Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

Église catholique en Brabant wallon

 

Confirmations d’adultes – Homélie

C’était le dimanche 20 septembre à Basse-Wavre

Pour cette confirmation qui vous rassemble, je me disais que cette parabole – qu’on appelle souvent celle des ouvriers de la dernière heure – ne tombe pas si mal… D’après ce que vous m’avez raconté il y a une bonne semaine, c’est à des heures différentes de votre vie que vous vous êtes senti appelé à demander ce sacrement de confirmation. Parfois c’est assez jeune que vous avez entendu cet appel mais il vous a fallu un certain temps… ou un temps certain pour dire : « Cette fois, allons-y ! ». Et vous voilà aujourd’hui, vous présentant plein de foi devant ce Maître de la vigne. Il est trop heureux de vous ouvrir toutes grandes les portes de son domaine et de ce sacrement. Cette confirmation qui vient nous dire que tous – qu’on soit disciple de la première ou de la dernière heure – tous il désire nous imprégner de son Esprit d’amour.

Vous avez expérimenté – et vous expérimenterez encore – que le Seigneur est comme ce maître qui sait prendre son temps. Qui revient à la charge avec patience. Qui ne se dit jamais : « Maintenant c’est trop tard ! ». Avec lui, ce n’est jamais trop tard. Et ici, Jésus nous dit pourquoi : ce n’est jamais trop tard car, dit-il, « moi je suis bon ! ». Cette parabole nous le montre : notre Dieu, ne calcule pas sa bonté.

C’est ce que nous rappelait le prophète Isaïe : notre Dieu est celui dont les pensées ne sont pas nos pensées. Il est celui dont les chemins ne correspondent pas toujours aux chemins que nous imaginons. Il sait que les chemins pour aller à sa rencontre ne sont pas nécessairement des autoroutes rectilignes à l’américaine ! Notre Dieu aime aussi d’aller à notre rencontre par des chemins de randonnées qui virevoltent entre les collines de l’existence humaine, avec ses hauts et ses bas. Il ne renonce pas à nous chercher dans les passages escarpés. Il ne craint pas de nous suivre dans les chemins de traverse où parfois nous nous égarons. Et il ne s’impatiente pas si nous n’arrivons pas à l’étape dans les temps prévus, ni si, à certains moments, nous nous cachons de lui. « Bien tard je t’ai aimé », s’est écrié, émerveillé, saint Augustin en revenant à la foi à l’âge de 32 ans, émerveillé que le Seigneur n’avait cessé de l’attendre.

Notre Dieu ne nous donne pas son amour à la mesure de nos mérites. Peu lui importe que nous ne soyons pas des champions de courses contre la montre… Que nous soyons de la première ou de la dernière heure, il ne fonctionne pas avec nous une calculette à la main ! « Avec toi, nous dit à chacun le Seigneur, je suis comme ça : si tôt ou si tard que tu arrives, pour toi mes bras sont large ouverts et ma table est toujours servie – car quels que soient les détours que tu as faits ou que tu pourrais faire, je suis un Dieu qui est riche en pardon ». C’est ce que nous partageait le prophète Isaïe.

Que cette confirmation ouvre donc vos cœurs tout grands à cette gratuité, à cette générosité avec laquelle nous sommes aimés. Cette façon de faire de Dieu, cette façon d’aimer sans compter, le Seigneur vient la déposer dans notre cœur. C’est ce que la confirmation nous révèle, nous « confirme » en quelque sorte : Dieu vient mettre en nous son Esprit pour que nous apprenions de l’intérieur à aimer comme lui.

Il y a une source en nous – une source divine – dans laquelle il nous invite à puiser pour apprendre devenir comme ce maître de la vigne qui persévère dans la confiance qu’il fait à tous. Il y a en nous une source où nous pouvons apprendre – car cela s’apprend – à aimer avec plus de gratuité, sans doser notre affection, sans être là avec une pointeuse pour voir si l’autre mérite qu’on se donne à lui et qu’on l’aime sans mesure. L’autre : c’est-à-dire mon conjoint, mes enfants, ma famille, mes collègues, les plus fragiles, l’étranger… Aimer l’autre comme le Christ : pas seulement s’il est performant, pas d’abord pour ce qu’il me donne, mais l’aimer lui, pour ce qu’il est, même quand il est fragile où quand il est dans la difficulté d’aimer.

Voilà la source d’amour en nous que la confirmation vient nous révéler et que Jésus a promise à ses disciples : « Mon Père et moi nous viendrons demeurer en vous ». Nous sommes des êtres habités par ce trésor en nous qui est force, confiance, persévérance pour à notre tour mettre autour de nous de la confiance, du courage de vivre, de l’espérance.

Cette parabole nous rappelle aussi que nous sommes des êtres appelés. Et cette confirmation nous dit que nous sommes des êtres envoyés. On le disait quand on s’est vu : l’onction d’huile dans la Bible est le signe d’une force reçue pour une mission. Tel est plus que jamais le sens de votre vie : vivre sa vie comme des êtres appelés, et envoyés. Vous laisser imprégner par l’Esprit-Saint pour soutenir, relever, encourager, et partager à ceux qui vous interrogent cette source et cette ressource qu’est devenu Dieu pour vous.

Avec ce que nous sommes, avec nos rythmes, avec nos résistances et parfois nos lenteurs, nous célébrons cet après-midi un Dieu qui croit en nous, qui nous prends avec lui pour être de bons vendangeurs pour ce monde.

Pour rester attentifs à ses appels continuez à prier avec l’Ecriture, avec les Evangiles, là où le Seigneur parle à notre cœur. Honorez ces rendez-vous qu’il nous donne à l’eucharistie pour ne pas oublier sa présence dans notre semaine et pour lui rendre grâce en communauté. Sentez-vous responsables de ces communautés d’Eglise qui, d’une façon ou d’une autre, vous ont aidés à entendre ce Maître qui vous appelait par votre nom.

Dans cette vigne qui lui tient tellement à cœur, ne le laissons pas seul !!

+ Jean-Luc Hudsyn

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