Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

Église catholique en Brabant wallon

 

Une enquête Toutes bêtes – Voyage en Terre sainte 2013

Écho du pèlerinage en Terre Sainte avec Mgr Hudsyn – Octobre 2013

– Donc, vous, le berger malinois chargé de repérer, à l’aéroport de Zaventem, les produits illicites, ce matin du mardi 8 octobre 2013, vous n’avez rien trouvé d’intéressant dans ce groupe des Médias Catholiques qui embarquait pour Tel-Aviv ?

– Je n’ai pas dit ça ! Aucune odeur suspecte, mais ils avaient tous l’air particulièrement heureux. Ils étaient nombreux – 50, exactement – certains se connaissaient, d’autres pas, mais je les sentais proches les uns des autres. Je leur ai d’ailleurs dédié mon plus beau regard.

– A votre tour, les oiseaux. Vous voliez en formation à leur arrivée. Rien à signaler ?

– Au contraire ! Nous avons fait certaines observations. Nous les avons confrontées aux rapports de nos amis de Galilée, de Judée, de Samarie, moineaux, échassiers, corvidés, gallinacés. Ce groupe nous a paru remarquable. Ils se levaient aussi tôt que nous, parfois même avant nous. Ils marchaient sans se lasser, quel que soit le sol qu’ils foulaient. Ils nous écoutaient chanter avec bonheur et parlaient de nous avec les mots d’un livre que nous entendons souvent évoquer, mais sous des noms différents : Tora, Bible, Coran. Tous ceux qui se réclament de ces livres sont pleins de piété, mais ils semblent avancer sur des chemins qui ne se rencontrent jamais. Ils ne se voient pas. Vos pèlerins, ils ont commencé par entrer dans Césarée plus pacifiquement que ne l’avaient fait les croisés, dont certains pourtant étaient pleins de bons sentiments. Nous les avons retrouvés à l’entrée et à la sortie d’un très beau bâtiment que nous connaissons bien. Quand les visiteurs en sortent, souvent ils pleurent, pourtant, la sortie est ouverte sur un jardin qui donne foi et espoir. A l’intérieur ils regardent des films, des photos et des livres, ils écoutent des voix. Dehors, ils lisent les noms écrits aux pieds des arbres plantés là pour faire honneur aux Justes. Mais tout le monde est si grave à ce moment-là. C’est ce jour-là aussi qu’ils ont passé un long moment dans un musée impressionnant, même pour nous, consacré à un livre trouvé étrangement près d’une mer que nous n’aimons pas trop. Elle est morte. Nous ne comprenons pas vraiment pourquoi ils ont voulu absolument entrer dans cette eau si salée, sale et lourde, pas du tout attirante. Et ils glissaient, et ils tombaient… Notez, c’était drôle. Plus tard, les gallinacés ont apprécié qu’ils s’attardent dans leur église à eux, Saint-Pierre en Gallicante, où un coq a joué un rôle important.

– Vous, les chats, vous les avez vus dès le premier soir. Comment étaient-ils ?

– Certains nous caressaient – quand nous les laissions faire ! – et nous avions ensemble des conversations. Ils se parlaient entre eux, mais ils parlaient surtout à quelqu’un d’invisible. Ils lisaient des brochures, visiblement bien faites, des cadeaux sans doute de l’organisateur de leur voyage. Nous étions à chaque étape de leur pèlerinage. Nous avons vu leur groupe s’unir sans cesse d’avantage. Nous connaissons bien les lieux qui les accueillaient, hôtels mais surtout maisons religieuses, chambres et repas simples et chaleureux : nous les avions nous-mêmes choisis ! Ils n’auraient pu trouver mieux.

Et ils y ont rencontré des gens très, très forts :

  • le Père Shoufani, un homme de conviction et de partage, qui, au milieu des chrétiens de Nazareth, œuvre pour l’amitié entre tous ces gens qui croient au même Dieu mais qui ont du mal à vivre ensemble ;
  • Ibtisam Mo’allem, palestinienne chrétienne engagée dans les droits de l’homme ;
  • Marie-Armelle Beaulieu, franciscaine, journaliste française installée à Jérusalem depuis longtemps, au regard clair et perçant comme le nôtre, à la parole profonde, belle, et vraie.

– Petites tortues enfouies entre les arbustes des religieuses de Nazareth, vous n’avez évidemment rien vu ?

– Peu de choses, en effet, mais ils ont fait attention à nous, ils nous ont repérées, ce qui est rare. Il y avait avec eux Sophie, une jeune femme formidable, que nous connaissons bien : c’est son mari qui gère l’accueil des visiteurs là où nous vivons et nous voyons souvent son beau petit garçon, Rémi. Elle les a guidés avec enthousiasme, avec intelligence, elle est cultivée dans plusieurs domaines. Grâce à elle, leur voyage a été nourri de connaissances et d’histoires. Chez nous, à Nazareth, ils ont vu la petite maison où, dit-on, toute l’histoire a commencé

– Il y avait-il quelqu’un d’autre pour les accompagner, les enseigner, les soutenir ? Les lézards, vous avez la parole !

– Moi, je ressemble à un petit dragon, mais je n’ai rien à voir avec le diable ! J’ai été fasciné par le discours que leur a tenu, au Mont Thabor, celui qui leur parlait. Ils l’appelaient « monseigneur », ou parfois Jean-Luc, j’aime même entendu son nom, Hudsyn, il avait au cou une croix d’argent. Ils leur a parlé ce soir-là d’un événement extraordinaire. Celui dont ils suivaient les pas avaient fait là une apparition merveilleuse, avec deux personnages d’il y a très longtemps. Mais j’ai un ami, bien plus gros que moi, qui les a vus à un endroit particulier. C’est une montagne pleine d’oliviers. A l’endroit où il était, leur Jésus, celui qui avaient tant brillé chez moi, avait pleuré sur son pays. Et ils en étaient fort émus. Nous connaissons bien ces lieux que, comme beaucoup, nous appelons les lieux saints. Ils sont allés dans un endroit, le « Cénacle », un endroit où leur Jésus s’est donné à eux dans le pain et le vin, puis où il est revenu après sa résurrection – oui, à force de les entendre, j’y crois, moi aussi – et où ses amis ont reçu l’esprit qui les a envoyés pour porter son message dans le monde.

– Les poissons, vous avez quelque chose à ajouter ?

– Nous avons croisé leur bateau sur le lac de Tibériade. ils avaient l’air tellement heureux ! Ils chantaient, ils dansaient… Mais nous les avons vu surtout mettre leurs pieds dans l’eau du fleuve Jourdain, là où leur Jésus a été baptisé, disent-ils. D’ailleurs, d’autres croyants avançaient dans l’eau, et on leur en versait sur la tête. C’est un endroit magnifique. Nous sommes très fiers d’y nager. – Mais je vois là une drôle de petite fourrure qui se déplie et veut prendre la parole…

– Justement, je vis là, tout près du Jourdain. Je suis curieux de nature. Je me suis glissé près d’eux, sur une pierre, et j’ai vu qu’ils s’installaient. Je n’ai pas bougé. J’ai tout suivi. Il y avait l’homme à la croix d’argent, dont le lézard parlait, mais aussi un autre, Vincent, je crois, très grand, qui parle bien aussi. Deux autres portaient des robes blanches, j’ai bien écouté, on a dit que l’un, Alain, était diacre, et l’autre, Michel, était aussi au service, sacristain, c’est ça ? C’était beau ce qu’ils disaient, ce qu’ils faisaient. Il y en avait deux autres. Une femme, Angélique, et un homme, Luc. On m’a dit que lui aussi était diacre mais là, tous les deux, ils filmaient. Ils l’ont fait tout le temps, et ils posaient des questions aux gens. Ils en font un film. Je ne le verrai pas, dommage…

– Les moutons, vous n’avez rien à dire ?

– On s’est tenu tranquille : il y avait justement une fête, ces jours-là, où on risquait gros pour participer à un rite musulman. Mais nous les avons vu passer. On a aimé qu’ils célèbrent un de leurs offices chez nous, au champ des bergers. Ils étaient allés voir où leur Jésus était né, et, comme ce sont nos maîtres, les bergers, qui l’ont vu les premiers, ils sont venus dans notre champs. Les vaches, les ânes et les chameaux les ont vu passer aussi. Ils avaient l’air de vivre un temps exceptionnels, surtout quand ils ont bâti un autel et vécu une autre messe, au cœur du désert.

– Les mouches, arrêtez, vous m’agacez !

– Oui, oui, c’est exactement ce qu’on leur a fait ! ça nous amuse ! Ils avaient l’air si sérieux et si heureux à la fois pendant ce qu’ils appelaient leurs messes ! C’était trop drôle de les effleurer, de leur bourdonner à l’oreille, chez les maronites, à Ecce Homo où ils ont habité plusieurs jours, dans leur Via Dolorosa, où ils suivent les pas de leur homme-Dieu avec sa croix au milieu toutes les petites boutiques débordantes ! Un moment, ils ont dû apprendre quelque chose, ils sont devenus tristes, nous n’avons plus oser nous moquer d’eux. Mais il doit être très fort, leur Dieu, parce que leur Foi est restée, leur Espoir est revenu, leur Amour ne les a jamais quittés. Ils ont prié là où est mort leur Christ, là où il est ressuscité avant de repartir au Royaume des cieux. Ils ont demandé sa force et il l’a donnée.

– Qui veut dire quelque chose pour terminer ?

– Nous les nounours et toutes les peluches de l’Orphelinat des sœurs de Bethléem ! Ils sont passés près de nous après avoir entendu Soeur Elisabeth parler de nos petits amours, les enfants qui trouvent chez nous la maison que les hommes leur refusent. Ils ont échangé avec les petits des bisous, des sourires. Après, nous avons vu dans leurs yeux les larmes qu’ils essayaient de cacher. Nous, on fait ce qu’on peut pour adoucir le monde. Mais c’est à vous tous, ceux qui sont venus au Pays de Jésus, au pays trois fois saint, au pays de tous les espoirs et de toutes les souffrances, de tous les efforts et de toute la violence, et à vous tous qui croyez en un Dieu d’amour et de pardon, c’est à vous d’agir pour le salut du monde, et de prier. C’est écrit, chez nous à Bethléem, c’est chanté Paix sur terre aux hommes de bonne volonté.

Marie-Anne Clairembourg

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