
Homélie de Mgr Jean-Luc Hudsyn pour la célébration de l’Appel décisif des catéchumènes, le dimanche 10 mars 2019, à Court-Saint-Etienne.
Jésus quitte Jéricho pour prendre la route de Jérusalem. À la porte de la ville, il voit cet homme appelé Bartimée. Un aveugle assis au bord du chemin. Un homme en demande, un homme en attente. Et Jésus, lui l’envoyé de ce Dieu qui est lumière, lui en qui il n’y a pas de ténèbres, comme vient de nous dire S. Jean, Jésus le voit et s’arrête !
Le regard de Jésus est quelque chose de très particulier, de très beau. Comme il n’y a pas de ténèbres en lui, il voit bien souvent ce que les autres ne voient pas, il voit ceux que les autres ne regardent pas. Je ne prends qu’un exemple. Cela se passait aussi à Jéricho. Un certain Zachée faisait tout pour voir Jésus sans être vu de lui. Pas de chance… ou plutôt quelle chance… Jésus le voit ! Mais il voit surtout la détresse cachée de cet homme ambigu, certes, mais aussi méprisé de tous. Et il voit son attente d’être regardé avec bienveillance. Jésus voit Bartimée… Et je me dis qu’il le voit comme Jésus voyait chacun de vous, cheminant dans vos histoires si personnelles et qui m’ont touché quand vous me les avez racontées ou écrites.
Jésus voyait alors ce que sans doute personne ne voyait vraiment : ce qui se passait en vous. Pour les uns, cette quête secrète d’un absolu ; pour d’autres ce manque en nous, incomblable. Ou ce mystère d’une présence que, depuis longtemps parfois, vous pressentiez proche de vous ? Certains étaient comme assis au bord de la foi, au bord de l’Église, hésitant à faire le pas, ou ayant la tête ailleurs ou sur d’autres chemins…
Et puis, comme pour Bartimée, d’autres autour de vous vous ont aidés à entendre cette voix qui vous disait à vous aussi : Confiance, lève-toi ! Un compagnon, une épouse, des beaux-parents, une grand-mère, vos propres enfants, déjà disciples de Jésus et qui vous ont interpellé, mis en confiance. Peu à peu, ils ont fait naître en vous une plus grande détermination à chercher ce Jésus qui les habitaient eux, et qui, en fait, déjà vous habitait aussi !
Vous vous êtes sentis de plus en plus comme Bartimée criant de plus belle après ce Jésus, ce Fils de David, venu nous révéler l’amour de son Père, venu nous apporter cette joie de se savoir infiniment précieux aux yeux de Dieu. Jésus-Christ, lumière pour nos pas, lumière pour notre vie et pour nos choix de vie. Cette après-midi, il est ici au milieu de nous. Il doit sourire en vous voyant, vous et les centaines, les milliers d’autres catéchumènes qui, de par l’Église universelle, entendent cette voix qui vous dit à tous : Confiance, lève-toi, il t’appelle…
Oui, il vous appelle. Il guette votre réponse parce qu’il vous fait confiance et espère en vous !
Il vous appelle à lui, à son amour qui dépasse tout, à son pardon, Il vous appelle à vivre avec lui dans la confiance et l’audace de son Évangile.
Il vous appelle à devenir ses ambassadeurs, comme aime le dire S. Paul, à devenir les collaborateurs de son Royaume de justice et de paix en ce monde.
Il vous appelle à aller avec lui au bout de vous-mêmes, au bout de ce que nous sommes appelés à être : des homes et des femmes à l’image et à la ressemblance de Dieu. De ce Dieu créateur de vie, source de résurrection, qui nous donne par son Esprit le courage de vivre et la joie d’être à Lui. Nous sommes autour de vous pour soutenir fraternellement votre « OUI ».
Lors de la soirée passée ensemble, plusieurs d’entre vous ont conclu en disant que ce qui les avait touché, c’est qu’en se mettant à la suite du Christ ils s’étaient aperçus qu’ils avaient reçu en même temps des frères et des sœurs. Comme une belle et une bonne surprise ! Je le souligne car nous connaissons une actualité douloureuse. Qui nous fait voir que, dans l’Église, il y aussi une part de terribles ténèbres. Un peu comme ceux qui veulent faire taire Bartimée, qui veulent abîmer sa foi et qui sapent son élan. Si cela nous revient au visage – et à répétition – c’est parce que certains ont eu le courage de mettre le fer dans la plaie ; de faire la vérité quoiqu’il en coûte – et je pense à notre pape François dont ce sera mercredi le sixième anniversaire de son pontificat. Ce qu’on révèle est affligeant, mais c’est le désert et la purification par lesquels, il nous faut absolument passer. Même si c’est comme une traversée des enfers.
Ce que je voudrais dire en même temps, c’est que vous êtes le signe – et vous le disiez vous-mêmes – que l’Église c’est aussi ces hommes, ces femmes de tout état de vie, ces communautés qui vous ont donné humblement le goût de l’Évangile, de Dieu, de la prière, de la foi au Christ.
Et donc, merci à vous de bondir et de courir vers Jésus… Et en même temps de vous joindre à nous pour convertir l’Église à l’Évangile. Afin qu’elle puisse dire à chacun en vérité et humblement : Confiance, lève-toi ! Quelqu’un t’appelle avec amour. Dieu t’appelle et il espère en toi !
P.S. Les photos de cet article ont été prises lors de l’Appel décisif en 2018.