Le Service de Documentation regorge de trésors… Je souhaiterais vous en partager quelques-uns au gré de mes découvertes. Ici, c’est le cri d’une maman que nous écoutons. Elle voit son univers basculer en ce jour de Pentecôte 2019 où on lui annonce la mort de son fils adopté, Yann.
« Le meilleur chemin »
« Moi qui avais passé ma vie à chercher le meilleur chemin, à vouloir choisir le meilleur groupe, le meilleur environnement pour être sûre de na pas me tromper, voilà que l’apprenais qu’au fond, il n’y en avait pas. Moi qui avais passé ma vie à lire, à observer, je me rendais compte que finalement le meilleur chemin était… le mien. Celui qui m’avait été donné depuis ma naissance, celui sur lequel je marchais, tombais, courais, sautais, claudiquais parfois ou même m’arrêtais. Ce chemin-là était unique, conçu spécialement pour moi, adapté à ma personnalité. Chaque événement qui survenait était celui qu’il me fallait pour pouvoir donner ou non le meilleur de moi-même. Chaque personne rencontrée était exactement celle qui allait me permettre de progresser ou non, selon un choix qui n’appartenait qu’à moi. Qu’il n’y avait pas de situation privilégiée, car la vie elle-même, telle qu’elle se déroule est un privilège pour celui à qui elle est donnée.
Je vis soudain ma vie se dérouler sous mes yeux avec une nouvelle lucidité, toutes ces occasions que je n’avais pas vraiment su saisir, mais aussi, et surtout, toutes celles qui étaient encore à ma portée et que j’allais pouvoir vivre d’une nouvelle manière, transfigurée. C’est dans cet esprit que j’avais pu écrire Tu es la meilleure mère du monde.
Et puis il y avait eu cette nouvelle !
Je n’imaginais pas à quel point j’allais expérimenter la plus douloureuse des épreuves. Il me sembla alors que rien de ce que m’avait soufflé Anna ne prenait plus sens dans cette annonce qu’on me ferait un lundi matin de Pentecôte : « Votre fils s’est suicidé. »
Je tomberais sur le bord du chemin, comme les Apôtres le vendredi saint devant la croix, parce que tout semblait le manifester : finalement, c’est la prédation et la haine qui ont gagné. Mais je me tromperais encore : mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Eternel. (Is 55, 8)
Je n’en finirais pas de l’apprendre… »
Cet extrait est tiré du livre Maman tu pardonnes toujours d’Isabelle Laurent (Ed. Artège, Paris, 2022, pp.198-199).
Quel magnifique chemin emprunté par Isabelle Laurent au fil des pages de ce livre ! L’auteur, à la recherche de la vérité sur le suicide de son fils, va finalement choisir le chemin du pardon : pardon à soi-même pour n’avoir pas su voir et empêcher cette tragédie, et pardon envers tous ceux qui ont pu être à l’origine de celle-ci. Et ces mots d’un billet doux glissé sous l’oreiller par son petit Yann résonnent d’une saveur nouvelle : « Maman, tu m’aides, parce que toi, tu pardonnes toujours… »
Venez découvrir ce très beau témoignage au Service de Documentation !
Nous sommes ouverts jusqu’au 19 juillet, ce qui vous laisse le temps de choisir de belles lectures pour ces vacances… Et nous nous retrouverons pour une nouvelle pépite début septembre !
Véronique Van De Walle,
Responsable du Service de Documentation