
Mgr Jean-Luc Hudsyn a célébré la messe d’entrée en carême à la prison d’Ittre ce mardi 28 février 2017. Il en célèbre trois à quatre fois par an en prison dans le Brabant wallon. Il nous partage les fruits de ses rencontres.
Comme tout évêque, Mgr Hudsyn est aussi évêque pour les prisons de son territoire, comme il l’est pour les communautés paroissiales, religieuses, communautés nouvelles et aumôneries d’hôpitaux. En rejoignant les messes célébrées dans les prisons, il soutient les aumôniers, les membres de l’équipe d’aumônerie et les personnes détenues. La première fois qu’il a célébré la messe en prison comme évêque, il leur a d’ailleurs dit : « vous êtes ma 171ème paroisse ».
La messe hebdomadaire de la prison rassemble un groupe de fidèles réguliers, chrétiens depuis longtemps, d’autres qui s’interrogent sur leur foi dont certains demandent le baptême ou la confirmation. C’est particulièrement vrai dans les prisons de longue durée où, avec les équipes d’aumônerie, ils ont fait un cheminement important. Quelques-uns demandent à rencontrer l’évêque avant ou après la messe. Mgr Hudsyn est marqué par leurs blessures liées au mal qu’ils ont commis, et par les questions sur leur avenir comme il nous l’a confié :
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Venu célébrer l’entrée en carême ce mardi, Mgr Hudsyn a médité sur le carême comme renouvellement du baptême : « Cette année-ci, je voudrais appuyer sur le fait que le carême c’est renouveler son baptême et une vie de baptisé c’est-à-dire : comment mieux aimer Dieu, comment mieux aimer son prochain, et comment mieux s’aimer soi-même ? Au sens de comment vis-à vis de soi retrouver de la confiance, de l’espérance. Je crois qu’accueillir le pardon de Dieu c’est aussi s’aimer soi-même, accompagné de l’amour du prochain. Je les ai invités à bien investir dans cette rencontre avec Dieu, qui pour eux est souvent bien importante, dans la mesure où c’est un Dieu qui interpelle, qui fait confiance »
Ce mardi, des étudiants du site universitaire de Louvain-la-Neuve sont venus animer la messe, comme chaque mardi. Mgr Hudsyn souligne l’importance de cette présence « extérieure », afin que le monde de la prison ne soit pas un lieu totalement à part. Il nous explique l’intérêt de célébrer ainsi des messes prison :
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Marie, étudiante à l’UCL a ainsi participé à l’animation de plusieurs messes hebdomadaires avec une dizaine d’étudiants, elle a accepté de nous partager son expérience :
Quelles ont été tes impressions la première fois que tu es allée à la messe ?
La première fois que je suis allée en prison, j’étais surprise car je m’étais faite de fausses idées. Les détenus sont très priants, ils portent vraiment dans la prière. Lors des intentions libres de la prière universelle, j’ai été surprise par le fait qu’ils prient pour des amis qu’ils ont en prison, en s’appelant frère, en confiant par exemple un membre de leur famille…Quand je prie, je prie pour moi ou ma famille, mais eux, dans ces conditions là, ils arrivent à prier pour d’autres. J’ai trouvé ça incroyable. Quand nous arrivons, ils nous tendent tout de suite la main pour dire bonjour. Nous quand on va à la messe habituellement, on dit bonjour à nos amis, à ceux que l’on connaît. Je reviens surtout ici car ils me portent dans la prière…
As tu le temps d’échanger avec eux ?
Oui, un peu après la messe, on rit beaucoup ! Certains sont dans la chorale : c’est l’occasion de les rencontrer en donnant les partitions, en répétant ensemble vingt minutes avant le début de la messe. Après la messe ils parlent des chants qu’ils ont aimés.
Pourquoi est-ce important d’y aller ?
Au début, j’y allais pour eux, car je me disais que c’était important qu’ils voient des jeunes se déplacer pour eux, que cela devait leur faire du bien. Maintenant c’est plus pour moi, ils m’aident vraiment à prier ; cela me fait du bien, ils me donnent la pêche, certains sourient tout le temps, ça me rend heureuse, même si cela ne m’empêche pas de me demander ce qu’ils ont fait…
Elisabeth Dehorter