La messe d’ouverture du Temps pour la Création s’est déroulée ce 3 septembre 2023 à l’église Saint-Médard de Jodoigne

Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes les créatures » (Saint François)

A l’invitation du pape François

Depuis quelques années, le pape François nous appelle à célébrer le Temps de la création. Durant cinq semaines (1) du 1^er septembre au 4 octobre, fête de Saint François d’Assise, nous sommes invités à rendre grâce pour la création, à nous émerveiller de sa beauté, mais aussi à réfléchir sur le soin que nous y apportons et à nous interroger sur la façon dont nous la préservons.

C’est une écologie intégrale que nous propose le pape François : le soin porté à la nature ne va pas sans l’attention portée à nous-mêmes et à nos frères et sœurs, à notre prochain, qu’il soit un collègue, un ami, un membre de notre famille, une simple personne croisée en chemin, que ce soit un sans-abri au        coin d’une rue comme une personne malade de notre village…

Aussi le thème de ce mois de la création est-il cette année « que la justice et la paix se répandent », thème inspiré du prophète Amos (5,24) (2). Et ce sont les chrétiens du monde entier qui se réunissent dans cette prière du Temps de la création : plus de deux milliards de chrétiens, catholiques, orthodoxes, protestants, prient tous ensemble pour notre Maison commune et pensent à la façon de la préserver…..

Une célébration présidée par Mgr Jean-Luc Hudsyn

En Brabant Wallon, nous avons ouvert ce Temps de la création par une célébration présidée par Monseigneur Hudsyn, le 3 septembre, à Jodoigne. Toutes les Unités Pastorales étaient présentes ou représentées dans cette belle célébration riche de symboles et d’espérance. C’est une Église vivante, priante, unie et joyeuse qui est ainsi entrée dans ce mois de louange et d’action de grâce.

Profusion de la nature pour la procession d’entrée

Lors de la procession d’entrée, les enfants tiennent au bout d’une branche, un poisson ou un coq, un champignon ou un oiseau, ou encore un petit chat. A leur suite, d’autres portent des lumignons, des brocs d’eau, un panier rempli de la terre de nos campagnes et enfin notre grande planète, une belle terre bleue et verdoyante.

Au fil de la lecture de la Création issue du livre de la Genèse, les enfants conduisent la lumière à l’autel, versent l’eau, déposent la terre et accrochent les animaux aux pilastres du chœur de l’église Saint Médard. Toute la création est ainsi rassemblée symboliquement pour commencer la célébration : « Que le Seigneur se réjouisse de ses œuvres » .

Des textes interpelant

Ensuite, la liturgie de la Parole débute par la lecture d’un extrait de l’encyclique Laudato Si. Puis le psaume de la création entraîne toute l’assemblée dans la louange, soutenue par une chorale qui réunit les chanteurs des Unités Pastorales de Jodoigne, d’Huppaye, de Ramillies, de Nethen, sous la direction du diacre Luc Tielemans.

Après la lecture de la lettre de saint Paul aux Romains et l’évangile du jour, Monseigneur Hudsyn nous rappelle dans l’homélie les enjeux de ce temps de la création. Il ne s’agit nullement d’une injonction de l’Église à « faire ceci » ou « faire cela » sur un modèle moralisant qui n’a pas lieu d’être, mais de prendre soin, non pas seulement de la nature mais aussi de notre personne dans sa globalité.

Un appel à une prise de conscience

Nous ne sommes pas des êtres isolés, mais nous appartenons au monde créé. Nous sommes appelés à vivre reliés : à Dieu, aux autres et à la Création toute entière. Dégrader la terre est un crime contre la nature, mais aussi contre nous-mêmes et contre Dieu, comme le dit le patriarche Bartholomée de Constantinople.

C’est donc une prise de conscience que l’Église propose, prise de conscience de cette communion de tout être avec la nature et ses semblables, et donc comme chrétiens, nous sommes responsables de cette maison mais aussi de notre prochain. Nous ne pouvons prendre soin de notre terre sans prendre soin des autres et combattre l’injustice ou la pauvreté.

« Mais que le droit jaillisse comme une source ; la justice, comme un torrent qui ne tarit jamais ! » dit le prophète Amos. Tout est lié :  Laudato si ne va pas sans Fratelli tutti. On ne peut combattre la désertification des sols sans combattre aussi la désertification de nos propres cœurs et de nos sociétés.

En mission

Et nous avons une mission : Dieu nous a confié ce monde, c’est le présent d’un Dieu qui nous fait une immense confiance en nous demandant de cultiver la terre et de la garder, non de l’exploiter et de l’épuiser. Y prélever ce qui nécessaire à chacun et à tous, sans léser personne c’est aussi cultiver la justice et la paix.

Il s’agit donc de retrouver cette mission humaine de bons gestionnaires, de bons intendants, en prenant soin de cette Création comme d’un cadeau pour que tous puissent en profiter, les plus pauvres, les plus démunis, mais aussi les générations à venir. Que nous puissions transmettre ce don que nous avons reçu et s’en émerveiller : cultivons l’art de la gratitude…

C’est aussi et ce sera un combat. Faire triompher la Vie, c’est aussi porter sa croix à la suite de Jésus. Mais Il sera toujours à nos côtés, du côté de l’engagement, de la solidarité, de l’Espérance. C’est son regard sur la nature et sur les autres que le Seigneur veut nous partager, Lui qui parlait si bien des fleurs des champs et des oiseaux du Ciel….

Avec les enfants, avec les fruits de la terre et du travail des hommes

 

Après l’homélie de Monseigneur Hudsyn si pleine d’Espérance et de joie, les enfants rejoignent l’assemblée : ils ont eu une liturgie de la parole adaptée avec le diacre Vincent Kervyn, cheville ouvrière de cette célébration avec Alice Vryghem, animatrice pastorale de Jodoigne.

Et après les intentions qu’ont rédigées des représentants de différentes Unités Pastorales, les enfants amènent les « fruits de la terre et du travail des hommes. »  De magnifiques soleils viennent orner l’autel, des gerbes de blé et des paniers de raisins mûrs sont placés à ses pieds.

L’église entière rayonne de la beauté de cette création et du travail des hommes : dans les murs de Saint Médard, vieux de plus de 900 ans, enfants, jeunes ou vieux, simples laïcs ou évêque, tous, nous partageons la louange des siècles.

Liturgie eucharistique

Et la célébration se poursuit avec la liturgie eucharistique. Pour notre assemblée de fidèles, voir tant de prêtres réunit autour de l’autel reste une grande joie : tous ensemble, avec nos chants et nos prières, nous sommes tournés vers l’Unique.

Après la communion, les enfants apportent de jeunes plants de figuiers. Les représentants de chacune des Unités Pastorales du Brabant wallon sont invités tour à tour à recevoir cet arbrisseau de l’enfant qui le lui offre. En prendre soin dans son Unité Pastorale sera le signe concret de son engagement vers une écologie intégrale.

Le figuier est aussi un arbre biblique riche de symbole : n’est-ce pas sous un figuier que Nathanaël a été vu par Jésus (3) ? Ce dernier ne nous demande-t-il pas aussi de veiller à la bonne croissance de notre vie et d’arracher ce qui en nous ne porte pas de fruits, comme il l’a fait du figuier stérile (4) ?

Et ainsi se clôt, par une bénédiction et un chant d’envoi, cette messe d’ouverture du temps de la création…

 

Et ce n’est pas tout!

Le soleil luit dehors, les chrétiens se rassemblent et l’Église de Belgique poursuivra la fête cet après-midi du 3 septembre avec l’ordination épiscopale de notre nouvel archevêque Luc Terlinden. Oui, la joie et l’action de grâce étaient bien présentes ce dimanche à Jodoigne et dans le cœur de tous les chrétiens de Belgique et du monde ! 

 

Brigitte Van Wymeersch et Xavier Gonze

 

Pour aller plus loin

• Homélie Jodoigne Le temps de la création 22ème dim A 230903
• Retrouvez ici toutes les photos de la célébration
• Revivez la messe d’ouverture du Temps pour la Création dans ce podcast

 

1 L’initiative du pape François rejoint celle des Églises orthodoxes qui lors d’un rassemblement œcuménique en Roumanie en 2007, ont proposé un « temps de la création », du 1^er septembre au 4 octobre.

2 « Mais que le droit jaillisse comme une source ; la justice, comme un torrent qui ne tarit jamais ! » (Amos, 5,24)

3 Jean 1, 48.

4 Luc, 13, 6 -9 ; Matthieu 21, 19-21 ; Marc 11, 13, 20-21