Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

Église catholique en Brabant wallon

 

Ce qui est éternel et ne mourra jamais ? Le bien !

Homélie de Mgr Hudsyn pour le jour de Pâques

Célébration du 12 avril 2020 à 11h, à la collégiale Sainte-Gertrude à Nivelles, messe retransmise par la RTBF.

Quand Marie-Madeleine part au tombeau de Jésus, l’évangile nous précise que « c’était encore les ténèbres ».

Cette année, cette fête de Pâques se célèbre dans des circonstances vraiment particulières, pas vraiment lumineuses non plus, malgré le beau soleil – Dieu merci – dont nous sommes comblés. Ce temps de confinement qui se prolonge peut paraître à certains, comme un temps plein d’opportunités… Pour d’autres, pour beaucoup d’autres, c’est un temps éprouvant et de bien des manières : affectives, sociales, économiques. Avec ce qui nous manque peut-être le plus : la proximité, la rencontre « en vrai », s’embrasser… Les écrans c’est bien, mais les écrans sont aussi ce qu’ils sont : ils font écran…

D’autres connaissent de près ces ténèbres où s’aventure Marie-Madeleine : je pense à ceux qui sont en soins intensifs – les malades comme les soignants -, ceux qui sont dans les maisons de repos, les maisons qui accueillent des personnes handicapées, et pas loin d’ici, le monde de la prison ; tous ceux qui vivent ces deuils incomplets que nous connaissons aujourd’hui…

Parler de résurrection n’est pas parler d’une évidence. C’est une nouvelle, bonne, mais dont le chemin en nous se fait lentement surtout dans certaines circonstances. Pour Pierre croire au Christ ressuscité, visiblement cela a pris du temps. Marie-Madeleine aussi ne comprend pas. Et S. Jean ajoute : « Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris qu’il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts »…

Plusieurs fois, Jésus avait pourtant laissé entendre que la mort n’aurait pas le dernier mot. Cette force de résurrection – et qui n’est pas que pour après la mort mais qui fait son œuvre déjà au cœur de nos vies – il en avait révélé la puissance discrète : n’avait-il pas cessé de remettre debout, de relever, de rendre à la parole, de rendre le regard clairvoyant, de dé-paralyser, de relancer la vie et l’espérance ? N’avait-il pas semé autour de lui ces paroles qui guérissent et qui délivrent ceux qui les accueillent – ces paroles essentielles qui remettent en route, qui ressuscitent : « Lève-toi » – « Sois sans crainte » – « Je te pardonne » – « Va en paix » ?

A travers ces paroles, à travers ces guérisons, ces délivrances, c’était déjà sa puissance de résurrection qu’il répandait autour de lui. Mais les disciples avaient encore le regard obscurci sauf peut être S. Jean : lui quand il voit cette pierre roulée, ce tombeau vide, alors « il vit et il crut » !

Voilà que tout s’éclaire en lui ! Il comprend la portée de ce qu’il avait en fait déjà touché du doigt : tout cet amour, toute cette force de vie qui émanait de Jésus avaient une portée divine… Aussi Dieu ne pouvait abandonner à la mort son envoyé.

Et comme diront les anges un peu plus tard : Jésus, n’est pas ici, ce n’est pas ici qu’il faut le chercher, ce n’est pas ici que vous le trouverez. Il a traversé la mort. Il est vivant et agissant au milieu de vous ! Plus fort encore : par son Esprit, il est vivant et agissant en vous !

C’est ce qu’a aussi fini par comprendre Saint Pierre lors de son discours à Césarée : qui Dieu a-t-il ressuscité des morts ? C’est celui qui passait parmi nous, faisant le bien, guérissant et délivrant ceux qui étaient sous l’emprise du mal : car Dieu était avec lui. Et donc, sœurs et frères, qu’est-ce que Dieu ne cesse de ressusciter ?

Qu’est-ce qui est éternel et ne mourra jamais : c’est le bien qui se fait, ce sont les paroles qui guérissent, ce sont tous ces soins qui apportent attention, dignité, consolation, présence et que prodiguent tant de professionnels et de volontaires autour d’eux dans des conditions parfois extrêmes, qui redonnent des lettres de noblesse au mot « sacrifice » : ils se donnent, au risque de leur santé, et même de leur vie.

S. Paul nous disait : « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut ». Si nous voulons vivre en disciples du Christ ressuscité, recherchons – malgré le confinement qui pèse, malgré les tentations de repli sur soi, de fatigue, de tensions avec les autres, de tristesse aussi – recherchons ce qui élève ! Gardons nos yeux tournés vers Dieu. Restons attentifs à ce qui peut nous faire grandir en humanité. Ayons le souci de ce qui peut élever les autres même s’ils sont à distance.

Et réfléchissons aussi à ce qu’il faudra mettre en œuvre demain pour tirer vers le haut notre société, notre vivre-ensemble, notre attention aux plus fragiles.
Fêter le Christ ressuscité, c’est s’engager à faire le bien, c’est avoir nous aussi des paroles qui guérissent, poser des gestes qui délivrent. Et rendons grâce pour tant de ceux qui aujourd’hui – chacun à leur manière – vivent de cet amour, de cette divine tendresse dont le Christ nous dit ce matin que cela ne mourra jamais !

+ Jean-Luc Hudsyn

Illustration : icône de la Résurrection – Extrait de l’affiche proposée par la Pastorale scolaire de l’Institut Don Bosco de Tournai pour Pâques 2020.