de cette paix ; des témoins de ce grand rêve de Dieu. La mort de Nelson Mandela réveille tout d’un coup cette nostalgie d’un monde plus fraternel ; d’une vie où on se donne, comme dit S. Paul, de l’espérance, du courage ; d’une Eglise où – même si on vit des différences – on puise dans l’Ecriture et dans l’Esprit du Christ, la capacité de rendre gloire à Dieu d’un même cœur et d’une même voix.
« Accueilliez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis » ajoute S. Paul. C’est un peu ce que nous faisons ce matin, en vivant cet accueil mutuel, nous qui venons de paroisses différentes, et moi qui vient parmi vous ce matin.
Nous ne le faisons pas – comme je le disais tout-à-l’heure – pour inaugurer une structure pastorale, même nouvelle – du moins nouvelle à nos yeux, puisqu’elle est vécue en bien d’autres lieux et avec fruit.
Nous sommes ici pour accueillir un projet qui a comme visée cette unique question : comment faire connaître la Bonne Nouvelle de l’Evangile, la Bonne Nouvelle du Christ venu épouser tout ce qui fait notre humanité ? Faire connaître son amour qui s’est donné à en mourir ; faire partager cette espérance que nous donne pas seulement pour demain mais déjà pour aujourd’hui la foi en sa résurrection.?
Certains ont cru que la création des Unités pastorales c’était en fait une mauvaise nouvelle ! J’ai même cru entendre dire que c’était est un « projet satanique » !!… Je vais donc devoir manier l’exorcisme…
Précisons donc encore une fois que la collaboration entre paroisses que demande une Unité pastorale n’enlève rien à la mission de chaque paroisse. Comme dirait Jean-Baptiste je vais donc prendre la cognée qu’il faut pour couper à la racine les craintes éventuelles de ceux qui auraient pu comprendre que travailler en Unité pastorale, cela veut donc dire qu’on va fermer à double tour nos églises, qu’elles vont devenir – qui sait ? – des superettes, ou qu’on devra maintenant se rendre dans une autre paroisse pour aller à la messe le dimanche.
Chaque paroisse garde sa mission d’être comme disait le Pape Paul VI, l’Eglise au milieu des maisons. Chaque paroisse, comme disait le Pape Jean XXIII, doit être comme une fontaine au milieu du village. Chacune de vos paroisses va rester responsable de cette mission que l’Eglise lui donne : être une présence de proximité qui permette à ceux qui habitent dans vos villages de sentir, de pressentir et peut-être, un jour, même de découvrir ce que Jean-Baptiste proclamait : au milieu du village être le signe, le « sacrement » – comme dit le Concile – que « le Royaume de cieux est tout proche de nous ! ».
Chaque paroisse, à sa manière, avec son style doit être comme ce cierge qu’on a allumé : être porteuse de lumière pour les gens qui habitent autour vous ; être un lieu où on peut se ressourcer dans la prière, ans l’eucharistie, dans la rencontre. Chaque paroisse garde à fond sa mission d’évangéliser le village : être donc une communauté attentive aux joies, aux peines, au vivre-ensemble, aux attentes spirituelles de tous vos voisins. Ne me dites pas qu’il n’y a pas du travail… et qu’il y a quelques travaux à faire chez chacun pour préparer ce chemin, et aplanir les routes…
Mais en même temps, une Unité Pastorale a ceci de particulier, c’est que vos paroisses se mettent d’accord pour porter ensemble un certain nombre de ces missions que le Seigneur nous demande de vivre en tant que présence d’Eglise dans une région, dans une commune.
Ici à Walhain, vous vous êtes mis d’accord pour créer une pastorale des jeunes commune. Offrir des rencontres, des réunions pour les plus de 12 ans – et c’est indispensable de le faire si on veut être sérieux comme Eglise : cela chaque paroisse ne peut pas et ne doit pas le faire chacun de son côté. Il faut unir ses forces, ses ressources !
Vous vous êtes mis d’accord pour collaborer à ce renouveau de la catéchèse que notre diocèse – avec d’autres – va entreprendre. Vous allez vous aider les uns les autres à mieux prendre en charge les malades et les personnes âgées. Vous allez vous soutenir pour que la Parole de Dieu soit davantage lue et priée en petits groupes. Vous souhaitez soigner certaines célébrations, ce qui demande de la qualité et des compétences pour qu’elles soient belles et parlantes… comme ce matin.
Si on va porter cela ensemble, en unissant nos idées, nos talents, dans un travail d’équipe où l’on est prêtres et laïcs ensemble, venant de différentes paroisses, où on peut profiter chacun des dons et des charismes des autres, c’est parce qu’ensemble on est plus solide, plus créatif, plus imaginatif pour des initiatives que l’Eglise se doit d’inventer aujourd’hui pour qu’on ne soit pas toujours entre nous mais pour en inviter d’autres, pour que le Christ soit plus connu, plus aimé. Les générations plus jeunes et aussi moins jeunes, les jeunes parents connaissent un univers culturel en pleine mutation. Ils exigent à juste titre de nous d’être inventifs pour leur donner le goût de croire, le goût de la prière, le goût de faire Eglise avec d’autres : pour leur donner l’occasion de découvrir que faire Eglise, ce n’est pas seulement à la messe mais que c’est cela aussi – et que cela peut être chaleureux, que cela fait du bien, qu’on peut s’y sentir vraiment accueilli ; que l’Eglise c’est aussi des espaces où on peut venir avec ses questions, et ses faiblesses, et ses doutes, mais aussi avec cette soif que beaucoup ont parfois sans le savoir d’être plus reliés à d’autres et à Dieu.
En travaillant dans ces domaines entre paroisses, on va mettre aussi entre paroisses de la communion, de l’ouverture, de la charité. C’est un signe précieux qui répond aussi à ce désir du Christ : « Qu’ils soient un pour que le monde puisse croire ».
Ce temps de l’Avent nous le rappelle : il faut pour cela nous rendre disponibles au Seigneur : II vient lui-même nous pousser, nous envoyer, nous inspirer : vivons donc cette Unité Pastorale dans la prière. Confions-nous les uns les autres au Seigneur, pour ainsi trouver ensemble, en lui et par lui, plus de joie, plus d’élan et plus d’espérance à préparer ensemble ses chemins.
+ Jean-Luc Hudsyn