
Mercredi 10 mai 2017
C’est un peu de circonstance… il y a 5 ans, un candidat à la présidence d’un pays voisin, cher à notre cœur, avait annoncé son programme en alignant une série de phrases commençant par « Moi, président »… On a tous appris ce jour-là que cette figure de style s’appelait une anaphore…
Quel est le programme du Seigneur pour ceux et celle que nous entourons et qui vont être baptisés et/ou confirmés ce soir ? Avec ce qu’il nous dit dans cet Evangile, S. Jean pourrait se lancer lui aussi dans… une anaphore ! Elle commencerait alors par : « Moi, le Christ »…
Moi, le Christ… nous dit S. Jean, je suis la lumière venu dans le monde pour que vous ne demeuriez pas dans les ténèbres !
Peu à peu, dans l’histoire de ces 11 sœurs et frères, une rencontre s’est faite. Au départ parfois très improbable : comme une lumière qui vient changer les couleurs de la vie, cette lumière à nulle autre pareille qu’apporte le Christ. Certains le connaissaient depuis longtemps, d’autre pas du tout. Mais tous, ils ont rencontré des chrétiens qui vivaient de lui, y compris sur ce campus… Entrainés par eux, certains sont venus à une liturgie, comme ça pour voir… et ça a laissé des traces !… D’autres ont voulu comprendre ce qui aimantait la vie de ces chrétiens : pourquoi ils lisaient l’Ecriture ; pourquoi ils partaient à des JMJ au Brésil. Ils ont perçu alors que, pour ces chrétiens-là, le Christ ce n’était pas une idée ; ni un concept théorique ; encore moins une habitude ; ni un mythe humanisant ; ni même un simple catalogue de valeurs éthiques avec son cortège de « je dois, tu ne peux pas, il faut »… Ce qui sous-tendait la foi de ces chrétiens, ce n’était pas « quelque chose », une énergie anonyme mais Quelqu’un ! La relation intime avec une Personne. Un Vivant qui nous est présent, qui transforme l’existence, lui ouvre un horizon infini et insoupçonné ; qui vient éclairer nos choix ; qui donne sens, orientation, à toute la vie. Non pas un tiroir qu’on ouvre de temps en temps, mais une amitié qui nous prend tout entier. Et nos amis ont reconnu en cela, ce que ou plutôt Celui que leur cœur cherchait parfois depuis si longtemps.
Moi, le Christ, nous dit S. Jean… celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé !
Se mettant alors à la découverte de la personne du Christ, ils sont entrés dans ce qui faisait le secret de sa vie à lui : son centre incandescent à lui le Christ. Il l’appelait : « son Père et notre Père ». Car le grand désir du Christ c’est de nous dévoiler son Père. Il vient de le dire : qui me voit, voit celui qui m’a envoyé. Qui me voit, voit le Père, dit Jésus. C’est dans l’amour infini de ce Père que Jean-Aléandre, Lesly, Noémie et Yannick vont être plongés. C’est de son Esprit qu’avec Alicia, Cassandra, Danby, Esther, Hugues, Marie-Laure, Olivia, ils vont recevoir l’onction : pour qu’ils soient pénétrés de lui.
Moi, le Christ… continue S. Jean, je ne suis pas venu pour juger le monde !
Je l’ai bien senti dans leurs récits de vie à tous les 11, ils ont découvert en Jésus, la révélation d’un Dieu dont l’amour dépasse tout ce qu’on peut imaginer. Un amour inconditionnel, absolu, éternel, définitif. Et donc aussi, un Dieu de pardon infini, à peine compréhensible : un Dieu qui ne condamne personne. Bien sûr, il fait la vérité. Sa Parole, vient de dire S. Jean, opère en nous un discernement : elle désigne ce qui fait du bien à notre humanité, et ce qui risque de la détruire. Ce qui est créateur ou ce qui dé-crée la vie. Mais en lui, la vérité est en même temps miséricorde, nouveau départ toujours possible, avenir toujours ouvert. Envers et contre tout, il vient et revient vers nous. Envers et contre tout, il continue de croire en nous, d’espérer en nous. Un Dieu tellement plus grand que notre cœur, qui nous sauve du découragement sur nous-mêmes, qui nous invite sans cesse à laisser grandir en nous la confiance d’être aimé, avec le cœur qu’on a et qui a ses faiblesses. Un Dieu qui relance sans cesse en nous notre capacité d’aimer, de nous donner, de nous re-donner.
Moi le Christ, nous dit S. Jean, je suis venu pour sauver le monde !
Mais il ne vient pas nous sauver de loin, à distance. C’est ce que nous célèbrerons particulièrement dans la confirmation. Nous sommes des êtres habités par Dieu : il a fait en nous sa demeure, il a déposé en nous le Souffle créateur de son amour. Il nous pousse à être créateurs avec lui : il nous inspire du dedans comment être des accoucheurs d’une humanité selon son cœur, d’un vivre-ensemble dans la dignité et la justice, en prenant soin des plus fragiles, en veillant sur sa création, sur la culture, sur la gestion du monde, en prenant les risques de la vérité tout en étant d’inlassables chercheurs de communion.
Comme pour Paul et Barnabé, dans la 1ère lecture, on va vous imposer les mains. Comme on l’a fait pour tous ceux qui sont ici des confirmés. C’est pour nous dire que dans cet envoi, nous ne sommes pas seuls. Aussi, quand vient le doute, abandonnez-vous, livrez-vous au Seigneur dans la prière : comme Pierre conscient de ses imperfections, dites-lui tout bas : « Tu sais bien que je t’aime ». Et l’Esprit vous répondra : « Crois, fais confiance en celui qui un jour t’a appelé. Crois, fais confiance en celui qui t’a envoyé ».
Avec vous qui allez être baptisés et confirmés, ensemble, prenons soin de ce monde ; prenons soin de l’Eglise. Et prenons soin de Dieu en nous.
Moi, le Christ, je veux sauver ce monde avec vous ; et la vie, et la paix, et la création tout entière !
Pour cette confiance qu’il nous fait : que Dieu soit béni. Amen !
+ Jean-Luc Hudsyn
Mercredi 10 mai 2017 à Louvain-la-Neuve