Église catholique en Brabant wallon

Archidiocèse de Malines-Bruxelles (Belgique)

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Belle fête des mères – La pépite du mois

Ce dimanche, nous fêtons nos mamans ! Et si le moment était venu de les chérir pout tout ce chemin parcouru à leur côté depuis notre naissance ? Car ce chemin, constitué de tant de moments partagés, aura un jour une fin. D’en être conscient donne encore plus de valeur au présent. Ecoutons le témoignage d’un fils unique qui a vécu la mort de sa mère et s’interroge sur le sens de la vie humaine et de sa finitude

« La mort a-t-elle un sens ?»

« Cela fait un an que ma mère est morte et que s’est provisoirement achevée la litanie des trépas. Un an que j’ai laissé ce livre en jachère, comme une terre trop labourée qu’il faut laisser reposer, le temps du fameux « travail de deuil ».

Depuis sa disparition, mon rapport au temps a changé. Les instants se sont enrichis d’une conscience nouvelle : la conscience intime que la mort est l’issue de notre existence, qu’elle fait partie du chemin. Le présent en est depuis alourdi, comme du plomb qui ne demandait qu’à être changé en or. […]

J’ai suspendu l’écriture de ce livre car le manque était si fort qu’il imposait de prendre de la distance. Le voyage que j’ai vécu aux côtés de ma mère pendant ces six années a été à la fois indispensable et douloureux. Elle souffrait et je l’aimais. Il me fallait du temps pour accepter sa disparition. J’espérais que cette nouvelle étape m’aiderait à dessiner une vision positive de la mort. Hélas je ne suis pas sûr qu’il y en ait une ; au mieux chacun rencontre la sienne. Pour ma part, je n’ai trouvé dans ce deuil que des morceaux de réponses comme des bouts de bois flottant épars dans un océan de solitude. Ils m’ont permis de me maintenir à flot jusqu’au rivage. Je les livre ici tels qu’ils se sont présentés, comme autant de pistes de réflexion pour ceux qui affrontent la maladie et la mort.

Tout au long de ce chemin initiatique que j’ai vécu aux côtés de ma mère, j’imaginais que sa mort m’apporterait une clé. Juste après son départ, j’étais dans l’attente impatiente d’une révélation, j’étais pressé. Mais rien ne venait, alors j’ai fini par lâcher prise. Et peu à peu une nouvelle perception du temps s’est imposée.

L’agitation et l’hyperactivité qui m’habitaient avant et pendant la maladie de ma mère sont totalement retombées. Je réalise que cette angoisse de la mort, cette anxiété compulsive que j’attribuais au monde, c’est aussi moi qui la vivais.

La vie est désormais plus calme, plus méditative ; plus silencieuse aussi.

Je prends soudain conscience, comme un coureur de marathon découvrant le stade après avoir passé la ligne d’arrivée, combien ma vie a changé en quelques années. Je suis passé, acteur ou jouet des circonstances, de l’existence clinquante, frénétique et lunaire de la haute finance, à la banalité émérite du professorat et à l’écriture. Je n’avais rien fondé, j’ai fondé une famille, pris le temps pour ma fille. Je croyais dans le système, je n’y crois plus beaucoup.

La mort nous précipite dans le changement, le rend nécessaire, vital aussi. Elle modifie notre perception du temps, relativise, hiérarchise, remet de l’ordre dans le chaos de nos existences.

Peut-être a-t-elle un sens. »

Cet extrait est tiré du livre Maman mourra un jour de Gilles Vernet (Ed. Carnets Nord, Paris, 2017, pp.205-207).

L’auteur de ce récit, Gilles Vernet, a vécu une véritable conversion au moment où il apprend que sa maman souffre d’une maladie dégénérative. Ancien trader, il devient professeur dans l’enseignement primaire, écrivain et réalisateur. Mais surtout, il prend désormais le temps de vivre l’instant présent aux côtés de son épouse et de sa fille. Je vous invite à voir dans ce livre tellement triste un hymne à l’amour et la tendresse, aux petits bonheurs du quotidien, à l’irrépressible envie de vivre !

Venez découvrir du même auteur à la Bibliothèque du Vicariat le livre Tout l’or du monde : comment enseigner a donné du sens à ma vie et le documentaire Tout s’accélère : paroles d’enfants sur un monde qui va trop vite.

Belles lectures et belle fête aux mamans ! 

Véronique