Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

Église catholique en Brabant wallon

 

Être missionnaire, c’est être fraternel !

Le thème de la fraternité a été au centre des récollections de Carême adressées aux prêtres le 18 février 2021 et aux animateurs et animatrices en pastorale le 2 mars 2021. Mgr Jean-Luc Hudsyn a articulé son intervention, par zoom, autour de trois temps : la fraternité dans le temps, la fraternité dans la Bible, ses implications dans les missions de chacune et chacun. Ces récollections qui ont commencé en début de matinée se sont clôturés l’après-midi, par une lectio divina. Les prêtres l’ont vécue en doyenné ou en Unité pastorale, et les animateurs en pastorale l’ont vécue à distance.

La fraternité à travers le temps

S’inspirant de Fratelli tutti, Mgr Hudsyn a revisité les premiers siècles du christianisme où la fraternité est comme « un idéal de vie ». Différente d’une amitié, elle se vit à cette époque au sein des monastères ou des communautés. Au Moyen-Âge, la fraternité prend la connotation d’une solidarité sociale qui se manifeste vis-à-vis des « malades considérés comme des frères ».

Au 18e siècle, la fraternité devient plus qu’un sentiment. Elle est une façon d’organiser l’Église, d’appartenir à une famille et de dire son enracinement dans le Christ. Le tout débouchant sur une prise en considération du monde présent à transformer.

Au moment de la Révolution, la fraternité s’écarte de toute portée sentimentale. Elle revêt l’aspect d’un combat social. Se profile à cette époque une confrontation entre la classe dominée et la classe dominante. Cette conception impacte tous les domaines où les rapports sociaux se structurent autour des intérêts. C’est le cas de la fraternité dans les entreprises ou de l’instauration de la journée de la fraternité de l’ONU.

La portée biblique

Lien de sang, hommes d’une même famille, la fraternité a de prime abord une indication de proximité familiale. Progressivement, elle dépasse ce cadre pour se hisser au niveau du « vivre ensemble ». À ce titre, l’Exode constitue un moment d’expérimentation de la fraternité. Israël entre en dialogue avec Dieu. Ici la fraternité se fonde sur un Dieu Père de tous les hommes, en tant qu’ils sont créatures d’un seul Dieu. En conséquence, Dieu confie les hommes les uns aux autres. Et au cœur de l’Ancien testament, Gn2 et la question de Dieu à Caïn a une valeur centrale : Qu’as-tu fait de ton frère ? Le péché se révèle comme quelque chose qui met à mal la fraternité. Mgr Hudsyn de relever qu’il y a quelque chose en nous qui résiste à la fraternité et qui fait de cette dernière un lieu de combat spirituel. C’est la raison pour laquelle notre évêque a insisté sur le fait que la fraternité est une réalité à créer. Elle est un travail de libération. Sans elle, nous sommes comme des errants qui sont loin des autres et loin d’eux-mêmes.

Jésus, dans son enseignement, ne fait que confirmer cette dimension sociale de la fraternité. Que ce soit dans l‘exemple de la salutation (Mt.5, 45) ou de la correction fraternelle (Mt. 5,23).

Chemins pour aujourd’hui

Travailler pour la fraternité peut emprunter plusieurs chemins. Pour Mgr Jean-Luc Hudsyn, un de ces chemins est la réactivation de l’idée du « frère comme sacrement ». L’Évangile est Bonne nouvelle dès l’instant où nous prenons nos frères comme centre de nos intérêts. Ceci dans un accueil bienveillant, dans une hospitalité et une attention qui mettent le frère comme objet de notre prière. Selon lui, il s’agit de mettre en Dieu la vie des frères. Adopter le regard de Dieu sur eux. Au final, tout cela ouvre à une fraternité qui est gratuité. Une fraternité qui ne recherche pas la performance, mais une fraternité où le « berger avance au rythme des brebis qui allaitent ».

Bouquet de citations ou réflexions

Les animateurs en pastorale ont eu un temps de partage après la méditation de l’évêque et le moment de prière personnelle. Voici le « bouquet de ce partage » :

  • « Le passage à l’acte pour vivre à la fraternité, une conversion » : se laisser transformer par nos rencontres : saint François d’Assise s’est laissé transformer en embrassant un lépreux, rappelait Mgr Hudsyn. L’annonce de la foi commence par la fraternité au quotidien : l’écoute de l’autre, la proximité du voisinage, faire signe, sonner à la porte.
  • Fraternité avec tous et non seulement ceux qui me sont proches. La parole « aimez vos ennemis » invite à se rappeler que nos ennemis sont enfants du même Père que moi.
  • Différence entre solidarité et fraternité (plus universelle que solidarité).
  • Pensez la fraternité, dans la vie de tous les jours, en rapport avec le récit de la Création, « ne pas manger les fruits de l’arbre qui est au centre du jardin ». Se mettre au centre casse l’équilibre. Écouter les autres et pas seulement soi-même.
  • Engendrer l’autre à lui- même, faire émerger la liberté de l’autre demande de se décentrer.
  • Mettre de la fraternité autour de soi, c’est un ministère. Comment développer cette fraternité dans nos paroisses ?
  • Mettre tous ces visages dans notre prière du soir.
  • Réconciliation avec l’histoire de l’Église en entendant tous les lieux d’accueil qui se sont créés pour les malades.
  • La voix du sang (Caïn et Abel) : la non-fraternité est un cri vers Dieu.
  • « Le Verbe s’est fait frère » (Christian de Chargé) : comment faire pour que je voie le « terroriste » qui est devant moi frère et terroriste ?

Après ce bouquet partagé et la prière du milieu du jour, les animateurs en pastorale se sont retrouvés l’après-midi en petits groupes pour une lectio divina sur la parabole du Bon Samaritain. Pour vivre une telle lectio en groupe, vous pouvez lire cet article du service formation qui a organisé la journée.

Alfred Malanda et Elisabeth Dehorter


Illustration : peinture de Maximilien Luce, Le bon Samaritain – Christie – Public Domain