
Ce dimanche 06 novembre 2016, Mgr Hudsyn a célébré l’eucharistie du Jubilé des détenus en communion avec la célébration présidée par le Pape à Rome le matin.
Une quarantaine de détenus étaient présents ainsi que toute l’équipe d’aumônerie
D’anciens étudiants -chanteurs et musiciens- de l’UCL ont assuré la chorale.
L’homélie détaille ce que les détenus ont vécu comme démarches diverses pendant cette année jubilaire de la miséricorde.
Les détenus avaient préparé l’introduction, la prière pénitentielle et, à la prière universelle, les intentions étaient spontanées.
La célébration s’est terminée par le rite de clôture prévu pour la célébration de la clôture de l’année sainte et par la prière du jubilé dite ensemble.
Vous trouverez ci-dessous et dans ce document lié le texte de l’homélie de Mgr Hudsyn
Les lectures d’aujourd’hui nous parlent de la résurrection. Cela a tout son sens : c’est ce que produit la miséricorde : elle redonne vie !
D’abord quelques mots sur les lectures.
La première lecture nous rappelle ce temps où le peuple d’Israël a compris quelque chose de très important, de très nouveau. Jusque-là on croyait que Dieu n’abandonnerait pas son peuple. Qu’il finirait par le sauver envers et contre tout de tous les malheurs de l’histoire. Mais on ne se posait pas trop la question de savoir si chaque personne individuelle connaîtrait la résurrection.
Puis – au IIème siècle avt J-C – il y a eu une grande persécution. On s’est mis à s’interroger : ces personnes qui ont témoigné de leur foi et qui ont été persécutées, qui sont mortes martyrs… que vont-elles devenir ? Dieu n’abandonnera pas son peuple… d’accord ! Mais s’il est vraiment Dieu peut-il abandonner chacun de ces croyants qui lui ont été fidèles jusqu’à lui donner leur vie ?
On va comprendre que si Dieu nous a créés chacun, comment pourrait-il ne pas se soucier de chacun de nous, même au-delà de la mort. Si notre Dieu est amour, bonté, miséricorde… alors face à la mort, il ne peut nous abandonner : il nous prendra près de lui, nous et ceux qui nous ont quittés.
C’est ce que croyait Jésus. Quand il dit que nous serons « comme des anges » : il veut dire que nous serons dans une réalité autre… qu’il ne faut donc pas être simpliste quand nous essayons d’imaginer ce que veut dire « être au ciel »…
Mais il y a une chose qu’il faut ajouter et qui est très importante dans l’Evangile : pour Jésus, le Royaume de Dieu, la vie éternelle, la résurrection, cela n’est pas seulement à-venir : la résurrection, la vie éternelle, cela commence déjà maintenant. Les Evangiles montrent bien que quand Jésus passe quelque part, il sème déjà de la résurrection : il relance la vie, il met des gens debout.
Pourquoi ? Parce qu’il semait autour de lui cette réalité que nous avons approfondie durant cette année du Jubilé : il semait de « la miséricorde ». Il semait autour de lui cette bienveillance, cette amitié, ce regard positif, encourageant qui est celui de Dieu.
Car qu’est-ce qui peut déjà maintenant nous ressusciter, nous relever, re-susciter en nous de la vie, de l’espérance ? Est-ce que ce n’est pas quand nous faisons l’expérience de ce que S. Paul vient d’évoquer : quand nous expérimentons quelque chose de « cet amour dont Dieu nous a aimés ». Qu’est-ce qui peut comme nous ressusciter déjà ici-bas ? Qu’est-ce qui peut nous redonner le goût de vivre, ou le courage de vivre ? sinon de pouvoir rencontrer des gens qui nous entourent de cet amour, de ce respect, de cette écoute bienveillante, de cette miséricorde qui – comme dit aussi S. Paul – apporte du réconfort à nos cœurs et nous affermit. Nous rend plus solides.
Grace à cette année du Jubilé de la miséricorde, vous avez approfondi cette Bonne Nouvelle qu’annonce Jésus : Dieu est le Dieu des vivants parce qu’il est miséricordieux. Et les miracles qu’opère la miséricorde c’est qu’elle re-donne de la vie, elle redonne confiance, elle redonne espoir. Vous le savez bien.
Alors, nous allons rendre grâce à Dieu pour tout ce que nous avons découvert ou redécouvert durant cette année qui va se clôturer… mais qui va continuer dans nos cœurs.
Nous allons dire merci au Seigneur pour tout ce que vous avez vécu dans le groupe de prière : où vous vous êtes laissés imprégner par la prière du Jubilé, où vous avez prié le chapelet de la miséricorde, où vous avez découvert la vie de différents saints qui ont osé croire en cette bonté de Dieu.
Nous allons rendre grâce pour les moments de prière et de médiation que vous avez vécus aussi dans votre cellule : en faisant de vos cellules, des oratoires, des temples de la présence de Dieu.
Nous allons rendre grâce pour ce que vous avez vécu dans le sacrement de réconciliation, le sacrement des malades, en passant aussi la porte sainte de vos cellules, sans oublier les baptêmes et les confirmations, les premières eucharisties de certains d’entre vous.
Nous allons rendre grâce pour tous les gestes de miséricorde, d’amitié, de solidarité, de réconciliation que vous avez posés ; ceux que d’autres ont posé envers vous et qui vous ont injectés de la vie, de la force !
Nous allons rendre grâce pour ce Pape qui a eu cette bonne idée ! pour ceux et celles qui vous ont aidés à vivre cette sorte de retraite d’un an sur la miséricorde.
S. Paul nous fait aussi cette demande : que « la parole du Seigneur puisse poursuivre sa course ». Cette miséricorde de Dieu que nous avons méditée, célébrée, vécue ici… que le Seigneur nous donne de la mettre en pratique. Le Seigneur nous invite à avoir de la miséricorde et du pardon nous aussi dans notre cœur – pour être avec Lui des semeurs de vie dans les petites choses de notre quotidien.
A la fin de la 2ème lecture, c’est à chacun de nous que S. Paul continue de dire ces belles paroles – je le cite : Le Seigneur est fidèle. Il vous affermira, il vous protègera du Mal. Et il ajoute (et moi avec lui) : Nous avons toute confiance en vous… Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l’amour de Dieu ! »
Croyons-le : le Seigneur nous regarde avec miséricorde. Soyons donc nous aussi miséricordieux.
+ Jean-Luc Hudsyn