
Une stimulante journée de formation pastorale s’est déroulée ce mardi 7 novembre 2017 pour une bonne centaine de prêtres, de diacres, d’animateurs en pastorale et de personnes engagées dans le catéchuménat en paroisse. Fédérateur, le thème de la journée était : « Accueillir ceux frappent à la porte de l’Église, une approche catéchuménale ». Chacun avait donc de nombreux visages en tête pour aborder cette journée qui a apporté des éclairages théologiques et pastoraux.
La matinée a commencé au Palais du Gouverneur à Wavre, par deux témoignages de prêtres. Deux enseignements ont poursuivi : l’un sur « la conversion missionnaire » assuré par le chanoine Éric Mattheeuws et « la démarche catéchuménale » par Hélène Bossaert, responsable du Service catéchuménat du diocèse de Lille.
Rigueur ou laxisme ?
Eric Mattheeuws a reconnu qu’une des difficultés rencontrées dans les demandes reçues dans les paroisses est l’impression d’avoir des personnes qui consomment des services : le mariage, le baptême, les funérailles.
Devant cette attitude de consommateur, le découragement peut naître.
Une question aussi surgit souvent sur la manière d’accueillir : pour que l’Église soit ouverte à tous, doit-on accueillir toutes les situations et donc être plutôt laxiste ? Ou doit-on respecter un certain nombre de règles, d’exigences, avant de conférer tel sacrement, et donc être plutôt rigoriste ? Pourtant, telle est n’est pas la question.
Le chanoine a mis en avant la source de notre agir missionnaire : il ne s’agit pas de rigueur ou de laxisme, il s’agit d’être habité par l’amour de Dieu. C’est le Christ qui nous accompagne, ce n’est pas nous-mêmes, par nos seules forces, qui accueillons.
L’amour de ce monde
Deux paroles peuvent nous guider : la parole de Jésus qui envoie Pierre pêcher une seconde fois, malgré la stérilité apparente de la pêche nocturne (Luc 5,4), et celle de Jean 3,16 « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son fils unique ».
Oui, pour accueillir, il faut aimer ce monde dans lequel nous vivons, et ne pas regretter un passé qui n’existe plus : pourquoi regretter que l’Église ne structure plus notre société ? Que les enfants qui sont catéchisés n’iront peut-être à la messe que le jour de leur mariage ?
Beaucoup de personnes arrivent avec un désir de Dieu, mais sans le vocabulaire, sans réussir à l’exprimer. C’est donc à la personne qui accueille d’écouter, d’accompagner pour éclaircir ce désir et chercher avec la personne quelles réponses lui fournir, de susciter une rencontre avec le Christ…
Cela demande du temps, un cadre agréable, de la bienveillance et de la patience.
Et même quand il y a des demandes auxquelles l’Église ne peut pas répondre positivement, il s’agit de trouver les mots justes pour l’expliquer et trouver un moyen pour montrer à la personne qu’elle est Fils ou Fille de Dieu et accueillie dans la communauté d’une autre manière qu’elle imaginait, ce qui n’est certes pas facile reconnaissait Eric Mattheeuws, « Il est essentiel de ne pas se retrouver seul, mais de discerner avec d’autres ».
Tous disciples
Après cet exposé, Hélène Bossaert, responsable du catéchuménat du diocèse de Lille, a présenté le parcours catéchuménal et les enjeux de cette période. Elle a relevé, et les participants l’ont bien retenu, que les accompagnateurs et les catéchumènes sont tous disciples du même maître.
Donc s’il y a des notions de la foi à approfondir, une vie ecclésiale à découvrir, les deux sont déjà chrétiens : « chrétiens catéchumènes » et « chrétiens fidèles ».
Elle abordé la notion de durée qui est souvent posée quand on commence un parcours vers le baptême : un an, deux ans, trois ans ?
Si le modèle standard est de deux ans, il peut être plus court ou plus long selon la maturité de la personne : certains catéchumènes ont déjà une vie spirituelle très vive, et doivent surtout découvrir la vie d’une communauté. D’autres butent sur des fondamentaux de la foi, ou ont une conversion de vie à réaliser.
Un participant a relevé combien les catéchumènes transforment aussi la vie de l’accompagnateur (qui lui aussi doit se convertir !), et qu’ils apportent de la « fraîcheur » à la communauté.
Mme Bossaert a aussi insisté sur l’importance du néophytat, ce temps après le baptême au cours duquel le nouveau baptisé poursuit sa découverte de la foi et de la communauté.
Les catéchumènes transforment une communauté, et c’est à chacun de se laisser interpeller, transformé par cette démarche.
Partages d’expériences
Un temps de questions réponses après les deux conférences a permis d’illustrer combien le thème avait suscité de l’intérêt.
L’après-midi s’est poursuivie par de nombreux ateliers au choix, pour aborder des situations spécifiques, comme l’insertion communautaire des adultes recommençants ou nouveaux baptisés, la démarche catéchuménale de la catéchèse pour les enfants, à l’écoute de la foi qui ne sait pas se dire…
Tout un programme qui a permis de partager des expériences pastorales et s’enrichir mutuellement.
Un temps de prière a conclu cette journée pour rendre grâce de tant de fruits reçus, et répondre à l’appel du Seigneur en retournant dans les paroisses : « Avance en eau profonde et jetez les filets ».
Elisabeth Dehorter
Vous pouvez (ré)écouter les interventions de Eric Mattheeuws et Hélène Bossaert en cliquant sur les fichiers audios (en haut à droite de cette page).